23 septembre 2011

[Rivarol / Maurice Pinay] Lettre de Mgr Fellay à Mgr Williamson

SOURCE - version française publiée par Rivarol le 10 novembre 2011 - original publié en anglais - 23 septembre 2011

Dans le long entretien que lui a accordé le directeur de Sodalitium dans RIVAROLdu 28 octobre, Jérôme Bourbon, dans une de ses questions, faisait brièvement allusion à la lettre en anglais de Mgr Fellay à Mgr Williamson, que l’on peut lire sur le blog de Maurice Pinay et dans laquelle le supérieur de la Fraternité menace d’exclusion de la FSSPX son confrère dans l’épiscopat, ainsi qu’il l’avait déjà fait il y a quelques mois dans un communiqué public si Mgr Williamson ne changeait pas aussitôt d’avocat pour son procès en appel à la suite de ses déclarations révisionnistes. Voici la traduction intégrale de cette missive datée du 23septembre et qui a été authentifiée par Mgr Williamson sur le blog en question :
Menzingen, 23 septembre 2011.
Monseigneur,
Je serais heureux de vous inviter à la réunion des supérieurs au début du mois d’octobre à Albano, réunion dont la nature et la composition ont été quelque peu modifiées en raison des événements présents et de vous envoyer un texte au sujet duquel Rome attend une réponse.
Cependant je me vois obligé de mettre des conditions à la réalisation de l’un et l’autre de ces points.
Tout d’abord en ce qui concerne le texte, je vous demande le serment écrit que vous ne livrerez à personne ni le document, ni son contenu. Trop de fois par le passé, vous avez manqué à la discrétion, je me dois donc de vous soumettre à cette procédure, mais ce n’est pas de gaieté de cœur…
Ensuite, pour ce qui regarde la réunion d’Albano, je ne peux vous y inviter que dans la mesure où vous cessez la publication des Kyrie eleison comments. La raison vous en a déjà été donnée à maintes reprises, de même que l’ordre d’arrêter. Vous avez pensé devoir passer outre au nom de la prédication et de la défense de la foi, prétextant que l’on n’avait pas le droit d’empêcher un évêque d’accomplir son devoir de prêcher et de défendre la foi. Mais cette prédication et cette défense de la foi s’inscrivent dans des circonstances concrètes qui peuvent fort bien exiger l’intervention des supérieurs. Du reste, aucun autre évêque de la Fraternité ne publie de lettre circulaire et pourtant aucun ne s’estime empêché de s’exprimer.
En outre, les conséquences de votre attitude sont néfastes pour la Fraternité: vous distillez la méfiance à l’égard de Menzingen et du Supérieur général. Vous ne pouvez pas vous empêcher de communiquer à votre entourage ce sentiment. La révolution ne ferait pas mieux pour miner l’autorité… et vous faites cela au nom d’une hypothétique et possible trahison du Supérieur général… C’est très grave.
D’autant plus qu’un certain nombre d’éléments montrent que votre action n’est pas que théorique :
A un prêtre argentin, qui vous demande conseil, vous lui déconseillez d’entrer dans la Fraternité.
A un laïc américain vous écrivez que l’apostasie de l’Eglise moderne est plus avancée que celle de la Fraternité. Comment pouvez-vous tenir de pareils propos, faux et injustes, contre cette Fraternité dont vous êtes encore membre…?
Il existe dans les milieux anglo-saxons un réseau qui infiltre la Fraternité pour préparer une scission. Vous êtes la figure de proue préconisée par ce mouvement, l’ami de ses chefs et vous faites leur jeu.
Et vous nous parlez d’os bilingua! Quant à l’unité de la Fraternité, celui qui la met le plus en danger, c’est vous Monseigneur! tout cela au nom de la défense de la foi.
A un moment aussi grave que celui du face-à-face dans lequel nous nous trouvons avec le Saint-Siège, face-à-face dont l’issue sera déterminante pour notre avenir et pas sans conséquence pour toute l’Eglise, je vous demande donc, encore une fois, de garder le silence, ce jusqu’à nouvel ordre. Le non-respect de cette directive entraînerait d’une part la non-invitation à la réunion d’Albano et d’autre part le début du processus canonique conduisant à l’exclusion de la Fraternité. J’attends donc votre réponse.
Tout cela est bien triste et totalement indépendant de l’issue du face-à-face susmentionné, quoi que vous puissiez penser. La perte d’un évêque est l’une des pires choses qui pourrait arriver à la Fraternité, il ne tient qu’à vous de lui épargner cela.
Veuillez, croire, Monseigneur, à mes prières instantes auprès du Cœur Sacré de Jésus.
Bernard Fellay.