5 janvier 2013

[Mgr Williamson (compte-rendu)] Situation de l’Église et de la FSSPX (conférence)

SOURCE - Mgr Williamson - Paul Chaussée - forum "Un évêque..." - 5 janvier 2013

[Compte rendu par Paul Chaussée d'une conférence de Mgr Williamson, tenue dans le Cher (France)]
Réunion privée de laïcs résistants au Ralliement
À V*** (Cher) le 5 janvier 2013.

Quel est la situation de l’Église et de la Fraternité ?

Cette situation est déjà très grave mais elle devient de plus en plus grave. Dès lors, Dieu veut purifier le monde et son Église par des châtiments. Mgr fait référence à la lettre [ou l’article] de mai ou juillet 2012 de l’abbé Chazal « Le masque est levé ». Le Chapitre général de la Fraternité réuni en juillet 2012 à réussi à enrayer la dérive de la Fraternité vers le ralliement, mais en même temps, il a endormi la résistance de ses membres à ce ralliement.
 
Il faut se souvenir que, selon le père Vallet, un jeune libéral ne se convertit pas. Le libéralisme selon lequel tout est permis, c’est fondamentalement la guerre faite à Dieu.
 
La Fraternité libérale attend maintenant le moment favorable pour [poursuivre] achever son ralliement à Rome. La situation nous paraît sans espoir. À vue humaine, la Fraternité est perdue. Il faudra un miracle, une intervention du bon Dieu pour en sortir. Monseigneur Fellay est un politicien, un séducteur, mais il n’est pas de taille face aux experts en diplomatie du Vatican.

En voici deux indices révélateurs.

1°/ En 1985 ou 1986, fut fondé à Rome un séminaire destiné à accueillir des séminaristes de tendance traditionaliste afin de les soustraire à l’influence de la FSSPX. L’enseignement y fut d’abord bien accepté par les séminaristes mais ceux-ci furent ensuite critiqués pour finir par être exclus. Et le séminaire fut bientôt fermé. Cela montre que sont incompatibles la Tradition et tout ce qui est sous le pouvoir du Vatican.

2°/ En 1997, Madame Huguette Pérol, veuve de l’ambassadeur de France au Vatican, créa le Groupe de réflexion entre catholiques, communément appelé le G.R.E.C. Il avait pour but d’organiser discrètement des rencontres entre divers clercs favorables au rapprochement de la Fraternité et de Rome en interprétant Vatican II à la lumière de la Tradition, selon la formule que Jean-Paul II avait donnée à Monseigneur Lefebvre en 1978.

On trouve donc dans le GREC des évêques et prêtres français et des prêtres de la Fraternité, notamment :
  • l’abbé Alain Lorans, chargé de la communication dans la Fraternité, rédacteur en chef des revues DICI et Nouvelles de Chrétienté, et porte-parole du District de France.
  • l’abbé Claude Barthe, ancien de la Fraternité devenu « électron libre », ayant ses entrées à Rome mais aussi de bons contacts avec d’autres exclus de la Fraternité comme les abbés Aulagnier et Philippe Laguérie (I.B.P.) ;
  • les abbés Emmanuel du Chalard, éditeur responsable du Courrier de Rome, et Grégoire Celier, naguère responsable des médias de la Fraternité en France : la revue Fidéliter, les éditions Clovis et le site La Porte Latine. Les œuvres et les procédés de l’abbé Celier l’ont fait reconnaître comme un « agent d’influence » au sein de la Fraternité. (Cf. l’étude de 2007 de Paul Chaussée « Qui est l’abbé Celier ? , chapitre de l’étude critique du livre de Celier-Pichon « Benoît XVI et les traditionalistes »)
  • le père Michel Lelong, Père blanc, spécialiste du dialogue avec les musulmans et auteur du livre « Pour la nécessaire réconciliation », Nouvelles Éditions Latines, 2011. Ce livre est préfacé par Don Éric de Lesquen.
Les activités du GREC ont toujours été très discrètes pour ne pas dire secrètes, mais approuvées par Monseigneur Fellay. Son esprit et sa tactique sont proches de la maçonnerie : mettre en contact et s’efforcer de concilier deux tendances inconciliables en mettant entre parenthèses les éléments doctrinaux.

Le libéralisme moderne a donc résisté aux efforts et à l’enseignement de Monseigneur Lefebvre. Or celui-ci était une colombe du point de vue pastoral et humain ; d’autre part un faucon du point de vue doctrinal, animé d’une grande foi, mais avec…?
 
