23 février 2009





La réconciliation avec les intégristes vue par les chrétiens d'Eure-et-Loir
23 février 2009 - Philippe Abline - larep.com
Dans le département comme ailleurs, la levée de l'excommunication des évêques intégristes met la communauté catholique mal à l'aise. Les sentiments de l'évêque, d'un prêtre et d'un fidèle. Les prêtres font des mises au point en fin de messe, l'évêque de Chartres, Mgr Michel Pansard, a retranscrit les propos qu'il a tenus devant le micro de Radio Grand Ciel et les a fait distribuer dans les paroisses, un espace de réactions a été ouvert sur le site Internet du diocèse Le décret de levée d'excommunication des évêques de la Fraternité Saint-Pie X suscite échanges et interrogations depuis quelques semaines au sein de la communauté chrétienne eurélienne.

Journaliste à Radio Grand Ciel, Christophe Jubien, s'il ne reçoit pas beaucoup d'appels d'auditeurs - « ce n'est pas une habitude chez nous » - sait que les prêtres doivent faire face à beaucoup de questions sur le sujet. L'évêque de Chartres y a répondu lors d'une interview diffusée à l'antenne (lire des extraits ci-dessous). Et ne souhaite pas en dire plus.
Des inquiétudes
En substance, Mgr Michel Pansard répond qu'il comprend les inquiétudes quant à ce qui pourrait être pris pour un reniement du concile Vatican II. Il reçoit aussi les observations sur un défaut de communication et le « télescopage de cette levée d'excommunication avec les propos négationnistes » tenus par Mgr Williamson, l'un des quatre évêques de la Fraternité Saint-Pie X.

C'est effectivement ce qui a gêné Vincent Alix, un laïc actif dans sa paroisse de La Loupe, impliqué dans la vie de l'Église en général (il est parti trois ans avec sa femme, enseignante comme lui, au Burkina Faso dans le cadre de la délégation catholique pour la coopération). « Je suis né avec le concile Vatican II, je n'ai connu qu'un seul pape, Jean-Paul II, et je sens qu'il y a dans la mouvance intégriste des intransigeances qui ne vont pas dans le sens du respect » explique-t-il.

Vincent Alix, - et d'autres avec lui, la presse catholique a été inondée de correspondances ces dernières semaines - ne cache pas son malaise. Attaché à l'église et au pape, son représentant, il souhaite bien sûr lui rester loyal mais ne peut s'interdire d'émettre des critiques.

Le retour à un peu plus de tradition, « pourquoi pas ? » estimait-il. Même si la permission accordée par Benoît XVI de revenir à l'ancien missel (la messe en latin) avait été diversement accueillie au sein de la communauté chrétienne. La levée de l'excommunication aurait pu, selon lui, être comprise comme une main tendue. Une perche que les intégristes pouvaient saisir, en faisant eux aussi des efforts.
Défaut de communication
Mais cette volonté a, selon le Loupéen, souffert d'un défaut de communication important. Et la coïncidence avec les propos négationnistes tenus par Mgr Williamson ne pouvait pas plus mal tomber. « Je souhaite à la fois pouvoir accepter ce que dit le pape mais je ne tiens pas à supporter ce que disent certains chrétiens quand leurs propos portent atteinte à l'amour, qui est l'essence de ma foi » résume Vincent Alix. Pour qui cette situation rend la critique plus ouverte et plus évidente.

Faut-il, fort de ce constat, engager une réflexion sur l'église ? Celle-ci manque d'espaces de parole et devrait en profiter pour en créer estime le prêtre Roger Wilhem (lire ci-contre). « Pour que cette crise soit salutaire. » Il n'est sans doute pas le seul à le penser.
L'explication de l'évêque
Le diocèse de Chartres n'a pas échappé aux doutes et réflexions suscités par la levée de l'excommunication. Des commentaires de fidèles apparaissent sur le site Internet du diocèse. Quelques-uns seulement, et majoritairement favorables à la décision du pape, comprise comme un acte répondant à la volonté d'unité de l'église.

Mais Mgr Michel Pansard a tout de même dû pallier le « déficit de communication » de Rome. Pour lui, en levant l'excommunication des évêques intégristes, « le pape fait comme une remise de peine suite à une faute sanctionnée.

Pour reprendre l'image du feu tricolore, cela signifie que le pape a relevé la barrière pour ne pas s'enfermer définitivement dans une séparation. Mais le feu n'est pas devenu vert, il est devenu orange clignotant. »
Philippe Abline