23 décembre 2011

[Dom Romain] La réponse de Mgr Fellay, destinée à Rome, est arrivée dans la mauvaise boite aux lettres

SOURCE - Dom Romain - catholink.ch - 23 décembre 2011

La réponse attendue par Rome, semble être arrivée dans une autre boîte aux lettres. Datée du mercredi 21 décembre, la «lettre aux bienfaiteurs», reprend une grande partie des «pierres d’achoppement» entre l’Eglise et la FSSPX. Mgr Fellay explique que l’Eglise ayant perdu la foi en la Divinité du Christ et sa Royauté, ou tout du moins n’en tirant pas les conséquences concrètes, l’erreur s’introduit dans la doctrine catholique. Un Concile qui modifie «la proclamation de tous les âges»; le droit à la liberté religieuse, en lieu et place d’une «juste tolérance»; l’œcuménisme, qui renonce à «proclamer des vérités pourtant salvifique»; la diminution de l’autorité, qui voit passer l’Eglise d’une «monarchie gouvernée par un seul», à «la parodie parlementaire des conférences épiscopale, la contestation des responsables laïcs et une quantité de conseils et commissions». Et de conclure en disant: «Tant que l’on ne voudra pas quitter cet air libéral qui empeste l’Eglise, celle-ci continuera de dépérir». La critique est, une fois de plus, sans concession et la question se pose tout naturellement: Comment les lefebvristes pourront-ils trouver place dans l’Eglise du troisième millénaire, celle qui ne semble plus correspondre – selon eux – à «l’Eglise de toujours»?

Benoît XVI, dans ses vœux à la curie romaine (cf. mon post), parlait d’une Eglise marquée par la  «crise de la foi» et pas d’une «perte de la foi». Il ne se contente pas de faire le constat, il propose le remède. Une foi joyeuse et engagée: L’expérience des JMJ. La vie sacramentelle: la grâce du sacrement de confession. Une vie proche de la personne du Christ: Le silence de l’adoration Eucharistique.  De plus il fait la différence entre le vieux continent et les jeunes églises. D’une façon étonnante le thème de l’enfer et de la damnation se retrouve dans les vœux du Saint Père et la lettre de Mgr Fellay. Je cite les deux documents, la comparaison est assez intéressante:
«Et alors, une chose fondamentale est devenue évidente pour moi: ces jeunes avaient offert dans la foi une partie de leur vie, non pas parce que cela a été commandé et non pas parce qu'avec cela on gagne le ciel; non pas non plus parce qu'on échappe ainsi au péril de l'enfer. Ils ne l'avaient pas fait parce qu'ils voulaient être parfaits. Ils ne regardaient pas en arrière, vers eux-mêmes. Il m'est venu à l'esprit, l'image de la femme de Lot qui, regardant en arrière, devint une colonne de sel. Combien de fois la vie des Chrétiens est caractérisée par le fait qu'ils regardent surtout vers eux-mêmes, ils font le bien, pour ainsi dire, pour eux-mêmes! Et combien est grande la tentation pour tous les hommes d'être préoccupés surtout d'eux-mêmes, de regarder en arrière vers eux-mêmes, devenant ainsi intérieurement vides, "des colonnes de sel"! Ici, au contraire il ne s'agissait pas de se perfectionner soi-même ou de vouloir avoir sa propre vie pour soi-même. Ces jeunes ont fait du bien – même si cela a été rude et a requis des sacrifices –, simplement parce que faire le bien est beau, être pour les autres est beau. Il suffit seulement d'oser faire le saut. Tout cela est précédé de la rencontre avec Jésus Christ, une rencontre qui allume en nous l'amour pour Dieu et pour les autres et nous libère de la recherche de notre propre "moi". Une prière attribuée à saint François Xavier dit: Je fais le bien non parce qu'en retour j'entrerai au ciel et non plus parce que tu pourrais m'envoyer en enfer. Je le fais, parce que Tu es Toi, mon Roi et mon Seigneur». (Benoît XVI, vœux à la curie romaine, décembre 2011)

«Bien évidemment nous avons à cœur le salut et le retour au bercail de toutes ces âmes si chères au Cœur de Notre Seigneur puisqu’il les a rachetées au prix de sa vie! Mais la manière de faire actuelle n’a plus rien de commun avec le souci de l’unité de l’Eglise des siècles passés. Tout le monde est supposé bon et, par conséquent, la perspective que certains pourraient se damner éternellement fait crier au scandale. On prêche que l’enfer est vide ou presque. L’enseignement de l’Eglise est tout autre…» (Mgr Fellay, lettre aux amis et bienfaiteurs N° 79)
Pour conclure je termine avec cette phrase, extraite de l’un des deux discours, et proposée comme solution à la situation actuelle: «…il faut «restaurer toutes choses dans le Christ» ( Ep 1,10 ). Partout et en tout Lui donner la première place, à Lui qui veut être tout en tous». Ces mots, ont-ils été prononcés  par Benoît XVI ou par Mgr Fellay? Peut-être par les deux… qui pourrait contester St Paul? Mais la vraie question est comment le faire, dans quel état d’esprit, en face du monde, en face de nos concitoyens, de nos contemporains, des membres de nos familles!
Benoït
Pour le texte intégral de Mgr Fellay: Lettre aux amis et bienfaiteurs N°79.

Dom Romain