18 octobre 2007





"La situation est préoccupante" - interview de Mgr Pascal Roland
18 octobre 2007 - La Semaine de l'Allier, n°133, page 8 - leforumcatholique.org
"La situation est préoccupante" Confronté à un manque flagrant de prêtres, l'évêque de Moulins, Monseigneur Pascal Roland, est contraint de réorganiser tout son diocèse, réduisant au passage le nombre de paroisses. Il s'en explique.
Extraits.

Question. Combien de séminaristes y-a-t-il en ce moment dans le Bourbonnais et ce nombre est-il suffisant pour l'avenir de l'Eglise locale ?
Réponse. Il y a actuellement cinq séminaristes. Ils ne sont pas dans le diocèse, mais suivent leurs études à Paris, au sein du séminaire de Paris, sous la direction du père Millet (originaire de Vallon en Sully). C'est une disposition qui a été voulue par mon prédécesseur, Philippe Barbarin. Ce nombre est faible, très faible. Il ne permet notamment pas d'assurer le renouvellement du clergé bourbonnais. Actuellement, il y a dans le diocèse de Moulins dix neuf prêtres de moins de soixante-cinq ans. Depuis le mois de janvier 2007, nous avons déjà enterré six prêtres. La situation est donc préoccupante.
Question. Comment comptez vous faire face ? Y-a-t-il un moyen pour faire venir plus de prêtres ?
Réponse. Nous nous organisons en conséquence. Depuis le 1er septembre, le nombre de paroisses a de nouveau évolué. De trente-neuf, nous sommes passés à dix-huit. Pourquoi dix-huit et pas vingt ou vingt-cinq ? C'est parce que ce nombre correspond exactement au nombre de prêtres âgés de moins de soixante-cinq ans. (...) [Ces dix-huit paroisses] recouvrent l'intégralité du territoire diocésain, soit les 320 communes, et au moins autant de clochers du Bourbonnais. Le faible nombre de prêtres peut aussi s'expliquer par d'autres éléments. Du fait de son histoire, le département de l'Allier n'a pas été fortement marqué par la foi catholique. Toutefois, l'histoire de l'Eglise est marquée par ces hauts et ces bas. Je suis persuadé que le travail que nous effectuons aujourd'hui portera un jour ses fruits et que la pratique religieuse renaîtra.
Question. Cela signifie-t-il qu'il y aura moins de messes dans les campagnes de l'Allier ? A l'heure où l'on parle d'une baisse notoire de la pratique religieuse, n'est-ce pas un mauvais calcul ?
Réponse. Il y aura effectivement un peu moins de célébrations dominicales. Et vous avez raison de dire que la pratique religieuse est en baisse. Toutefois, je constate que cette pratique a considérablement évolué dans le temps. Autrefois, on venait à l'office par tradition, un peu par obligation sociale en quelque sorte. Aujourd'hui, c'est un choix clairement et pleinement assumé par les chrétiens. Rien ne les oblige à sortir de chez eux le dimanche pour se rendre, souvent en famille, à la messe. La qualité de la foi s'en ressent donc très positivement. (...)
(...)
Question. Autre élément lié à la pratique religieuse, la recrudescence des adeptes d'un rite plus traditionnel. Sont-ils présents dans l'Allier ?
Réponse. Deux rites coexistent. L'un est prôné par les adeptes de Monseigneur Lefèvre. Ils sont sortis de l'Eglise et ne reconnaissent donc pas l'autorité du pape. Ils sont un petit nombre du côté de Vichy. L'autre réalité de cette tradition est la messe selon le missel de 1962. Un groupe existe sur Vichy. Et une demande m'est parvenue concernant une messe sur Moulins (laquelle est actuellement célébrée une fois par mois, ndlr). Il s'agit-là d'un mouvement minoritaire qu'il ne faut pas mettre en exergue. Cela correspond au choix de quelques-uns et c'est d'ailleurs une réalité très française. Dans cette histoire, le grand souci du pape est l'unité de tous les chrétiens. Il souhaite éviter toute séparation. Il vaut donc mieux prévenir que guérir et autoriser ponctuellement ces demandes qui restent, je le répète, très marginales dans l'Eglise d'aujourd'hui. Cela ne m'empêche pas de porter un regard optimiste sur l'avenir de l'Eglise dans le Bourbonnais. Nos chrétiens sont motivés et je sais qu'ils peuvent accomplir de grandes choses.