27 mars 2015

[DICI] Les relations de la Fraternité Saint-Pie X avec Rome, selon Mgr Pozzo

Palais de la Congrégation de la doctrine
de la foi où se trouve la commission Ecclesia dei.
SOURCE - DICI - 27 mars 2015

A l’occasion du sacre de l’abbé Jean-Michel Faure par Mgr Richard Williamson, le 19 mars 2015 au monastère Santa Cruz de Nova Friburgo (Brésil), l’agence romaine I.Media a interrogé Mgr Guido Pozzo, secrétaire de la Commission Ecclesia Dei. Ce dernier en a profité pour faire un point sur l’état des relations entre la Fraternité Saint-Pie X et Rome, déclarant qu’au-delà des difficultés doctrinales qui subsistent, les problèmes sont « internes à la Fraternité ». Selon le prélat romain cité par I.Media : « Le pape attend que la Fraternité Saint-Pie X décide d’entrer (dans l’Eglise, ndlr) et nous sommes toujours disponibles, avec un projet canonique qui est déjà connu », à savoir la création d’une prélature personnelle. « Il faut un peu de temps pour que les choses s’éclaircissent en interne et que Mgr Fellay puisse obtenir un consensus assez élargi avant d’accomplir ce geste. » – C’est nous qui soulignons cette affirmation.

A la Maison générale de la Fraternité Saint-Pie X, on s’interroge sur l’intention de Mgr Pozzo dans sa dernière phrase qui ne correspond pas à la réalité : Est-ce sa vision de la situation ? Un vœu personnel ? Ou la volonté d’introduire une division à l’intérieur de la Fraternité?

Mgr Fellay a déjà répondu à la Commission Ecclesia Dei, à plusieurs reprises, oralement et par écrit, que ce sont essentiellement les « difficultés doctrinales » – à savoir la demande faite par Rome d’accepter le concile Vatican II et les réformes qui ont suivi dans une « herméneutique de continuité » – qui rendent la reconnaissance canonique, sous la forme d’une prélature personnelle, impossible à ce jour.

Les récentes rencontres informelles entre des membres de la Fraternité Saint-Pie X et des évêques, demandées par la Commission Ecclesia Dei, permettent de faire mieux connaître la Fraternité et ses œuvres, mais avant tout ses positions doctrinales. De fait, ces rencontres manifestent toujours plus clairement les divergences doctrinales. Et les interlocuteurs romains de la Fraternité sont obligés de reconnaître que beaucoup de questions restent «ouvertes», autrement dit que les difficultés doctrinales sont loin d’être résolues.

Aussi le Supérieur Général maintient-il la nécessité de présenter aux autorités romaines, les positions de la Fraternité dans leur intégralité, et de ne pas varier sur ces positions qui ne sont, au fond, que celles de tous les papes avant Vatican II.

A ce sujet, le 20 mars, l’universitaire français Luc Perrin faisait part de ses réflexions sur le Forum catholique, en affirmant qu’il ne servait à rien « de faire comme si tout allait bien dans le meilleur des ciels romains possibles. ». Avec réalisme, il écrivait : « On retrouve (chez Mgr Pozzo) le même discours inchangé depuis les illusions d’un accord rapide qu’entretenait alors, en 2000, le bouillant cardinal Castrillón Hoyos. Jean-Paul II en 1978-1979 était, lui aussi, convaincu que la pleine communion était à portée de main : nous connaissons la suite mais, à Rome, il semble que l’optimisme teilhardien ou béat, façon Jean XXIII en 1962, soit toujours de saison.

«Il ne faut jamais désespérer ni Billancourt ni les différents prélats de la Commission Ecclesia Dei – loin de moi cette idée – et il est bon de voir qu’un responsable romain a une foi assez solide pour résister ainsi à l’usure du temps qui passe, mais… il n’est pas non plus très utile de jouer au ravi du sérail, lévitant au-dessus du dôme de Saint-Pierre entouré d’angelots souriants et joueurs de lyre…, ce chœur céleste chantant un In Paradisum : ‘l’accord, l’accord, l’accord bientôt, l’accord est là’.

« Déjà si les différentes bêtises commises à Rome dans cette longue affaire étaient repérées, cela nous ramènerait sur terre. Une courte liste pour Son Em. le cardinal Müller et pour Mgr Pozzo : a) de l’optimisme béat, tu te défieras tout en gardant l’espoir surnaturel des promesses de l’unité in veritate ; b) d’une discussion bâclée, tu te détourneras et le temps ne compteras : pourquoi ne pas reprendre les discussions interrompues en 2011, de façon brusque et intempérante par Rome ? Ou au moins aller vers cette reprise ; c) la pleine communion pas à pas tu construiras : plutôt qu’une ‘solution canonique’ toute faite et pas forcément très bonne – la prélature personnelle a bien des failles – aujourd’hui, résoudre certains problèmes pratiques pas à pas me semble plus réaliste… (car) la fragilité du motu proprio Summorum Pontificum depuis l’élection du pape François qui, en le confirmant, l’a déjà sérieusement écorné avec les Franciscains de l’Immaculée, et l’érode par des petites phrases qui ne peuvent que susciter des inquiétudes.»

A propos de ces « problèmes pratiques » qui pourraient être résolus par des gestes concrets, on se souvient que, lors du pèlerinage à Rome des Dominicaines enseignantes de Fanjeaux, –du 9 au 14 février 2015 –, 200 religieuses, 950 élèves accompagnées d’une centaine de professeurs et parents, n’ont pas pu avoir une église pour la célébration de la messe traditionnelle par un de leurs aumôniers… parce qu’ils appartiennent à la Fraternité Saint-Pie X. Les paroles lénifiantes sont volatiles, les faits concrets sont bien plus éloquents.

(Sources : IMedia/FSSPX/FC – DICI du 27/03/15)