15 juillet 2008

A 60 jours de la venue du Saint Père à Paris, voilà comment la paroisse Saint-Etienne-du-Mont (Paris 5ème) accueille son Motu Proprio Summorum Pontificum
15 juillet 2008 - lettre 120 de paixliturgique.com
A 60 jours de la venue du Saint Père à Paris, voilà comment la paroisse Saint-Etienne-du-Mont (Paris 5ème) accueille son Motu Proprio Summorum Pontificum Nous publions ci-après le témoignage éloquent d'un groupe de fidèles paroissiens de l'église Saint-Etienne-du-Mont, dans le 5ème arrondissement de Paris. Ce témoignage en dit long d'une part sur le soi-disant " dialogue" d'un clergé qui dit qu'il n'a pas de demande d'application du Motu Proprio et qui n'écoute pas les demandeurs et d'autre part sur la manière dont tout est fait à Paris pour ne pas appliquer le Motu Proprio de Benoît XVI.

Où en êtes vous dans le 5ème arrondissement de Paris, concernant l’application du Motu Proprio ?
Nous sommes 50 à avoir signé la demande d’une messe hebdomadaire à Saint-Etienne-du-Mont, soit 146 personnes avec les familles. Un gros tiers des demandeurs résident sur le territoire paroissial stricto sensu. Les autres sont à peu près tous sur les paroisses limitrophes – il s’agit fréquemment de personnes liés à la paroisse via les services d’aumônerie qu’assure son clergé, au Lycée Henri IV ou à l’école des Dominicaines qui est toute proche.
Nous avons déposé notre demande aux environs de Noël, le curé nous a répondu début juin. C’est non.
Explique-t-il son refus ?
Bien sûr. Sa lettre liste plusieurs raisons qui viennent en quelque sorte s’ajouter à celles données de vive voix en septembre 2007 : Il faudrait revoir l’organisation du dimanche, des gens viendraient d’autres paroisses, « voire même du sud-est parisien », etc. Mais l’argument principal semble être que cette messe est déjà célébrée à Saint-Germain l’Auxerrois.
C’est également la position du diocèse, contacté suite au refus de notre curé. Par la voix de Mgr Chauvet on nous répond qu’« il y a encore de la place à Saint-Germain de l’Auxerrois ». Et aussi : « Pourquoi disperser les communautés ? »
Il est vrai que cette messe est déjà autorisée dans plusieurs églises de Paris.
Notre demande n’est pas d’aller ailleurs dans le diocèse, fut-ce à 15 ou 20 minutes de métro seulement. Ce que nous voulons c’est la messe sous sa forme extraordinaire dans notre paroisse – à défaut dans une autre église de notre quartier. Je dirais même : ce que nous voulons, ce que veulent 146 personnes qui auraient facilement pu être le double ou le triple si nous avions fait une information à la sortie des messes de notre paroisse, c’est le Motu Proprio Summorum Pontificum. Nous pensons que notre démarche s’inscrit dans sa lettre comme dans son esprit. Le Cardinal Castrillon Hoyos le répétait encore en mai dernier dans une interview à la revue italienne « Jésus » : « le Pape a voulu offrir à tous une nouvelle occasion de profiter de l'énorme richesse spirituelle, religieuse et culturelle présente dans la liturgie de rite grégorien. Le Motu proprio a été conçu comme un trésor offert à tous, et non fondamentalement pour répondre aux lamentations ou aux demandes de qui que ce soit ».
Allez-vous en appeler à Rome ?
Il ne s’agit pas de « faire appel », ce n’est d’ailleurs pas dans cet esprit que nous nous sommes adressés au diocèse. Nous regrettons le refus de notre curé mais nous en prenons acte. Nous allons simplement signaler notre existence à la Commission Ecclesia Dei, selon l’article 7 du Motu Proprio.
En attendant nous ne perdons pas espoir. Si notre curé acceptait de dire (ou de faire dire) la messe selon sa forme extraordinaire, ne serait-ce que de manière ponctuelle quelques dimanches dans l’année, cela serait pour nous un signe fort qu’il y a une place pour nous –avec notre sensibilité liturgique– dans notre paroisse.

LES COMMENTAIRES DE PAIX LITURGIQUE
- Voilà un groupe de fidèles qui n'a pas employé les "mauvaises méthodes de Paix Liturgique" et au contraire à voulu utiliser les "bonnes méthodes" du dialogue discret et délicat. En effet, ces fidèles n'ont pas souhaité organiser de pétition, ni se faire connaître à la sortie des messes de Saint-Etienne-du-Mont, ni alerter la presse locale ou encore faire de la publicité via internet. Quelques mois après cette tentative le résultat est sans appel : C'est NON ! Pas de Motu Proprio à Saint-Etienne-du-Mont ! Pas le moindre commencement de début de dialogue non plus avec les fidèles... Pourquoi d'ailleurs rencontrer des gens dont on ne souhaite pas que leur sensibilité existe et dont on sait qu'on refusera - a priori - leurs demandes...
- L'exemple de Saint-Etienne-du-Mont en dit long sur le sérieux et la crédibilité à prêter aux arguments de ceux qui, pour refuser d'appliquer le Motu Proprio dans leurs paroisses, disent : "J'étais prêt à donner quelque chose mais Paix Liturgique est derrière tout ça, il y a trop de ceci, pas assez de cela, je ne voulais pas de publicité, dans ces circonstances je ne peux vraiment rien faire...( OUF !) "
- Comment croire un seul instant en ces comédies qui ne sont qu'une expression supplémentaire de la culture du mépris qui continue de régner chez trop de clercs français à l'endroit des fidèles attachés à la liturgie traditionnelle de l'Eglise. Quelle que soit la forme de la demande, confidentielle ou publique, structurée ou informelle, c'est non, non et toujours non ! Le Motu Proprio de Benoît XVI n'a pas droit de cité dans les paroisses parisiennes qui commencent seulement en 2008 à appliquer avec un peu plus de largesse et de générosité, le Motu Proprio de 1988 avec son lot de réserves indiennes que l'on critique mais que l'on tient à conserver pour éviter la contagion dues aux effets de ce même Motu Proprio.
- Avec de tels agissements, pas étonnant qu'on puisse lire dans La Croix du 6 juillet dernier "Un an après la publication de « Summorum Pontificum », par lequel Benoît XVI a libéralisé la liturgie d’avant Vatican II, peu de demandes ont été déposées". Plus surprenants en revanche sont les propos (dans La Croix du même jour) de Monseigneur Patrick Chauvet, vicaire général du diocèse de Paris aux termes desquels à Paris "On dénombre en général cinq ou six personnes par paroisse qui demandent une célébration selon la forme extraordinaire, ... du coup, nous les rassemblons par arrondissement » . Parti pris, manque d'informations, décalage entre les hautes instances du diocèse et la réalité des paroisses ?
- Il n'est plus acceptable que les fidèles qui demandent l'application du Motu Proprio de Benoît XVI de 2007 dans leurs paroisses soient traités, au mieux, comme des niais à qui l'on propose une application limitée de Motu Proprio de Jean-Paul II de 1988, ou comme c'est plus souvent le cas, comme des chrétiens de seconde catégorie qui ne méritent même pas qu'on leur parle.
Une question reste en suspens : Quand la situation va-t-elle enfin se débloquer ? Pouvons-nous l'espérer pour les premiers jours de septembre ? Ou faudra-t-il faire appel au Saint-Père lui-même ?
Sylvie Mimpontel
Présidente du mouvement pour la Paix Liturgique et la Réconciliation dans l’Église