20 juillet 2007

L’évêque qui obéit !
20 juillet 2007 - golias-editions.fr
Jean-Pierre Delarge, ancien éditeur, écrit à Mgr Simon, archevêque de Clermont suite à l’article de ce dernier dans "Le Monde" à propos du Motu Proprio.

Monsieur l’Archevêque,
Et si ce que vous appelez “la presse people” -bravo pour “Le Monde” où vous écrivez- représentait le gros des ouailles de l’église romaine ? Peu sensible aux nuances théologiques mais recevant les dits romains comme reflétant la vérité ?
N’est-ce pas un sophisme de dire que l’autorisation de la messe en latin constitue non un second rite mais “un double usage de l’unique et même rite” ? Il me paraît plutôt qu’il s’agit d’une pirouette destinée à amortir une décision unilatérale, contestée, vous le savez, par nombre de vos confrères, d’autant qu’elle les dépouille d’une partie de leur autorité sur leur dicocèse. J’avais appris en droit canon, à Louvain, que l’évêque était maître chez lui en matière disciplinaire, (c’était, il est vrai, celui de 1915).
Quant au fond : lorsque St Pierre du Chardonneret fût occupé, que Jean Guitton obtint des parties une transaction, que celle-ci fut refuée par Mr le cardinal Marty, j’ai pris parti pour que l’on accordat à Mr l’évêque Lefèbvre, licence de céléber comme il le voulait. A cette époque, j’étais président de la Communion de Boquen, c’est dire, assez éloigné des positions extrêmes de l’ancien évêque de Dakar. Je considérais la primauté de la liberté et l’opportunité de la diversité. Aujourd’hui pareille autorisation revêt un sens complétement différent : celui de faire revenir au bercail 150,000 égarés en cédant à leurs idées dont le rite n’est qu’un revêtement.
Qui se soucie encore du schisme des vieux-catholiques et ses 600,000 adeptes qui n’ayant jamais été récupérés, ne représentent qu’eux-mêmes ?
Le motu proprio ose le risque de perdre nombre de “conciliaires” qui après les incidents pontificaux, musulman, indien, théologique de la libération, de “Sacramentum Caritatis”, d’Amnesty international, et j’en passe, sans compter celui en préparation de la canonisation de Pie XII, vont amplifier la désertification des paroisses. Un radicalisme choisi en place d’une écoute des “signes du temps”. Qu’on le veuille ou pas, la société s’est modifiée ; les divorces nombreux, les familles recomposées, les prêtres mariés. Et l’on prive tous ceux-là et d’autres de sacrements quand Jésus a dit être venu pour les pécheurs et non pour les bien-pensants. Le mot de Sartre s’applique “Ils avaient les mains propres, mais ils n’avaient plus de mains”.
Les musulmans ont réagi, suivis des protestants et bientôt des juifs. Tous cela sans entamer la cause de l’oecuménisme croyez vous ?
Je ne doute pas de votre “lucidité” et de votre “intelligence”, mais je redoute la discipline aveugle qui n’a pas le courage de dire au pontife romain, les dangers qu’il fait encourrir à son, à notre église, et qui préfèrent manier la langue de bois à son service. Vous dites très justement que vous n’allez pas abandonner votre peuple, mais n’êtes vous pas solidaire de lui avant de défendre un “patron” quand il fait fausse route ? Et pourquoi ne pourrait-il le faire ? Congar, Chenu, Lubac et tant d’autres, ont obéi, se sont tus, ne se sont pas reniés et ont fait Vatican II, que Benoît XVI détricote progressivement.
Quant à la lettre aux catholiques de Chine, on ne peut que l’approuver d’autant qu’on y retrouve la pensée et l’action de Monsieur le cardinal Etchegarray.
Je n’espère pas que vous me répondiez puisque vous ne l’avez pas fait lorsque j’ai protesté contre votre attaque du dernier livre de l’Abbé Pierre, le 3 novembre 2005, -dès lors ma présente lettre devient “ouverte”-. mais j’ai passé trop de temps de ma vie à lutter afin que mon église ait une image évangélique pour laisser sans réaction votre article du 14 juillet 2007. Dès lors
Voulez-vous croire, Monsieur l’Archevêque, à l’assurance de ma haute considération ?
Jean-Pierre Delarge, Golias