4 mai 2014

[Abbé Bertrand Labouche, fsspx - L'Hermine] Amour de la Vérité et Vérité de l’amour

SOURCE - Abbé Bertrand Labouche, fsspx - L'Hermine - Mars 2014
Le titre de ce petit article s’inspire d’une phrase de saint Augustin, chère à Mgr de Galarreta : «Il faut garder l’amour de la vérité et la vérité de l’amour». Vérité et charité sont indissociables car Notre-Seigneur est la Vérité (Jn XIV, 6) et «Dieu est Charité.» (Jn IV, 8) «Votre Miséricorde et votre Vérité s’élèvent audessus des Cieux» (Ps 104, 7). Les martyrs ont aimé la vérité jusqu’au sacrifice de leur vie, acte suprême de charité, et la charité est objet de foi : Credidimus caritati (Jn, IV, 16), Nous avons cru en la charité (devise épiscopale de Mgr Lefebvre).

C’est par amour de son Père et de nos âmes que Notre Seigneur Jésus-Christ est venu dans le monde rendre témoignage de la vérité (Jn, XVIII, 37) et son Sacré -Coeur est la manifestation visible de l’éternelle vérité de l’Amour invisible de Dieu. A l’exemple de Jésus, les saints furent toujours des témoins de la Lumière (Jn, I, 7) ET de la Charité divine.

La vie chrétienne est inconcevable sans la foi, adhésion surnaturelle à la Vérité divine, et la Charité, qui est l’Amour même de Dieu et du prochain comme Dieu l’aime. La cérémonie du baptême illustre parfaitement cette union nécessaire de la foi et de la charité :
  • Que demandez-vous à l’Eglise de Dieu?
  • La foi.
  • Que vous procure la foi? 
  • La vie éternelle.
  • Si donc vous voulez posséder la vie éternelle, observez les commandements : vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre coeur, de toute votre âme et de tout votre esprit et votre prochain comme vous-même. 
Une vie chrétienne bancale, dénuée de l’union harmonieuse de la foi et de la charité, se trahit tôt ou tard. Comment? Nécessairement par un manque d’humilité, puisque la foi implique une soumission de l’intelligence à la vérité et la charité l’obéissance à un précepte divin : Celui qui M’aime observe mes commandements (Jn, XV, 14). Celui qui aime son prochain, accomplit la loi (Rom. XIII, 8). 

Il est dans la nature des choses que l’homme doive, pour être heureux, se soumettre à ce que Dieu est (Vérité) et à ce qu’Il veut (Amour). S’affranchir de l’un comme de l’autre, c’est poser le principe, à plus ou moins long terme, de son égarement et de sa perte. 

Prétendre aimer et défendre la vérité au mépris d’autres vertus est aussi illusoire que de s’imaginer être charitable au mépris de la vérité. Un attachement autosuffisant, sans prudence, charité et humilité, à la vérité est aussi contradictoire et insupportable qu’une pastorale laissant libre cours à l’erreur et à l’empoisonnement du troupeau! 

Il n’y a donc que deux options. Ou se maintenir sur la ligne de crête de la vérité unie à la charité, ou entamer, d’un côté comme de l’autre, une glissade fatale. 

La sainte Eglise a gardé depuis 2000 ans cette ligne de crête, malgré des situations extrêmement périlleuses; ce qui constitue d’ailleurs une preuve supplémentaire de sa divinité. Et le modernisme orgueilleux et régnant n’échappera pas à cette loi. 

C’est un fait que la Fraternité Saint-Pie X a connu et connaît des défections des deux côtés : 
  • cas de ceux pris d’un attachement obsessionnel à une opinion (sédévacantisme), ou à une suspicion de trahison, érigées en vérités absolues; 
  • cas de ceux qui abandonnent le combat de la foi (bi-ritualisme, prédication bâillonnée) par désir désordonné de paix et de charité… 
Preuve que notre congrégation suit fidèlement la ligne de crête indiquée par son fondateur dans la conclusion du sermon de son jubilé sacerdotal, le 23 septembre 1979, à Paris : «Par amour de la très sainte Trinité, de Notre Seigneur Jésus-Christ, de l’Eglise, du Pape, des évêques, des âmes», nous gardons la foi catholique. Et c’est parce que nous avons la foi en la sainteté de Notre-Seigneur que nous bannissons tout esprit subversif qui déchire les supérieurs, trouble les confrères et scandalise les fidèles. Du reste, les uns comme les autres se rejoignent en produisant les mêmes fruits amers : 
  • Affaiblissement du combat de la Tradition, fractionnée en mouvances.
  • Discrédit lancé sur la Fraternité Saint-Pie X, devenue «néofraternité» libérale ou «Frat.» en voie de schisme.
  • Exacerbation des fidèles.
  • Satisfaction de l’ennemi. 
Tout cela pour prendre ses désirs (espérance d’un accord) ou ses craintes (Mgr Fellay et Vatican II : même combat) pour des réalités; même dans l’hypothèse où des réserves, dans un sens comme dans l’autre (manque de clarté ou de charité) seraient envisageables, l’entreprise de déstabilisation de l’autorité en place comme l’affaiblissement ou la démission du combat de la foi, ne se justifient pas car les maux engendrés sont pires que les maux réellement reprochables. Donc, ni francs-tireurs, ni ralliés! 

C’est à l’imitation de Notre Seigneur Jésus-Christ que nous devons nous efforcer de conjuguer : énergie et douceur, dignité et humilité, mortification et amabilité, justice et miséricorde, maîtrise de soi et sensibilité, correction fraternelle et charité, haine du péché et de l’erreur et amour des pécheurs et des égarés, esprit de conquête et prudence, zèle et bonté. 

Tout le saint Evangile nous donne, quel que soit notre créneau, l’exemple de ces vertus, apparemment opposées, mais parfaitement unies en Celui qui est le Modèle du chrétien et a fortiori du prêtre et du religieux. 

Coeur Sacré de Jésus, en qui sont tous les trésors de la sagesse et de la science, plein d’amour et de bonté, gardez-nous fidèles! 

Notre-Dame de Fatima, plus brillante que le soleil et au Coeur si maternel, priez pour nous!

Abbé Bertrand Labouche