29 septembre 2016

[F. Louis-Marie, osb - Abbaye du Barroux] Faites des disciples

SOURCE  - Abbaye du Barroux – septembre 2016

Il y a quelques mois, j’étais invité par un député à une table ronde sur la défense de la vie dans le cadre de l’Assemblée nationale. Il m’était demandé de dire tout simplement aux participants ce qu’il fallait faire selon mon expérience d’abbé bénédictin. Je vous avoue que, sur le moment, je suis resté sans voix et que j’ai laissé un de nos théologiens prendre la parole sur l’enseignement de l’Église en matière de législation sur la vie. En écoutant les divers intervenants, je me suis rendu compte qu’ils savaient tous beaucoup mieux que moi ce qu’il fallait faire. Et devant tant de courage et de lucidité, je me suis réjoui de ces signes d’espérance et aussi d’être entré au monastère car, là, je peux prier pour cette armée pacifique qui, comme Gédéon, se bat à un contre mille.

Un moine me disait qu’il était certainement plus utile dans le cloître à écrire la grande histoire du pays en chantant les psaumes de tout son cœur, car jamais il n’aurait eu l’imagination et la science qui se sont manifestées lors de cette rencontre. Je peux dire maintenant avec conviction que la meilleure façon de sauver les âmes et de redonner vie à notre pays euthanasié est de se consacrer à la prière par toute sa vie dans un monastère et de remplir les séminaires de futurs prêtres. Et je suis sûr que les 3 millions de manifestants de la Manif pour Tous n’ont pas tellement effrayé nos technocrates de mort, mais que si seulement 0,1 % étaient entrés dans des monastères ou des séminaires, il y aurait eu alors un choc et une grande inquiétude pour les méchants, et une grande espérance pour la vie.

Mais que peuvent donc faire les défenseurs de la vie contre la culture de mort ? La réponse est contenue tout entière dans la personne et l’exemple de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Tous ceux qui ont changé le cours de l’histoire dans le sens de la vie ont imité Jésus-Christ : saint François d’Assise, saint Louis, sainte Jeanne d’Arc. Et qu’a-t-il fait ? Il a prêché : c’est ce que font de nombreuses personnes par l’éducation affective et des sites Internet. Il a guéri des malades et ressuscité des morts : c’est ce que font de nombreuses associations comme Mère de Miséricorde. Il a subi les assauts des pharisiens, les docteurs de la Loi, et Il a essayé de les convaincre : c’est ce que fait un député du Sud, un homme très courageux qui n’hésite pas à faire des propositions de loi. Jésus a prié : c’est ce que font les familles et les moines. Nous savons bien ce qu’il faut faire.

Mais nous oublions trop souvent que Jésus, dès le début de sa vie publique, a commencé par grouper autour de lui des disciples, au début 5 puis jusqu’à 12. Il les a instruits, Il leur a montré l’exemple en vivant avec eux, Il les a envoyés pour des missions ponctuelles. Après sa résurrection, Il est encore resté avec eux 40 jours. Il s’est présenté comme un père pour ses disciples : « Je ne vous laisse pas orphelins. » Il a désigné le chef des apôtres en la personne de Pierre. Et Il leur a donné son Esprit.

Les personnes consacrées au combat contre la mort et pour la vie ne doivent pas oublier de faire des disciples. Elles ne manquent pas de collaborateurs, d’attachés de presse, d’attachés parlementaires, d’aides en tout genre. Mais ont-elles des disciples ? Avoir des disciples, c’est être père, c’est exercer la paternité morale, politique, spirituelle. La Révolution française a tué le père, ressuscitons-le.