3 mars 2007

Premières ordinations de prêtres chez les traditionalistes de l'Institut du Bon-Pasteur
03 mars 2007 - Sophie de Ravinel - Le Figaro
Un prélat du Vatican va ordonner ce matin, dans le diocèse de Chartres, deux prêtres et deux diacres chez d'anciens lefebvristes. LA DIZAINE de séminaristes de l'Institut du Bon-Pasteur s'est ­installée dans les bâtiments de l'ancienne école ménagère, à Courtalain (Eure-et-Loir). Et c'est dans la petite église paroissiale de ce village de 600 âmes que va se dérouler ce matin à dix heures l'ordination selon le rite tridentin (saint Pie V) de deux prêtres et de deux diacres, par l'ancien responsable du Tribunal de la pénitencerie apostolique, au Vatican, Mgr Luigi De Magistris.
« Une première en France ! » proclame l'abbé Philippe Laguérie, à la tête de l'Institut, qui oublie que, le 29 juin 1993, le cardinal Decourtray avait déjà ordonné dans ce rite trois prêtres de la Fraternité Saint-Pierre, à Lyon.
Mais l'événement est tout de même de taille au sein de la galaxie traditionaliste. Une sorte de concrétisation du retour au bercail romain de ces fidèles qui, avant la création par Rome de leur Institut en septembre dernier, appartenaient encore aux lefebvristes. Une convention venant régulariser leur situation à Bordeaux, avec une période d'essai de cinq ans, a été signée le 1er février avec l'archevêque, Mgr Jean-Pierre Ricard. Si ces ordinations ont lieu à Courtalain - où l'on attend près de 400 personnes -, « c'est pour faire baisser la pression sur le diocèse de Bordeaux », explique l'évêque de Chartres. Avant de donner son accord, Mgr Michel Pansard, qui ne sera pas présent à la messe d'ordination, a consulté les « conseils » du diocèse, constitués de prêtres et de laïcs. « Il y a eu débat, concède l'évêque, mais j'ai pris la décision d'accepter. » Selon lui, « il y a encore de la route à faire sur le chemin de la réconciliation, emprunté avec leur retour. Mais il ne faut pas systématiquement leur chercher de noises. D'autant qu'ils ne créent aucun trouble. » Mgr Pansard a tenu à diffuser, sur son diocèse, un communiqué allant en ce sens.
« Les prêtres sont discrets »
À Courtalain, cette présence a pu surprendre lors de leur installation, à la fin de 2006. Mais selon le maire, désormais, ils passent « presque inaperçus ». « Les prêtres sont discrets, ils sont arrivés ici par le biais du marquis de Gontaud-Biron qui leur loue l'ancienne école », explique Annie Goannopoulos. La boulangère du village se frotte les mains.
Elle pourrait bien vendre davantage de pain encore, si l'on en croit l'abbé Guillaume de Tanouärn, membre de l'Institut et responsable du Centre Saint-Paul à Paris. « Des séminaristes, il en arrive de nouveaux chaque jour, surtout d'Amérique du Sud », soutient l'abbé.
Dans le petit monde de la tradition, le cursus des impétrants à l'ordination suscite la polémique. Certains ont effectué des séjours dans divers instituts en union ou non avec Rome, avant d'être accueillis au Bon-Pasteur. Mais l'abbé de Tanouärn coupe court : « Une crise sérieuse secoue en ce moment la Fraternité Saint-Pie X [lefebvriste]. Ils renvoient de leur séminaire, sans leur donner de motif, ceux dont ils doutent de l'obéissance aux supérieurs. »