13 juin 2007





Histoire d'une rupture
La Semaine du Pays Basque n° 718 du 7 au 13 juin 2007 - Dominique Mariau - Mis en ligne par laportelatine.org
La rupture entre Ecône et le Vatican est à l'image de la vie de Marcel Lefebvre, archevêque fondateur de la Fraternité Saint-Pie X : un enchaînement complexe de désaccords sur des points de détail entre des gens animés de convictions semblables. Mgr Lefebvre (1905-1991) était issu d'une famille très catholique du nord de la France : sur huit enfants, cinq embrassèrent une carrière religieuse. Son père, deux fois condamné à mort par le régime nazi pour faits de résistance mourut en février 1944 au camp de concentration de Sonnenberg. Et paradoxalement, certains fustigeront plus tard son fils Marcel pour des tendances un peu trop à droite de la droite. En fait, Marcl Lefebvre était évidemment anti-nazi, et après la libération, il fut bien considéré par Pie XII qui lui confia une importante mission en Afrique : former des évêques. Mission réussie puisqu'il laissa sa place... à un évêque africain.
C'est pendant le concile Vatican II, au début des années 60, qu'il manifesta ses premiers refus du modernisme proposé par Rome. Il fonda la Fraternité Saint-Pie X en 1970, un séminaire à Ecône, près de Sion, où il distilla une formation appréciée, comme il l'avait fait en Afrique. Sauf que cette fois le pape Paul VI cria stop dès 1976, ce qui ne fit pas reculer le français, lequel continua à défendre une liturgie traditionnelle avec la messe en latin, et à s'opposer à tout rapprochement avec les protestants. La rupture s'accentua avec Jean-Paul II en 1988, en dépit de la médiation d'un certain...Joseph Ratzinger, qui depuis a fait une belle carrière.
De grands mots furent employés : excommunication, schisme, hérésie, mais la rupture entre Rome et Ecône ne fut jamais totale. Implantée dans cinquante pays sur les cinq continents, la Fraternité Saint-Pie X a parfaitement survécu à son bouillant fondateur, et si on imagine mal un retour au sein du giron pontifical, on doit constater qu'il existe aujourd'hui une meilleure compréhension entre les traditionalistes et les progressistes. Ce qui fait l'unanimité, c'est que l'enseignement reçu à Ecône est de qualité, et que les éléments qui en sont issus sont aptes à faire carrière partout dans le monde.