4 novembre 2006




Une assemblée d'évêques sur fond de crise
Sophie de Ravinel - 4 novembre 2006 - lefigaro.fr
Le dossier ultrasensible de la liturgie traditionnelle s'invite à leur rencontre. UNE CENTAINE d'évêques se réunissent à Lourdes à partir d'aujourd'hui et jusqu'à jeudi pour leur assemblée bisannuelle, sur fond de crise liturgique. Quoique non-inscrite officiellement à leur agenda de travail, la question des traditionalistes et de la liturgie tridentine en latin, qui agite l'Église de France depuis la rentrée, sera largement abordée. « Les évêques ont besoin d'échanger sur ce dossier, mais aussi de redire leur attachement au concile Vatican II », estime la directrice de la communication de la Conférence des évêques de France, Élisabeth Cordier. « Je ne pense pas que l'on puisse parler d'une situation de crise, note-t-elle, mais il est vrai qu'il y a un débat entre eux et des inquiétudes ont été exprimées ». Deux provinces ecclésiastiques, celle de Normandie et celle de l'Est - soit une quinzaine d'évêques - ont publié chacune de leur côté une lettre pour manifester publiquement leurs « inquiétudes » concernant une éventuelle libéralisation par Rome du rite liturgique latin antérieur au concile Vatican II, aujourd'hui strictement encadré par les évêques, dans les diocèses.
Une visite à Benoît XVI
D'autres évêques ou cardinaux sont intervenus dans ce dossier ­à titre personnel ou au titre de leurs responsabilités. Le président de­­ la Conférence des évêques, Mgr Jean-Pierre Ricard, a ainsi souhaité se rendre à Rome pour travailler cette question avant l'assemblée. Il a été reçu par Benoît XVI le 26 octobre.
« Les évêques ne se sentent pas menacés par cette question qu'ils abordent avec sérénité », affirme Élisabeth Cordier. Même si le dossier de la liturgie traditionaliste occupera beaucoup les conversations cette semaine, dans les couloirs et en réunion, les évêques n'entendent pas se laisser envahir par le sujet. Lors de son discours d'ouverture, demain matin, le cardinal Jean-Pierre Ricard devrait ainsi faire l'énumération des trois thèmes sur lesquels ont travaillé des groupes d'évêques tout au long de l'année et sur lesquels ils vont encore plancher en assemblée. Celui des « différences structurantes de la vie sociale » entre homme-femme, père-mère ou frère-soeur sera l'occasion pour l'épiscopat de faire entendre publiquement sa voix au sujet de l'homoparentalité.
Un thème de campagne dont se sont déjà saisis la plupart des candidats à la présidentielle. L'évêque d'Angers, Mgr Jean-Louis Bruguès, président de la commission doctrinale des évêques, fera travailler ses pairs les jours prochains, sur la base de réflexions menées par des experts tels le psychanalyste Jacques Arènes, le théologien Xavier Lacroix ou la juriste Catherine Labrusse-Riou. Ce dossier, pour les évêques, devrait être plus consensuel que celui consacré à l'enseignement catholique, à son identité et à sa place, aussi bien dans la société que dans les diocèses. Les déclarations isolées mais retentissantes de l'évêque d'Avignon, le mois dernier, ont fait trembler quelques murs. Mgr Jean-Pierre Cattenoz, dans une interview à l'hebdomadaire Famille Chrétienne, souhaitant que « le Christ soit vraiment au centre de l'enseignement catholique », avait menacé de retirer l'agrément d'école catholique à ceux des établissements de son diocèse qui n'incluraient pas d'heures « de transmission de la foi » dans leur programme.
Pour sa part, le président du groupe de travail sur ce dossier, Mgr Éric Aumônier, évêque de Versailles, avait affirmé dans nos pages : « Nous souhaitons une proposition de la foi qui soit claire, mais pas de prosélytisme ou de sélection sur la religion ou l'origine sociale. » Pour lui, « cette proposition passe par les valeurs évangéliques qui imprègnent l'ensemble de l'acte éducatif et ne se résument pas à quelques heures sur un programme ».
Enfin, un autre dossier pouvant rejoindre les questions liturgiques concernera « le ministère des prêtres diocésains et la communauté paroissiale ». Un sujet sensible du fait de la raréfaction et du vieillissement du clergé.