10 décembre 2012

[Abbé Grégoire Villeminoz, fssp - Communicantes] Le sacerdoce et l'Avent

SOURCE - Abbé Grégoire Villeminoz, fssp - Communicantes - décembre 2012
Chers fidèles, l’ordination du nouveau prêtre qui vous parle aujourd’hui et qui célèbre la messe pour vous non sans émotion, cette ordination eut lieu le 22 septembre dernier, en l’abbaye de Fontgombault. Merci à ceux qui ont pu s’y rendre, et merci à tous pour vos prières précieuses, car c’est grâce à la prière qu’un séminariste gravit les marches qui le mènent à l’étonnant et au très beau mystère du Sacerdoce, un mystère dont il est indigne, et un mystère dont il est comblé.

Cette ordination un peu hors-série eut lieu un samedi des Quatre-Temps, jour qui clôt la saison liturgique estivale, d’où le nom de « Quatre-Temps », et qui a pour couleur liturgique le violet.

L’ordinand, recevant l’imposition des mains, puis étant revêtu d’une chasuble violette, retrouve aujourd’hui, avec vous, cette jolie couleur, le violet, à l’occasion de l’entrée dans l’Avent.

C’est donc sous les ornements violets qu’un séminariste que vous avez connu a été ordonné, et sous les ornements violets que vous le retrouvez pour sa première Messe dans notre belle communauté lyonnaise. Il

faut croire que la liturgie fait bien les choses. De l’ordination à l’Avent, c’est le violet qui nous poursuit.

Car si l’Avent est un commencement, un commencement qui marque une nouvelle année liturgique, et surtout le commencement dans le temps de l’Incarnation du Verbe, l’ordination est aussi un début, et le début d’un itinéraire avec le Christ, le début de la conformité au Christ.

Si l’Avent commence aujourd’hui et dure quatre semaines, l’ordination eut lieu il y a deux mois, et s’inscrit dans l’Eternité.

Si l’Avent se vit à genoux, l’ordination se vit prosterné, et ces deux attitudes, ces deux abaissements ont la même finalité : elles supplient le Ciel.

Si l’Avent nous invite à contempler les mystères qui nous dépassent, et en particulier l’Incarnation, l’ordination sacerdotale, ou plutôt le Sacerdoce, est un mystère qui nous dépasse. Rappelons-nous une phrase bien connue du saint Curé d’Ars : « Si le prêtre se comprenait, il mourrait non de frayeur, mais d’amour. »

Voilà une phrase qui signifie que le prêtre ne se comprend pas luimême, qu’il est dépassé par son propre état.

Si l’Avent est messianique et prophétique, le Sacerdoce est christocentrique, centré sur le Christ.

Si l’Avent attend et prépare l’arrivée du Verbe Incarné, le Sacerdoce le prolonge.

Si l’Avent appelle à la pénitence et au sacrifice, le Sacerdoce est une vie de pénitence et de sacrifice.

Si l’Avent appelle à la joie, et le dimanche de Gaudete sonnera bientôt, le Sacerdoce est une joie.

Et si le séminaire est une Crèche pour conformer le séminariste au mystère de la Crèche, le Sacerdoce porte les marques de la Croix, pour conformer le prêtre à la Croix.

Hommage au Père Chevrier et à la belle spiritualité qui contemple la Crèche et la Croix, puisque nous sommes dans le lyonnais.

Chers fidèles, nous préparons dès aujourd’hui l’avènement du Rédempteur, et nous le préparons dans l’ombre de l’Avent, dans l’ombre parce qu’il appartient justement au Rédempteur de donner le jour.
« En lui était la vie, et la vie était la lumière du monde. »
Saint Paul nous donne le même écho dans l’épître de ce jour : « La nuit est avancée et le jour approche. »

Ce jour qui approche, et que nous attendons dans la nuit de l’Avent, c’est le jour de la Nativité.

Le 25 décembre, à minuit, il ne fera pas nuit, il fera jour dans notre âme, grâce à ce petit enfant, à ce Dieu incarné qui viendra nous illuminer.

En attendant, nous préparons Noël dans l’ombre.

Nous préparons Noël dans l’ombre, aussi parce que, selon les Ecritures, l’ombre signifie la grâce. Rappelons-nous les paroles de l’ange Gabriel, à la Sainte Vierge :
«L’Esprit-Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te prendra sous Son ombre.»
Rassurez-vous, l’ombre, ce n’est pas seulement les ténèbres du mal, la noirceur du péché, l’ombre, c’est aussi la grâce, discrète, et même invisible.

Il y a donc une lutte entre deux ombres, l’ombre du bien, et l’ombre du mal.

L’ombre du mal, c’est l’ombre de Lucifer, celui qui était jadis le porteur de lumière, et qui s’est aveuglé lui-même à cause de son orgueil. Il est à jamais dans l’ombre, et l’ombre du mal.

Mais de l’ombre du bien jaillit la lumière, et de l’ombre de l’Avent jaillit la Nativité, la naissance de Celui qui est la vraie lumière, « et la lumière luit dans les ténèbres ».

Cette vraie Lumière, la lumière du Verbe qui vient nous sauver, a connu l’ombre. Jésus a passé trente ans dans l’ombre, c’est-à-dire, trente ans de vie cachée, avant de commencer sa vie publique. Il a connu l’ombre de la Crèche, Il a connu l’ombre de la Croix, Lui qui est le Prêtre par excellence.

Le séminariste passe plusieurs années dans l’ombre, au séminaire, pour les mêmes raisons : vivre une vie cachée, avant de recevoir l’imposition des mains et d’être donné aux âmes, dans tel ou tel apostolat. Parfois, il a fait une année d’apostolat avant de recevoir les ordres, et c’est un temps heureux, surtout s’il est envoyé à Francheville.

Messieurs les abbés, chers fidèles, merci de m’avoir gâté.

Le temps de l’Avent, quant à lui, est aussi un temps de vie caché, un temps contemplatif, un temps qui lit les prophètes, un temps qui écoute la voix de Jean-Baptiste, l’ermite, le Précurseur, celui qui crie dans le désert alors que bien des voix crient sur le marché, au milieu du matérialisme et de la consommation.

(Il ne s’agit pas ici du marché de Noël de l’école Sainte Jeanne d’Arc, bien évidemment !)

Le temps de l’Avent est un temps qui accompagne la Sainte Vierge et Saint Joseph dans leur mystérieuse préparation, leur silencieuse préparation, leur joyeuse préparation à l’arrivée de leur fils, qui est aussi leur Dieu.

Ce Dieu nous bénit, et l’antienne de communion de cette Messe nous le dit : « Le Seigneur donnera sa bénédiction, et notre terre produira son fruit ». Oui, le Seigneur nous bénira, et Il nous bénira par des mains humaines.

Heureux temps de l’Avent, chers fidèles, avec mon bon souvenir et ma prière.

Abbé Grégoire Villeminoz, fssp