18 mai 2014

[Abbé Brice Meissonnier, fssp - Communicantes] Mater Admirabilis

SOURCE - Abbé Brice Meissonnier, fssp - Communicantes - mai 2014

Notre pèlerinage à Rome avec les cérémoniaires fut l’occasion de nous rendre à l’église de la Trinité-des-Monts (église titulaire du Cardinal Barbarin), pour nous recueillir devant une image qui nous est chère. Cette image, dont nous avons un vitrail à l’église du Coeur Immaculé de Marie, au-dessus de l’autel, représente Mater Admirabilis. Nous avons d’ailleurs souhaité qu’elle soit aussi représentée sur le cierge pascal de cette année.

Il ne s’agit pas de ce que l’on appelle habituellement une image miraculeuse, ce n’est pas une de ces icônes que la tradition attribue à saint Luc, ni une Vierge noire aux origines mystérieuses, ce n’est pas non plus un tableau acheropoïte (c’est-à-dire non fait de main d’homme) et on ne parle pas non plus de prodiges spectaculaires survenus devant elle…

Mais alors, me direz-vous, de quoi s’agit il donc ?

Si vous êtes allés à Rome, vous connaissez bien évidemment l’église de La Trinité-des-Monts, qui est l’une des églises françaises de Rome. Elle fut fondée par saint François de Paule, au XVème siècle, grâce au Roi Louis XI ; en conséquence les portraits de tous les souverains français, de Pharamond à Charles X, sont peints dans le cloître attenant à l’église. En 1828 elle fut confiée aux Dames du Sacré-Coeur de sainte Madeleine-Sophie Barat (fondatrice de notre église du Coeur Immaculé de Marie, fêtée le 25 mai) pour y ouvrir l’une de leurs maisons d’éducation.

En 1844, Pauline Perdreau était l’une des pensionnaires confiée aux religieuses (elle entrera plus tard dans cet Institut). Cette jeune fille avait quelques aptitudes pour la peinture et elle proposa, selon son expression, « de faire venir la Sainte Vierge » dans l’une des galeries du couvent en y peignant son image.

Elle représenta la jeune Vierge Marie, avant l’Annonciation (peut-être dans les derniers temps de sa vie au Temple) assise dans une attitude de profond recueillement contemplatif, les yeux baissés, le visage paisible, comme rayonnant discrètement d’une plénitude intérieure… A ses côtés, le lys de la pureté, la quenouille qu’elle a laissée en repos et le livre ouvert (celui des Saintes Ecritures) dans lequel elle a puisé l’aliment spirituel de sa contemplation.

Loin de l’académisme et du néo-classicisme qui triomphaient alors, l’oeuvre de la jeune Pauline plut finalement aux religieuses et à leurs élèves qui prirent l’habitude d’aller prier devant cette image, et reçurent auprès d’elle des grâces d’intensification de leur vie intérieure.

On l’appelait simplement la «Madone du lys»… Jusqu’au jour où le jeune Pape Pie IX (élu depuis moins de 5 mois) vint en visite au couvent de la Trinité-des-Monts. C’était le 20 octobre 1846.

On conduisit le Pontife dans la galerie jusque devant l’image vénérée. En la voyant, il s’exclama : « Elle est vraiment Mater Admirabilis ! », nom qu’elle garda…

Reproduite dans toutes les autres maisons d’éducation tenues par les Dames du Sacré-Coeur à travers le monde, elle en devint la protectrice et multiplia ses grâces. De nombreux saints, comme saint Jean Bosco et sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, sont venus la prier.

C’est donc au nom de notre communauté et à ses intentions que nous avons prié, en ce début du mois de Marie, en action de grâce pour avoir présidé aux destinées de notre église du Coeur Immaculé de Marie pendant plus de 170 ans. Nous avons prié Mater Admirabilis pour chacune des familles de notre communauté, qu’elles soient dans la joie ou dans l’épreuve. Nous l’avons priée aussi pour que des vocations sacerdotales ou religieuses germent dans notre communauté et pour que la charité, l’espérance et la foi rayonnent de ses prêtres et de ses fidèles.

Puisse donc la Mère Admirable intercéder à toutes les intentions que nous portons et obtenir de son Divin Fils les grâces qui sont nécessaires à chacun.

Abbé Brice Meissonnier, supérieur
Mère Admirable, Trésor de calme et de sérénité,
nous vous supplions :
aidez-nous à nous détacher de ce qui se voit,
et conduisez-nous, fixez-nous sur l’invisible,
l’invisible Présence,
l’invisible Amour que vos yeux contemplent !
A travers l’accessoire qui nous sollicite sans cesse
et qui nous séduit si souvent,
donnez-nous le sens
et la faim de l’Essentiel.