2 février 2011

[Paix Liturgique] Dans une Eglise sans prêtres, un incroyable gâchis: des "nouveaux prêtres" qui crient au secours sans être entendus

SOURCE - Paix Liturgique, lettre 268 - 2 février 2011

L'abbé Yannick Escher, prêtre suisse, a quitté l'abbaye Saint-Maurice d'Agaune, l’été dernier, pour rejoindre la Fraternité Saint-Pie-X. C’est tout à l’honneur de cette Fraternité de l’avoir accueilli, comme elle a fait récemment de même pour un prêtre italien, sans « pavoiser ». En France, il aurait fait de même, ou bien il aurait rejoint telle ou telle autre Fraternité Ecclesia Dei, ou encore le diocèse de Fréjus-Toulon. En Italie, il se serait joint à ce prêtre diocésain qui s’est lui aussi agrégé à la FSSPX, ou il serait peut-être allé chez les Franciscains de l’Immaculée. La vérité est qu’il a été obligé, en quelque sorte, de « jeter l’éponge », comme sont prêts à le faire tant et tant de prêtres dans son cas, auxquels le ministère diocésain est rendu spirituellement, moralement et psychologiquement impossible.

Dans une récente vidéo diffusée par l'agence DICI et consultable ici, il dresse un constat alarmant de la situation du clergé après le Concile Vatican II. Le pire est que tous les responsables ecclésiastiques qui voudraient le redressement de l’Église savent cela : ce prêtre ne fait que dire ce qu’une immense majorité de jeunes prêtres leur disent aujourd’hui, en criant au secours. Mais que font-ils concrètement pour eux ?

De cette vidéo, déjà largement rendue publique sur Internet, nous vous proposons, pour notre part, sa transcription intégrale, conservant ses titres, et suivie de nos commentaires.

I – LE DOCUMENT

1 – Le prêtre d'aujourd'hui est une victime

Imaginez un prêtre lambda qui arrive dans une paroisse. Il se trouve seul au milieu des ruines bien souvent. Alors on dira que c'est excessif, caricatural, mais il faut regarder la réalité en face. Qu'est-ce qui se passe ? Peu de personnes au catéchisme, des têtes grises, des églises dans un pas trop bon état - ça dépend des régions et des pays -, et une surcharge de travail, de messes, de ministères. Il mène une vie de fonctionnaire, toujours en train de préparer quelque chose, de courir d'un endroit à l'autre, et il semble qu'il voie peu de résultat. Et puis une grande solitude. Donc il est victime de ce qui a été mis en place dans les années de l'après-Concile, où tout le tissu paroissial a été détruit.

On fait souvent l'erreur de dire que c'est le monde qui a changé. Ce n'est pas nous, c'est la faute du monde. C'est trop facile. On se décharge toujours sur les autres et on trouve le bouc-émissaire, on se dit : c'est le monde, c'est la mentalité des gens, les gens ne sont plus chrétiens... Ce n'est pas le monde qui a fait fermer les écoles catholiques, les hôpitaux catholiques, qui a fermé les patronages. Ce n'est pas le monde, ce sont les prêtres qui ont décidé de fermer, de changer.

Je citerai ce que disait l'abbé Ducarroz, qui est prévôt de la cathédrale Saint-Nicolas à Fribourg, dans un moment de grande lucidité et de grande honnêteté. C'est un prêtre qui a été ordonné juste à la fin du Concile, et il disait ceci, à la radio, il y a quelques années : « On nous a dit, quand j'ai été ordonné : enlevez la soutane, fermez les œuvres catholiques - les collectivités publiques en ont aussi - allez vers les gens, ouvrez vous. On l'a fait, nos églises se sont vidées, nos séminaires se sont vidés, peut-être qu'on s'est quand même trompés ». Un moment de lucidité extraordinaire...

Alors le jeune prêtre arrive avec un certain idéal, tout plein de bonne volonté, et il se trouve face à des ruines. Et seul, face à des ruines. Il est victime de cet état de choses, il n'est est pas l'acteur.

