8 novembre 2015

[Abbé Philippe Bourrat, fsspx - Lettre aux Amis et Bienfaiteurs de l'ADEC] Nouvelles des écoles de la Tradition

SOURCE - Abbé Philippe Bourrat, fsspx - Lettre aux Amis et Bienfaiteurs de l'ADEC - Novembre 2015
Chers amis et bienfaiteurs

Les atteintes portées à la nature individuelle ou sociale de l'homme sont autant d'insultes et d'impiétés contre Dieu son Créateur et souve-rain Maître. Dès le commencement, Dieu a surélevé de façon gratuite la nature de l'homme en l'appelant à une connaissance et un amour sur-naturels de Lui-même, qui rendent possible une participation à la vie intime de la Sainte Trinité. Depuis la Rédemption, l'homme est invité à être uni à Dieu par l'intermédiaire de Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, dont l'incarnation rédemp-trice a rendu possible la restauration du plan divin. D'où l'omniprésence, dans la Révélation, de l'image du lien nuptial qui unit Dieu à son peuple et qui annonce pour l'Eglise la vie à laquelle l'homme se trouve appelé par Dieu et avec Dieu à des noces éternelles.

Mais dès l'origine, le péché d'Adam et Eve et, encore aujourd'hui, la révolte des ennemis de l'Eglise catholique s'opposent orgueilleusement à ce plan d'amour qui suppose en retour l'obéissance et la soumission à l'ordre qui émane de la Sagesse divine. Cet esprit d'indépendance, tout comme le péché mortel, constitue un divorce d'avec Dieu.

Dieu est certes plus puissant que le mal de ses créatures. Le Roi invite toujours aux noces éternelles, même si les invités décli-nent son offre. Ceux-ci refusent de se reconnaître créatures dé-pendantes et tentent toujours de se passer de Dieu, lui préférant des veaux d'or ou le culte de leur propre corps. Jésus-Christ, qui est pourtant l'unique Voie, la Vérité et la Vie, se trouve ainsi écarté de la vie sociale, de l'école, de la législation et, finalement, du coeur de l'homme. Le divin Epoux n'est plus l'objet d'amour de l'âme humaine son épouse. Le Verbe qui s'est fait homme pour re-lever l'humanité déchue n'est pas reçu par les siens. Mais il don-nera pourtant l'héritage céleste à ceux qui l'accueillent, à ceux qui sont faits enfants de Dieu par le baptême et qui vivent fidèlement de sa grâce.

Dès lors, les enfants de Dieu sont persécutés du fait qu'ils refusent d'être enfants du monde révolté contre Dieu. Leurs écoles sont à la peine, ce qui ne les empêche pas de poursuivre leur quête du Royaume des cieux. Ils sont montrés du doigt lorsqu'ils rejettent le poison qui les sépare de Jésus-Christ et qui tuerait leur âme. Or, ce poison porte un nom : c'est le naturalisme. Il se décline en deux aspects dans nos sociétés de « progrès » : d'un côté, le rationalisme qui décrète l'autonomie de l'intelligence et son refus de toute Révélation divine, de toute règle qui transcende l'étroit domaine de la conscience ; de l'autre, le libéralisme qui préconise le dérèglement de la volonté, abolissant toute finalité pour la nature humaine, à qui l'on fait croire qu'elle se crée au gré de ses passions et peut s'inventer un agir dépourvu de toute contrainte.

Appliqués à la société, ces principes constituent la charte de la religion laïque dont les temples et les dogmes fleurissent depuis la Révolution française. La laïcité renvoie à la sphère privée la foi qu'elle rabaisse au rang de « croyance », pour imposer en retour le dogme de la séparation de l'homme avec Dieu. L'homme se « fait » lui-même, son intelligence invente ce qu'il décrète être une vérité nécessairement provisoire, et son agir se justifie dans l'ab-solue liberté de ses choix, avec l'illusion d'un respect de l'égalité du droit, pour chaque individu, d'agir comme bon lui semble. Les écoles de ce culte séparent l'enfant de la connaissance de Dieu et lui font pratiquer une vie de schizophrène, dans l'ignorance de sa fin ultime.

Si l'on veut que les hommes retrouvent la paix entre eux, il faut qu'ils la fassent d'abord avec Dieu. Il leur faut se soumettre à la doctrine de l'Evangile. Le chemin que Dieu a tracé pour l'homme ne supporte guère de sentier buisson-nier. « Jésus-Christ n'est pas facultatif », disait le Cardinal Pie. Restaurer toutes choses dans le Christ, comme le voulait saint Pie X, à la suite de saint Paul, est l'antidote au naturalisme qui sépare pour mieux tuer. Il faut renouer avec Dieu qui veut contracter avec ses créatures des noces éternelles.

Que la raison se réconcilie avec la foi. Que la volonté de l'homme se soumette à l'Amour de Dieu. Que l'Etat se soumette à l'autorité du divin Législateur. Et qu'ainsi les enfants goûtent la joie qui découle de l'unité d'une vie simplifiée, sous la lumière divine et la motion de la grâce, dans tous les apprentissages qui jalonnent leur découverte du monde et leur appartenance à la vie sociale.

Qu'enfin et résolument l'homme ne sépare plus ce que Dieu a uni.

Abbé Philippe Bourrat, Directeur de l'enseignement du District de France de la FSSPX