28 janvier 2009





Le Pape pleinement solidaire avec les juifs 
28/01/2009 - Jean-Marie Guénois - lefigaro.fr
Mercredi, Benoît XVI a tenté d'éteindre la crise suscitée par les propos négationnistes de l'évêque lefebvriste Richard Williamson. Le scandale suscité par les propos négationnistes de Mgr Richard Williamson est tel que Benoît XVI a été contraint, mercredi, d'intervenir publiquement dans la polémique. Non seulement il a dû justifier sa décision, annoncée samedi, de lever l'excommunication qui frappait cet évêque et ses trois confrères ordonnés par Mgr Marcel Lefebvre. Mais il a surtout condamné la Shoah : «meurtre féroce de millions de juifs, victimes innocentes d'une haine raciale aveugle et religieuse». Il a rappelé qu'elle reste «un avertissement contre l'oubli, la négation et le réductionnisme». Ajoutant : «Je renouvelle avec affection l'expression de ma pleine et indiscutable solidarité avec [ les juifs] nos frères destinataires de la Première Alliance.»
Il est exceptionnel que Benoît XVI s'explique ainsi publiquement sur une de ses décisions. Cela indique la gravité de la crise aux yeux du Vatican d'autant que le Pape espère beaucoup pouvoir se rendre en Terre sainte au mois de mai prochain. Un projet de voyage qui suscite déjà beaucoup de doutes au Vatican depuis l'intervention israélienne à Gaza. Cette affaire de négationnisme alourdit donc un dossier très complexe pour l'Église catholique.
Le grand rabbin de Rome, Riccardo Di Segni, a toutefois fait très vite savoir que cette mise au point de Benoît XVI était ­«nécessaire et bienvenue» parce qu'elle contribuait à «clarifier des propos équivoques sur le négationnisme» et sur «le respect du concile Vatican II».
À Paris, le conseil permanent de la Conférence des évêques a aussi réagi, hier, par communiqué. Les évêques de France «condamnent fermement les paroles inacceptables et scandaleuses de Mgr Williamson. Ils redisent à la communauté juive de France leur engagement indéfectible au dialogue et à l'amitié. Ils rappellent que Benoît XVI ne cesse de signifier son attachement à une relation fructueuse entre juifs et chrétiens». Lundi, le Vatican avait précisé que le supérieur général de la Fraternité Saint Pie X, Mgr Bernard Fellay, avait demandé «pardon» au Pape et à «tous les hommes de bonne volonté» pour les propos négationnistes de Mgr Williamson.
«Miséricorde paternelle»
Benoît XVI a également profité de l'audience générale hebdomadaire, hier, pour expliquer pourquoi il a décidé de lever l'excommunication des quatre évêques lefebvristes. Cet acte, a- t-il observé s'inscrit dans l'esprit même de son pontificat qu'il veut voir marqué par «le service de l'unité qui qualifie, de façon spécifique» son «ministère de successeur de Pierre». Il précise que ce geste de «miséricorde paternelle» a voulu répondre à «la souffrance» que ces évêques ressentaient, et qui le disaient de façon «répétée» au Pape. Benoît XVI a conclu son explication par cette phrase : «J'espère que l'engagement sollicité de leur part pour accomplir les pas ultérieurs nécessaires pour réaliser la pleine communion avec l'Église, en témoignant ainsi de la vraie fidélité et de la vraie ­reconnaissance du magistère et de l'autorité du Pape et du concile Vatican II, suivra mon geste.»