15 septembre 2012

[Lettre à Nos Frères Prêtres de Septembre 2012 (2)] Le prêtre, prédicateur de l'amour divin

SOURCE - Lettre à Nos Frères Prêtres n°55 - mise en ligne par La Porte Latine - Septembre 2012

Le prêtre est d’abord envoyé pour prêcher l’Évangile, à la suite des Apôtres auxquels Notre-Seigneur a donné cette mission : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. Allez dans le monde entier, prêchez l’Évangile à toute créature et enseignez toutes les nations».

Il s’agit donc pour le prêtre de faire partie de ces « témoins » de Jésus « à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre ». 
Rompre le pain de la vérité salutaire
Il ne faut pas que puisse s’appliquer à notre ministère cette parole du prophète Jérémie : « Les enfants ont demandé du pain, et il n’y avait personne pour le leur rompre ! » Au contraire, le prêtre est l’image du Christ, qui s’est appliqué à lui-même, dans la synagogue de Nazareth, au début de son ministère, cette parole du prophète Isaïe : « L’Esprit du Seigneur m’a donné l’onction, il m’a envoyé évangéliser les pauvres, guérir ceux qui ont le coeur brisé, annoncer aux captifs la délivrance et la lumière aux aveugles ».
Prêcher la Résurrection
Saint Paul nous affirme : « Si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est notre foi ». Il serait inutile de croire en Jésus-Christ s’il n’était pas ressuscité, parce que sa Résurrection est l’achèvement de la Rédemption, le triomphe du Christ sur la mort et sur le péché, enfin le témoignage irréfragable de sa divinité. C’est pourquoi le prêtre doit prêcher continuellement, avec l’Église, la Résurrection glorieuse et vivifiante du Seigneur.

Si le sacrifice du Calvaire explique et motive la Résurrection, cette dernière en est le but salvifique et le sceau final. C’est pourquoi le prédicateur de la foi ne doit jamais opposer ces deux moments d’une unique réalité, même s’il doit (parce qu’il n’est qu’un pauvre homme incapable d’intuition angélique) les distinguer avant de les unir. 

Le prêtre doit donc prêcher que Notre Seigneur Jésus-Christ est vraiment ressuscité pour la gloire du Père, qu’il est le Sauveur notre Dieu et que tous les hommes, après cette brève vie terrestre, comparaîtront devant lui comme le grand Juge.
Prêcher avec humilité
Le prêtre doit être fidèle dans la transmission de la vérité divine. Cette vérité ne lui appartient pas. Elle lui a été remise comme un dépôt et un trésor, afin qu’il la transmette aux autres telle qu’il l’a reçue, sans changement ni altération.

Il doit donc être fidèle dans son enseignement, n’ajoutant rien, ne retranchant rien. Il doit donner cette bonne nourriture aux âmes qui attendent, qui exigent la lumière de la vérité. 

Il ne doit pas seulement enseigner ce qui plaît aux gens, mais véritablement ce qui leur fait du bien, ce qui les aide à pratiquer la vie chrétienne, ce qui les aide sur le chemin du salut éternel. 

La vérité appartient à Dieu ; bien plus, la vérité c’est Dieu. Elle ne nous appartient pas : nous ne pouvons que la connaître, l’aimer de toute notre âme, la transmettre de toutes nos forces.

Sachant qu’elle ne lui appartient pas, le prêtre doit donc proclamer la vérité de l’Évangile non comme s’il en était le maître, mais en toute humilité.
Sans jamais se lasser
Cette charité patiente et bénigne doit aller au-devant de ceux-là mêmes qui sont les adversaires et les persécuteurs de l’Église. « Ils nous maudissent, proclame saint Paul, et nous bénissons ; ils nous persécutent, et nous supportons ; ils nous blasphèment, et nous prions ».