2 – Le prêtre est mal formé

Sur le papier, il faut donner satisfaction à Rome qui contrôle quand même les cursus académiques. Après, il faut voir la qualité du cursus académique. La philosophie c'est souvent de l'histoire de la philosophie. Quand Rome dit de la philosophie, c'est sous-entendu ce que l'Église a toujours enseigné, la philosophie de Saint Thomas, qui apprend à comprendre la théologie. Non, on fait de l'histoire de la philosophie ou de la philosophie de la pensée moderne. Donc il n'y a plus l'outil conceptuel.

Ensuite, pour la question du dogme par exemple, c'est l'histoire du dogme essentiellement, et un peu de spéculatif, par exemple Et puis on mettra l'accent, en tout cas dans ce que j'ai pu voir à l'université de Fribourg, sur la pastorale, l'homélitique, la pédagogie religieuse, qui n'ont pas grand chose à voir dans une formation sacerdotale. Cela s'apprend après sur le terrain concrètement, ou en dehors, en fin de cursus. Mais les branches fortes sont enseignées d'une manière un peu diffuse, et ne sont plus l'ossature de la théologie et de la formation. C'est ça le problème.

Il y a des notions, de vagues notions, mais ce ne sont plus des théologiens en tant que tels qui sortent des séminaires et des universités comme j'ai pu voir à Fribourg. Et comme le niveau n'est pas très élevé, on baisse les exigences un tout petit peu, gentiment. C'était frappant pour le cours d'histoire de l'Église, c'est un niveau universitaire, mais c'est un cours qu'on aurait pu enseigner à des gens en dernière année de lycée. Et quand on regardait les étudiants du même âge qui avaient des cours d'histoire en chaire laïque - histoire contemporaine, histoire moderne -, on avait réellement de réels cours d'histoire, avec une volonté académique, scientifique, mais pas en histoire de l'Église. C'était une sorte de panorama brossé à grands traits. Et que ce genre de choses finalement. On avait l'impression d'être en face d'une sorte de bricolage académique. Mais il n'y a pas l'outil.

Et bien sûr, l'histoire, la Tradition, tout commence dans le pré-Concile, ou avec le Concile. C'est un des principes directeurs.

Mais si cette génération de prêtres ne connaît pas ce qu'il y a eu avant, c'est parce que les prêtres qu'ils ont eu ont critiqué ce qu'il y avait avant. On leur dit : « Ce n'est plus comme avant maintenant. »

J'ai un exemple typique : cours de pastorale, université de Fribourg. J'étais étudiant, le prêtre vient avec un carton et nous présente : « Avant l'Église c'était ça » en nous montrant son carton, et sur ce carton il y avait une pyramide dessinée. Puis il tourne son carton : « Maintenant, l'Église c'est ça », c'était un cercle. À l'université, on était en deuxième ou troisième année, pour faire comprendre ce que c'est que l'Église, en théologie pastorale...

C'est toujours en comparaison, en opposition... Et avant, il n'y a rien, ou ça relève de l'histoire ou de l'anecdote.

La liturgie par exemple. Il devrait y avoir une certaine continuité, pour prendre les mots du Saint-Père, une herméneutique de la continuité. La liturgie, selon les cours d'un professeur à Fribourg, s'est pervertie depuis Constantin, et a retrouvé ses sources primitives et merveilleuses avec le renouveau liturgique et surtout depuis la Constitution conciliaire Sacrosanctum concilium et sa mise en œuvre, et avec la messe de Paul VI. Cela est très clair par exemple. Et il y a une parenthèse dans la parenthèse historique, c'est la réforme tridentine. C'est clair.

3 – Le prêtre est prisonnier


Un prêtre qui fait l'expérience de la Tradition de l'Église, de ce qu'a toujours fait l'Église, il se sent comme prisonnier, parce qu'il est pris en otage entre ses confrères, les fidèles, les assistants pastoraux laïcs, et son évêque.

Je me souviens de ce jeune prêtre qui disait qu'il avait été obligé, comme jeune prêtre, de donner une absolution collective pour la confession, ce qui est interdit par l'Église, encore maintenant. Dans certains diocèses, elle est faite au vu et au su de tout le monde, avec la bénédiction discrète, des évêques.

