6 octobre 2007





L'amertume du Curé
6 octobre 2007 - par "L'étranger" - leforumcatholique.org
Au nom du "groupe stable" que nous venons de former, je suis allé chez le curé d'une église importante de ma ville pour lui démander la messe tridentine. J'ai bien choisi ceux qui m'ont accompagné: le sacristain, l'économe et le jeune chef des enfants de choeur de cette parroisse. Des personnes, donc, auxquels le Curé ne pouvait pas dire de non. Eh bien, je vous avoue que ce prêtre m'a fait compassion.
Il savait qu'il ne pouvait pas nous renvoyer; il a consulté attentivement la liste de 50 signatures que nous avions, et à chaque fois qu'il y voyait le nom de quelqu'un qu'il connait, - cathechistes, fidèles, etc. - il gemissait: "Lui/elle, aussi!", et c'était comme un coup de poignard: *"Tu quoque Brute, fili mi".
Et il nous a donc ouvert son coeur: il nous a dit qu'il a souffert quand le motu proprio est sorti, car il y voit une trahison des acquis du Concile, un revenir en arrière dont il voit bien trop de signes. Il a dit être un fils du Concile, qu'il suivit en sa jeunesse avec espoir et enthousiasme. Lui dire que demander la vieille messe n'est pas renier le Concile, ça a été des mots inutiles.
Il nous a avoué qu'il pensait (wishful thinking...) que personne, ou presque, ne demanderait la vieille messe, et au contraire... que de signatures, et de qui! Et combien de jeunes qui trahissent le Concile, ce printemps de l'Eglise.
Nous lui avons expliqué que ces signatures avaient été recueillies en 8 jour, simplement par bouche à oreille, que d'autres arriveraient, et que nous n'avions fait signer que ceux qui s'étaient engagés à venir à la messe, et non de simples sympathisant. Tout cela, evidemment, a déprimé encore plus le reverendo.
Bref: ce prêtre, qui est d'ailleurs un très bon prêtre, a gagné mon respect et même estime avec sa sincérité et sa douloureuse résignation. Il m'a rappelé les communistes après la chute du mur de Berlin: gens qui ont cru toute une vie en quelque chose qui s'est écroulée.
Il est evident que ses raisons sont entièrement émotives, je dirais même viscerales et irrationelles: il n'a pas su opposer aucun argument logique. Et d'ailleurs, il y en a pas: nous ne voulons pas imposer la vieille messe à tout le monde, mais demander un petit coin à nous. Et quant au Concile, interprété selon cette hermeneutique de rupture, il suffit d'en voir les fruits en termes de pratique réligieuse et de vocations.
Mais je suis vraiment intéréssé aux motifs de la haine de beacoups de clercs envers toute chose "tradi". Leur attitude m'étonne au plus haut dégré: voilà des laïcs qui s'engagent, des jeunes qui s'occupent de l'Eglise, des instances de la base et du peuple de Dieu, de la démocratie et du pluralisme en parroisse, des gens qui se mêlent de liturgie; toutes choses qu'ils prêchent depuis des annés; et ils en sont accablés!
Il faut comprendre nos adversaires (ne fût-ce que pour les mieux combattre). Je me permets donc de proposer ce thème de discussion: quels sont les veritables raisons de la haine de tant de prêtres pour toute chose traditionelle? Comment atténuer ce sentiment? Ou bien est-il trop tard, et il faut laisser les morts enterrer leurs morts?
Cet argument me passionne beucoup. Merci donc à tout ceux qui voudront donner leur contribution a ce thème qui est, selon ma modeste opinion, central pour le succès du motu proprio.