17 septembre 2007





La première messe en latin autorisée depuis 1962
17 septembre 2007 - ouest-france.fr
Des hommes et des femmes suivent pieusement la messe de 11 h ce dimanche. C'est la première dans le rite précédant le concile de Vatican II. Reportage.
Un vieux missel en mains, une centaine de fidèles s'est rassemblée dans la basilique Notre-Dame d'Espérance à Saint-Brieuc. Comme les vieilles images qu'on distribuait autrefois aux communiants, celle-là semblait appartenir au passé.
Pourtant, ils sont là priant, tête penchée vers le sol. Quelques fidèles demeurent à genoux pendant l'office. Des foulards, quelques mantilles aussi, ont fait leur retour sur des têtes féminines. Tandis que l'abbé Loisel, chancelier de l'évêché, célèbre sa première messe en latin. Il ne l'avait pas fait depuis 1962. Le prêtre a le dos tourné aux fidèles comme le veut le rite.
Sur le parvis, il y a du mouvement pendant l'office. Quelques curieux, parmi lesquels des catholiques traditionnalistes, qui ont leurs habitudes dominicales dans une autre église de la ville, viennent aux nouvelles. « Alors, comment c'est ? » demande une dame à une connaissance qui sort de la basilique. « Pas mal, mais ce n'est pas très chanté », répond, déçue, Renée-Françoise qui espérait entendre monter les chants grégoriens sous les voûtes. « C'est quand même une bonne nouvelle, un bon départ. »
On disait la messe à la Maison du peuple
À l'intérieur, la ferveur est totale. Le plus étonnant est peut-être la diversité des générations. Têtes blondes, têtes grises. Des familles avec des enfants, des poussettes.
« Vous n'imaginez pas combien je suis heureux d'assister à une messe en latin autorisée par l'évêque, dans mon diocèse », s'enthousiasme Jean, venu de Paimpol. Avant cette autorisation, pour suivre le rite auquel il tient, il assistait à la messe latine dite par la Fraternité Saint Pie X, mouvement intégriste fondé par Monseigneur Lefebvre, auquel il n'adhère pas. Comme un certain nombre de paroissiens présents sans doute.
Peut-on être traditionaliste sans être intégriste ? « Oui. Aujourd'hui l'Église est constituée de courants, il faut les accepter explique-t-il. Mais il faut aussi qu'on ait les moyens, qu'on puisse former une chorale, il faut des missels. Et surtout une messe tous les dimanches. Il ne serait pas normal qu'on doive retourner à la Fraternité un dimanche sur deux. » La messe en latin n'est autorisée qu'un dimanche sur deux. Quant à la chorale, l'appel aux belles voix a été lancé - en français - à la fin de la messe.
Anne Morin, elle aussi, est ravie : « On était entrés en résistance il y a 25 ans. On louait à la mairie la maison du Peuple. La messe était dite sur la scène ! » Quant à Pierre, par manque d'habitude, il en avait oublié son missel : « J'étais enfant de choeur avant Vatican 2. Alors, ce qui se passe aujourd'hui, ça rajeunit ! »
Marie-Claudine CHAUPITRE.

(1) La messe en latin, dite de Saint Pie V, est autorisée par un décret (motu proprio) de Benoît XVI, du 7 juillet dernier. Sur dix demandes formulées, il y en a eu trois dans l'Ouest, dont celle des Côtes-d'Armor.