Mais il avait été obligé de la faire, et juste après il avait été se confesser à un autre prêtre. Il en était encore retourné, c'était tragique. Il est comme prisonnier parce qu'il doit faire mais il sait que ce n'est pas juste. C'est dans ce sens-là. Ou s'il invoque un document du Souverain Pontife, qui sont assez clairs, sur la confession et le motu proprio de Jean-Paul II, sur toutes les questions liturgiques, il y a des écrits et des documents qui sont très clairs, sur le rôle des laïcs à l'église, sur les rapports entre
laïcs et prêtres, il y a des documents, s'il les invoque, on lui dit : « Heureusement qu'il y a les montagnes entre Rome et nous ». Ou : « Ce document est très bien mais il n'est pas adapté à notre situation ecclésiale. »

Il est prisonnier et il voudrait, bien souvent, parce qu'il voit qu'il y a un problème...

Un autre exemple de ce prêtre qui me disait, dans une paroisse, c'est tout récent, un prêtre qui a mon âge, qui me disait : « Le directeur de ma chorale est divorcé et vit avec quelqu'un, au vu et au su de tout le monde, et je suis obligé de lui donner la communion. Parce que si je ne lui donne pas la communion - j'ai essayé de discuter avec lui, il ne veut pas entendre raison - je n'ai plus de chorale, et il va se plaindre. Qu'est-ce que je fais ? »

Ou cet autre prêtre qui me dit : « J'ai été nommé dans une paroisse où je ne peux rien faire parce que les catéchismes ont déjà été distribués, par les laïcs avant que j'arrive, et je n'ai aucune préparation aux sacrements, ni première communion ni confirmation, c'est les laïcs qui s'en occupent, et je n'ai même pas le droit de m'occuper des servants de messe, c'est un laïc qui s'en occupe. Donc je ne peux rien faire. Je suis juste bon à dire la messe, à confesser les quelques personnes qui viennent se confesser encore et c'est tout ».

Dans ce sens-là le prêtre est prisonnier. Et pourtant il est armé des meilleures volontés du monde. Et je sais que ce ne sont pas des cas isolés.

4 – Le prêtre DOIT obéir

C'est la grande tare. Tout a été bazardé, mais il y a encore une arme, c'est l'obéissance. Les évêques sont des papes dans leur diocèse. C'est une fois ce que je disais à quelqu'un qui invoquait devant moi l'obéissance : « Si vous demandez l'obéissance de vos clercs, vous devez, Monseigneur, vous-même, montrer l'exemple en obéissant au Souverain Pontife, sinon vous ne pouvez pas exiger l'obéissance de vos clercs ». La discussion s'est terminée là.

C'est très significatif. Il y a une insistance terrible sur l'obéissance. Après, on complexe le prêtre qui se dit : « Je suis désobéissant, je suis un mauvais prêtre, ça ne va pas. » Donc, ma foi, mieux vaut se tromper en obéissant, que de désobéir et de faire juste.

5 - Le prêtre dénaturé

Je crois qu'il y a réellement une volonté de ne plus avoir une pastorale sacramentelle, ce que l'église a toujours fait c'est-à-dire confession et la Sainte Messe. Aujourd'hui il faut aller à la rencontre des gens, - ce qui est très bien, tous les missionnaires l'ont fait dans l'Église -, mais pour éveiller en eux ce désir du Christ, susciter une expérience transcendante du spirituel, pour qu'ils découvrent le Christ eux-mêmes.

Il ne faut plus être dogmatique, ne plus imposer de formules, etc. C'est ce qu'on appelle la pastorale de l'engendrement. Mais ces pastorales changent chaque année, enfin tous les cinq ans, vous avez une nouvelle mode pastorale, on écrit, on fait des symposium, puis on voit que ça ne marche pas, on change, ou on adapte... De qui se moque-t-on ?

Les gens aujourd'hui, les jeunes - j'ai beaucoup travaillée avec les jeunes - ont soif de la vérité. La vérité a un nom, un visage, ce n'est pas une théorie, c'est une personne, c'est Jésus-Christ, et il faut leur donner notre Seigneur Jésus-Christ. Bien sûr avec beaucoup de tact, de délicatesse, il faut rendre la vérité aimable, on ne va pas les assommer à coups de catéchisme, on est bien d'accord avec ça, mais on n'est pas là pour être simplement des animateurs de Club Méditerranée spirituels, ça n'a aucun sens. On est là pour être les ambassadeurs du Christ comme dit Saint Paul. Or j'ai de la peine à voir, aujourd'hui, qu'on considère encore le prêtre comme ambassadeur du Christ.

