30 juin 2015

[Lettre à Nos Frères Prêtres - FSSPX] Notre sainteté au regard de l'Eglise

SOURCE - Lettre à Nos Frères Prêtres - FSSPX - juin 2015

Le prêtre travaille pour le Christ : il travaille aussi pour l’Église, épouse du Christ. A ce titre encore, il ne peut se désintéresser de la sainteté. 
Imitamini quod tractatis
Avant d’admettre aux saints ordres, l’Église exige des garanties positives de sainteté chez les candidats au sacerdoce : « Savez-vous s’ils en sont dignes ? ». Durant l’ordination, les monitions et les prières du consécrateur ne cessent d’inculquer aux ordinands la loi de sainteté à laquelle ils devront obéir. Après l’ordination, l’Église ne permet pas à ses ministres d’être médiocres. « Imitez ce que vous réalisez », « Imitamini quod tractatis », est la devise de toute vie sacerdotale sérieuse.

Lors de la clôture du concile de Trente, alors que de nombreuses lois excellentes de réforme de l’Église avaient été promulguées, l’orateur parlant en présence des Pères leur rappela que les meilleures lois, « si elles ne sont pas appuyées sur l’exemple d’une vie sainte, sont très insuffisantes ». Et il conjura les assistants « d’être eux-mêmes des lois vivantes et éloquentes », car le succès de la réforme de l’Église en dépendait.
L’Église toujours sainte, et pourtant composée de pécheurs
Considérée formellement dans sa nature intime et sous son aspect strictement théologique, l’Église est et reste toujours sainte, sans tache ni ride, d’une sainteté ontologique. Cette sainteté de l’Église est faite de la sainteté de son chef, Jésus-Christ, le Saint des saints, puisque l’Église est le corps du Christ ressuscité qui écoule en elle la plénitude de sa perfection, le lieu où le Christ de gloire répand ses richesses de rédemption. Cette sainteté de l’Église est faite encore de la sainteté de sa doctrine et des sacrements dont elle a reçu la célébration.

Mais l’Église, considérée dans son existence historique, englobe justes et pécheurs, ivraie et bon grain. Ces pécheurs (que nous sommes tous, peu ou prou), l’Église travaille à les faire devenir justes. Ce n’est pas par leurs péchés qu’ils sont membres de l’Église : c’est par ce qui subsiste en eux du Christ, par le baptême, la foi, l’espérance, les grâces actuelles, etc.

En revanche, la sainteté de l’Église considérée dans son existence historique est faite de la sainteté des membres qui la composent, de leurs efforts permanents de sanctification. Toujours sainte en elle-même en tant qu’unie au Christ, l’Église connaît dans ses membres une sainteté variable, capable de croissance et de diminution. Dès lors, chaque membre de l’Église porte la responsabilité de tout essor ou de tout déclin de la sainteté dans l’Église. Nous ne pouvons proclamer honnêtement dans le Credo l’Église sainte, y compris dans son existence historique, que si chaque jour nous nous efforçons, en tant même que membres de l’Église, de nous sanctifier. 
La responsabilité du prêtre dans la sainteté de l’église
Cette responsabilité est évidemment plus lourde pour le prêtre : « A qui on a beaucoup donné, il sera beaucoup demandé » (Lc 12, 48). C’est que le prêtre, de par sa vocation particulière, est « une lumière placée sur le chandelier, qui doit briller pour tous ceux qui sont dans la maison » (Mt 5, 15).

Les hommes jugent l’Église, sans doute, sur chacun des fidèles qu’ils peuvent rencontrer. Mais ils la jugent encore beaucoup plus sur chacun des prêtres qu’ils ont l’occasion de croiser : les prêtres se trouvent identifiés avec la cause qu’ils servent. Et, pour un mauvais prêtre, un prêtre médiocre, on juge et on condamne la religion elle-même. Ce n’est peut-être pas juste, mais c’est une réalité quotidienne que le prêtre ne peut ni ignorer, ni esquiver. Aux yeux des gens ordinaires, les prêtres, « les curés », représentent toute l’Église, toute la religion.

C’est pourquoi il n’y a pas de milieu pour le prêtre. Soit il édifie les âmes par son comportement, soit il les scandalise. Il est donc obligé en conscience de vivre chaque jour de façon à les édifier.