1 octobre 2013

[Michèle Méreau - Sud Ouest] Pèlerinage et messe en latin le dimanche soir

SOURCE - Michèle Méreau - Sud Ouest - 1er octobre 2013

Un collectif Saint-Benoît s’est constitué à Blaye. Il participe au pèlerinage de l’île Madame à la mémoire des prêtres déportés pendant la Révolution française.
 

Une vingtaine de paroissiens blayais ont effectué un pèlerinage à l’île Madame, près de Rochefort, début septembre. Une initiative du Collectif Saint-Benoît de Blaye qui pourrait bien être reconduite chaque année désormais. Le pèlerinage de l’île Madame est connu et suivi par des chrétiens de la France entière pour rendre hommage à 829 prêtres martyrs déportés sur cette île durant la Révolution française et dont beaucoup périrent avant de partir pour le bagne de Cayenne.
Rite romain
« Les méditations et prières ont été assurées et coordonnées par le père abbé de Blaye Jean-Christophe Slaiher et M. le chanoine de Ternay », explique Jean-Jacques Boiffier, membre du collectif constitué il y a quelques mois et reconnu par l’évêque de Bordeaux.

Le Collectif Saint-Benoît pratique la messe traditionnelle chaque dimanche soir dans l’église Saint-Romain-de-Blaye. Le chanoine Thibaut de Ternay y officie selon « la forme extraordinaire du rite romain », en latin, dos aux fidèles. Une célébration où l’on ne communie pas sans avoir été confessé (1).

« Nous ne sommes pas une association, ni même un collectif avec des objectifs définis pour ou contre quelque chose. Nous sommes seulement des chrétiens qui, avec Louis Riglet en tête, avons décidé en accord avec les autorités religieuses de nous regrouper autour de quelques idées », précise Jean-Jacques Boiffier. « Pas intégristes et totalement apolitiques - comme chez tous les catholiques de France il y a des gens de tous les partis », affirme ce membre actif du collectif.
Une tradition culturelle
Jean-Jacques Boiffier convient que quelques-uns d’entre eux seraient tentés par l’instauration d’une royauté moderne, à l’instar des monarchies parlementaires que l’on retrouve ailleurs en Europe. Les membres se définissent simplement comme des personnes attachées à une tradition d’ordre culturel.

« Nous aimons la messe en latin. Cela nous fait rajeunir, de nous rappeler nos années d’études », dit en riant Jean-Jacques Boiffier.
À la mémoire des prêtres
À l’île Madame, les pèlerins se rassemblent pour prier et rappeler les sévices que subirent les prêtres réfractaires avant leur déportation. Lorsqu’en 1794 le typhus se déclare un hôpital de fortune est installé sous tentes sur l’île Madame. 228 prêtres seulement en réchapperont.

Plusieurs de ces prêtres réfractaires ont été enfermés dans les cachots de l’ancienne prison de la citadelle de Blaye (actuel bâtiment de la manutention) ainsi que dans les geôles de fort Pâté. En 1999, l’association OS a mis au jour des chapelles ardentes sculptées par les prêtres prisonniers qui furent libérés en 1795. Le Collectif Saint-Benoît pense aussi rendre dans la citadelle hommage à ces prêtres l’an prochain. « Ils ont pardonné à leurs bourreaux ! C’est un message de tolérance très fort », souligne Jean-Jacques Boiffier. « Notre collectif prie et veut agir pour davantage de tolérance comme avec ce pèlerinage. Mais la tolérance c’est aussi, à l’inverse, respecter nos idées».
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(1) En Gironde, la messe en latin selon « la forme extraordinaire du rite romain » est célébrée dans trois autres lieux de culte : l’église Saint-Bruno et l’église Saint-Éloi à Bordeaux ainsi que dans la chapelle Saint-Germain d’Auros, près de Langon, où officie également le chanoine Thibaut de Ternay.