6 – Un état de déliquescence

Ce sont des faits que je n'ai pas moi-même expérimentés, j'étais étudiant, et c'est d'autres qui étaient dans des séminaires qui les ont expérimentés. C'est juste pour illustrer le propos. Il ne faudrait pas généraliser ces choses, c'est pour montrer l'état de déliquescence qu'il y a dans la formation et ce qu'on essaye d'imposer aux séminaristes, des musiques de slow pour l'adoration du Saint-Sacrement, une lunule mise au pied de l'autel dans une souche d'arbre pour signifier l'humilité de Notre-Seigneur pour l'adoration du Saint-Sacrement et ce genre de choses. Le but ce n'est pas de généraliser. Il y a des choses bien précises mais qui sont les signes d'une perte de sens.

7 – Vatican II, le Veau d'or

C'est le Veau d'or, c'est une idole. On ne le lit jamais. Je serais curieux de savoir qui l'a lu d'un bout à l'autre, commenté, annoté. S'il y avait au moins l'audace, le courage de lire complètement le concile, on pourrait discuter. Mais ils ne l'ont jamais lu complètement. On en sort des slogans. C'est un esprit, le Concile, c'est un événement. L'école de Bologne, très libérale, qui a étudié le Concile et publié une Histoire du Concile 5 ou 6 volumes, en différentes langues dont le français, montre très bien que ce n'est pas tellement le texte, c'est un événement le Concile, qui se poursuit dans la durée, dans le temps. C'est un esprit. Et c'est ça qu'on nous répond. Si on essaye, pour la Constitution pour la Liturgie, d'invoquer le Concile : « le Concile dit que le latin reste la langue de l'Église, que le chant grégorien reste le chant de l'Église latine », « Maintenant on va encore plus loin, c'est un esprit le Concile, c'est une ouverture, c'est un renouvellement ».

C'est vraiment l'idole, toujours invoquée, et qui détruit les choses de l'intérieur. Parce qu'il n'y a rien en dehors de tout ça. Et de l'idole découle l'idéologie et l'idéologie est toujours, toujours, totalisante. Elle exclut tout le reste, et elle détruit tout le reste. Et le propre de l'idole et de l'idéologie c'est de détruire même ceux qui la professent et de les aveugler complètement. C'est pour cela qu'il y a un problème, c'est qu'il y a un aveuglement. Je ne pense pas qu'il y ait réellement de la mauvaise volonté, mais une forme d'aveuglement.

Comment peut-on dire quand il n'y a que 5% de pratique religieuse en moyenne, on va encore trouver des solutions qui sont purement humaines du reste, rassembler les paroisses ensemble... Mais on est où ? À un moment donné il faut s'asseoir, regarder la situation et dire : « Ça ne va pas ». Non, on continue. Et on arrive même à justifier les échecs pastoraux en disant « C'est à l'image de Notre-Seigneur, qui s'est abaissé, l'Église vit cela, elle devient humble et pauvre », et on tombe dans une sorte de misérabilisme qui est complètement faux. Mais on justifie encore cela aussi par le Concile.

8 – Le « péché » de Tradition

Je crois que c'est le plus grand péché.

On peut vous pardonner beaucoup de choses dans l'Église. On vous pardonnera d'avoir une relation amoureuse, on vous pardonnera de ne pas dire la messe tous les jours, de délaisser votre bréviaire, de vous moquer des formules de piété éprouvées, de dire des hétérodoxies, pour ne pas dire plus, en chaire, on vous le pardonnera. Parce qu'on est très charitable. Mais on ne vous pardonnera pas une seule chose.

Le péché suprême c'est de regarder vers la Tradition et, bien plus encore, c'est de regarder vers la Fraternité Saint-Pie-X. On vous permettra d'aller à des cultes protestants, même que des prêtres communient à des cultes protestants, ce qui est arrivé, que vous fassiez du dialogue interreligieux avec des bouddhistes, que vous alliez faire des retraites zen, on trouvera que vous êtes le prêtre le plus ouvert du monde, merveilleux, on vous citera en exemple.

Que vous célébriez la Sainte Messe en latin, même pas la messe de Saint Pie V, la messe de Paul VI en latin, que vous portiez la soutane, c'est suspect. Que vous priiez le chapelet et que vous confessiez dans un confessionnal, vous êtes suspect d'intégrisme.

