19 avril 2015

[Communicantes] Un antique privilège à la Collégiale Saint-Just!

SOURCE - Communicantes - FSSP Lyon - avril 2015

Vous aurez certainement remarqué, à la Messe de la Vigile pascale, l’apparition de deux croix de procession dorées, identiques, et fichées derrière l’autel, du côté de l’évangile et du côté de l’épitre.

Vous vous êtes certainement demandés à quoi ces deux croix pouvaient bien servir.

Lorsque nous sommes arrivés à Saint-Just au mois de septembre dernier, nous nous sommes posés la même question. Pourquoi deux croix identiques, très grandes et qui étaient à l’époque placées à l’entrée du choeur ? Après quelques recherches rapides, l’explication nous est venue. En voici donc l’origine et les raisons.

Le jour de la saint Jean-Baptiste 1245 s’ouvrit à Lyon le premier concile oecuménique de cette ville, sous l’autorité du pape Innocent IV qui résida dans notre ville et plus particulièrement à la collégiale Saint-Just durant sept ans.

Par la suite, en 1274, sous l’autorité du pape Grégoire X, un deuxième concile oecuménique se réunit dans notre ville. Ce dernier fut peut être plus célèbre à cause de la réunion des grecs (orthodoxes) et des latins, qui le clôtura. Réunification qui, hélas, ne dura pas !

Ce fut lors de ce deuxième concile de Lyon, un 29 juin, et dans la primatiale Saint-Jean, qu’après un sermon de saint Bonaventure, les cardinaux entonnèrent le Credo qui fut repris par les chanoines de Saint-Jean.

Le patriarche orthodoxe Germain et les prélats grecs le chantèrent, eux, en grec. Lorsqu’on en fut arrivé, de part et d’autre, à la « procession du Saint Esprit » on s’arrêta un instant, on prit un ton plus élevé, et on chanta deux fois ces paroles décisives, « filioque procedit ». En effet, cet article du Credo était l’origine d’une incompréhension théologique entre les grecs et les romains, qui avait abouti à un schisme.

On voulut célébrer cette réunion par une cérémonie solennelle. Le clergé des deux églises grecque et latine devait se rendre processionnellement au lieu du concile (la Primatiale) et y arriver en même temps de différents côtés. Le clergé latin se rendit dans la vieille église de Saint-Georges et le clergé grec dans l’église de Saint-Paul. Les deux processions se rencontrèrent sur le parvis de la Primatiale. On entra ainsi dans l’église. Les deux porte-croix déposèrent leur croix derrière le maître autel.

C’est donc en mémoire de ce concile et de cet événement que s’élevaient derrière le maître autel de la Primatiale Saint-Jean deux grandes croix. Ces croix étaient simplement de bois et, depuis le 25 juin 1696, elles furent remplacées par des croix de cuivre doré qui y restèrent jusqu’au début du XXe siècle.

Par un privilège papal, l’usage de ces deux croix dites « du concile » (deuxième concile de Lyon) fut accordé aux églises collégiales de la ville, à savoir : Saint-Just, Saint-Nizier, Saint-Paul et Saint-Martin.

Selon le cérémonial de Lyon, elles doivent être retirées du maître autel, le lundi après le premier dimanche de Carême et replacées le Samedi-Saint en ornant les autels.

Après avoir été nettoyées et réhabilitées, nos deux croix du concile ont donc repris leur place, derrière le maître-autel de notre collégiale à leur emplacement d’origine.

La collégiale Saint-Just est aujourd’hui la seule église de Lyon à posséder encore cette antique usage et privilège, souvenir d’une réunification de l’Eglise qui faillit réussir, et pour laquelle nous continuons toujours de prier bien des années après !