Ce libéralisme qui est une corruption du catholicisme se trouve aux racines du mal moderne de destruction de la civilisation chrétienne. Ces racines n’ont pas été décelées par bien des prêtres qui, aujourd’hui, sont favorables au ralliement. Cela explique par exemple l’opinion de l’abbé Baudot selon lequel « Mgr Fellay est un saint ».
 
Or comme le cardinal Ratzinger (Benoît XVI), Monseigneur Fellay se croit traditionnaliste mais ne l’est pas à cause d’une fausse notion de la Tradition, celle d’une tradition évolutive et qui s’accommode des lents changements dans le monde. [C’est la fameuse herméneutique de Benoît XVI : le changement dans la continuité].
 
Cela explique les difficultés insoupçonnées de la formation des jeunes prêtres. Parmi les causes, on trouve des structures inadéquates, une hiérarchie incapable, et le refus d’obéissance par libéralisme.

Que faire à présent ? Faut-il « faire un séminaire sans les murs » ? Fonder un nouveau séminaire exempt des germes du libéralisme? Cela semble nécessaire et pourtant les difficultés sont énormes : difficultés matérielles, difficultés humaines et urgence d’une réaction. Il semble que beaucoup de jeunes ne sont pas satisfaits du fonctionnement actuel des séminaires de la Fraternité, mais ils y restent parce que c’est leur seule possibilité d’accéder à la prêtrise.
 
Il faut donc trouver une nouvelle solution par exemple un préceptorat qui réunirait quelques séminaristes ayant encore le feu sacré et profondément antilibéraux. À titre d’exemple, un séminaire classique était impossible sous les régimes communistes [et pourtant il y eut des ordinations] mais il est tout autant impossible sous le régime ultra libéral actuel de nos pays. On peut très bien imaginer que la Providence nous mettrait en contact avec un séminariste opposé à tout ralliement, et nous donnerait en même temps de connaître un ou des prêtres âgés pouvant servir de précepteurs. Il faudrait construire une structure informelle de formation de séminaristes.

Intervention de Monsieur Chaussée : le problème de la fondation d’un nouveau séminaire répondant aux besoins actuels n’est pas de la compétence des laïcs comme nous. Par contre, nous nous posons les questions :
  • Que faire pour décider les prêtres de la Fraternité à ouvrir les yeux et à voir la réalité de la crise de l’Église, crise qui est en train de gangrener la Fraternité ?
  • Que doivent faire les laïcs pour aider les prêtres qui seront bientôt en difficultés suite à leur résistance au ralliement insidieux de la Fraternité à la Rome moderniste ?
Réponse de Monseigneur : Il faut être très prudent dans nos approches des prêtres susceptibles de résister car, par formation, ils ne sont pas ouverts aux conseils des laïcs. Ils ont été formés à l’obéissance et à la méfiance des provocations. Donc il ne faut pas brusquer les choses, ne pas effaroucher, mais rester attentifs et dociles aux indices et aux inspirations de la Providence. La grâce [la Providence] jouera un rôle essentiel dans le futur immédiat pour les laïcs comme pour les prêtres. Mais il ne faut pas vouloir aller plus vite que la Providence. Néanmoins, il est certain que le bon Dieu veut que son Église continue. [Il nous fera donc savoir ce qu’Il veut.]
Pour l’instant, Monseigneur n’est pas prêt à sacrer un successeur, sauf si la nécessité en devient évidente et urgente. Par contre, il est disposé à ordonner les séminaristes ou diacres qui voudraient fuir la tendance pro ralliement de la Fraternité. Il est aussi disponible pour les confirmations mais cela dépend où [il n’a pas la possibilité de couvrir le monde entier et il n’a pas encore de résidence stable. Mais la communication est toujours possible par l’adresse électronique donnée dans la lettre Kyrie eleison (Dinoscopus) letters@dinoscopus.org

Les prêtres résistants aux États-Unis insistent pour que Mgr joue un rôle plus concret et plus autoritaire dans la structuration de la résistance au ralliement. Mais Monseigneur est actuellement réticent à accéder à cette demande. [Les réticences n’ont pas été clairement exprimées mais j’ai compris qu’elles étaient d’ordre canonique (autorité légitime) et d’opportunité. Il n’y aura donc pas d’institution prochaine d’une Fraternité bis.

Enfin, Monseigneur à fait remarquer que l’évolution actuelle du monde crée une situation proche de celle qui existait avant le déclenchement du Déluge. Nous vivons la pré-apocalypse. [Les mêmes causes peuvent donc produire des effets non pas identiques mais similaires. Nous sommes à la fin du temps de l’Église de Sardes et de la réalisation des prophéties de La Salette, de Fatima et d’Akita.]

PCH 12.01.2013