Alors vous vous imaginez, quand vous vous mettez à parler agréablement, avec beaucoup d'amour et d'amitié, de Monseigneur Lefebvre par exemple, et de son œuvre, cela c'est impardonnable. Encore une fois on vous pardonne tout sauf cela.

II – LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE

1) Motu Proprio, An 4…De nombreux prêtres, diocésains ou religieux, affrontent tous les jours le vide spirituel et doctrinal que leur ont légué leurs prédécesseurs et qu'organisent encore aujourd'hui certains pasteurs.

En 2011, sixième année du pontificat de Benoît XVI, on continue concrètement de persécuter les prêtres et les fidèles adhérant à la « réforme de la réforme »…il n'est qu'à songer à la lamentable affaire de Thiberville, voir lettres PL 107, 108 et 211bis.

Dans un tel contexte d’abandon des prêtres et des fidèles par l’autorité légitime, comment ne pas comprendre la démarche du chanoine Escher ?

Si la démarche du chanoine Escher a été médiatisée, qui dira le nombre de fidèles qui écœurés par la destruction assumée par certains clercs s’en vont discrètement des bancs de nos églises ?

2) Des témoignages comme celui du chanoine Escher, les correspondants de Paix Liturgique en recueillent tous les mois, du Portugal à la Pologne.

L'un de leurs dénominateurs communs est le jeune âge de ceux qui les expriment : des prêtres et des séminaristes qu'on ne peut pas accuser de nostalgie pour un passé qu'ils n'ont d'ailleurs pas connu mais qui se rendent bien compte qu'on leur a caché quelque chose. Ce quelque chose c'est qu'en deux mille ans d'histoire, l'Église avait, selon les mots de Don Massimo Sbicego – curé italien ayant également rejoint la FSSPX en début d'année –, « un cœur vivant et battant » : la célébration de la Sainte Messe. Or, depuis la réforme liturgique conciliaire, ce cœur battant est  , à quelques exceptions près, comme entré dans une phase d'arythmie chronique.

3) On s’aperçoit ainsi que le Motu Proprio Summorum Pontificum a donc fortement encouragé tout un jeune clergé diocésain, donnant une bouffée d'  espoir pour  l’Église d'Europe . Mais tout se passe comme si on lui avait montré d’immenses possibilités, sans lui donner les moyens concrets de les réaliser.

Par son motu proprio Summorum Pontificum, rendant à l'Église universelle un de ses trésors enfouis, Benoît XVI a contribué à la prise de conscience de tous ces hommes destinés au service de Dieu : la crise qu'ils affrontent possède un antidote « extraordinaire », la célébration de la forme extraordinaire du rite romain. D'où leur désir de la célébrer, si ce n'est publiquement du moins en privé. Et avec la messe, le désir de bénéficier, comme ils disent, de « tout ce qui va avec », à savoir d’un enseignement solide dans les séminaires, d’un complément à leur formation déficiente, de la possibilité pour eux de délivrer un vrai catéchisme. Malheureusement, ceci leur est pratiquement toujours refusé. Si bien qu’à cause du bien immense apporté en théorie par le Motu Proprio, ils ressentent beaucoup plus fortement en pratique l’injustice qui leur est faite.

4) Les propos du chanoine Escher sont malheureusement le reflet bien connu du côté du jeune clergé diocésain des effets de la crise de l'Église en son état actuel, en 2011. C’est une situation d’incroyable gâchis : dans une Église occidentale où il n’y a jamais eu aussi peu de prêtres, on décourage les vocations prêtes à entrer dans les séminaires, on continue à « purger » les séminaristes qui ne sont pas dans une ligne « correcte », et on désespère les prêtres entrant dans le ministère. Il y a même plus grave : on pourrait aussi parler des dépressions, des « départs », et même de suicides.

Tout ceci a été diagnostiqué – en tout cas du point de vue général – bien des fois à Rome dans de nombreux documents. Tout ceci est parfaitement connu des dicastères romains. De tout ceci, de nombreux évêques diocésains sont, eux aussi parfaitement conscients.

Mais la crise c’est aussi, et c’est peut-être surtout cela : voir et ne pas vouloir …