Peut-être, d’ailleurs, se montrent-ils pires qu’ils ne sont ? L’influence des autres, les préjugés, le poids des doctrines et des exemples, enfin le respect humain les ont engagés dans les rangs de l’indifférence voire de l’hostilité. Mais, au fond, leur volonté est-elle si dépravée qu’ils se plaisent à le dire et à le faire croire?

Pourquoi le prêtre n’espérerait-il pas que la flamme de la charité dissipe enfin les ténèbres qui obscurcissent les âmes et y fasse régner, avec la lumière de la foi, la paix de Dieu ? Plus d’une fois, sans doute, le fruit de son travail se fera attendre. Mais la charité ne se lasse pas, persuadée que Dieu mesure ses récompenses non pas aux résultats, mais à la bonne volonté.
Les ravages de l’ignorance religieuse
Combien d’hommes, en effet, sont hostiles à Jésus-Christ et prennent en horreur l’Église et l’Évangile, plus par ignorance que par malice ! On peut vraiment dire d’eux : « Ils blasphèment ce qu’ils ignorent».

Cet état d’esprit existe dans toutes les classes de la société : chez les plus pauvres et les moins cultivés, qui sont peut-être plus perméables à la propagande de l’erreur, n’ayant que peu de moyens de se mettre en garde ; mais également chez ceux qui possèdent une instruction poussée, des loisirs et des moyens d’accéder facilement à la vérité.

Ce ne sont donc nullement les « progrès de la science et de l’industrie » qui causent le dépérissement de la foi dans les âmes, mais principalement l’ignorance religieuse : à tel point que là où l’ignorance est plus grande, là aussi l’incrédulité fait de plus grands ravages. Et c’est pour cela que le Christ a donné aux Apôtres, et à travers eux à tous les prêtres, cette consigne : « Allez et prêchez l’Évangile à toute créature, enseignez toutes les nations », sans aucune distinction de personnes.
La charité de la vérité
Mais pour que ce zèle à enseigner produise les fruits qu’on en espère et serve à former en tous le Christ, il faut se souvenir que rien n’est plus efficace que la charité.

Comme le répétait volontiers saint François de Sales : « On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre, mais plutôt avec du miel ».

C’est en vain qu’on espérerait attirer les âmes à Dieu par un zèle empreint d’amertume.

Reprocher durement les erreurs et reprendre les vices avec âpreté cause souvent plus de dommage que de profit. 

Il est vrai que saint Paul, exhortant Timothée, lui dit : « Reprends, corrige, exhorte », mais il ajoute aussitôt : « en toute patience».

C’est l’exemple même de Jésus-Christ, lorsqu’il nous adresse cette invitation : « Venez à moi, vous tous qui souffrez et qui gémissez sous le fardeau, et je vous soulagerai». Dans sa pensée, les infirmes et les opprimés étaient surtout les esclaves de l’erreur et du péché.

Quelle mansuétude, en effet, dans ce divin Maître ! Quelle tendresse, quelle compassion envers tous les malheureux ! Son divin Coeur nous est admirablement décrit par Isaïe en ces termes : « J’ai mis sur lui mon esprit : il ne criera point, il ne parlera pas haut. Il ne brisera pas le roseau froissé, il n’éteindra pas la mèche qui fume encore ».
Prêcher surtout par l’exemple
Le prêtre doit enfin prêcher la charité par son exemple autant que par ses parole car, si la lumière brille, elle réchauffe également. Il faut donc que le prêtre soit empli de la charité de Jésus : « Dieu est charité », dit saint Jean, « et nous, nous avons cru à la charité».

Cette charité, le prêtre doit d’abord la manifester en s’adressant à ceux qui ont reçu le baptême dans l’Église, à cette « famille de la foi » dont parle saint Paul aux Galates (6, 10).

Mais il doit la manifester aussi vis-à-vis de ceux qui sont dans l’ignorance des vérités du salut, de ceux qui sont dans l’erreur, de ceux qui sont dans le péché, de ceux qui sont dans la tiédeur.