2 avril 2010

[Paix Liturgique] Le Cardinal-Président des évêques de france perd son calme - «La guerre ouverte et sans concession, définitive et féroce, entre le cardinal Vingt-Trois et les tradis» selon Golias

SOURCE - Paix Liturgique - lettre n°224 - 2 avril 2010

Depuis plusieurs semaines, la question de l’application du Motu Proprio est devenue encore plus sensible dans les diocèses de France et en particulier à Paris. Ici et là, on constate des raidissements épiscopaux contre les fidèles ou les prêtres attachés à la forme extraordinaire du rite romain, des refus inexplicables à des demandes légitimes d’application du Motu Proprio, des retours en arrière à une situation d’apartheid là où les choses commençaient à s’améliorer, le retour des vexations et des petits gestes qui rendent le quotidien difficile. Pourquoi donc ?

C’est que la pression des chiffres catastrophiques des séminaires, des catéchismes, de la pratique, du denier du culte moleste en permanence le monde épiscopal. L’atmosphère des assemblées de Lourdes est calamiteuse. Certains veulent y calculer la moyenne d’âge du clergé qui reste : 65 ans ? 70 ans ? 75 ans ? Peut-être plus. Mais alors, c’est la fin…
Et dans le navire qui prend l’eau, on écope ? Surtout pas ! Après avoir longtemps nié l’évidente évidence, on accuse maintenant les accusateurs, ces pelés, ces galeux, qui osent représenter un catholicisme qui vit encore, comme avant. Mais sacrebleu, il faut les faire taire ! Des rumeurs, des bruits de couloirs, des menaces, des tensions, du chantage, contre ceux qui ont le front de produire des vocations, qui ont le culot de remplir les églises… Quasiment pas une journée ne se passe, sans que le Cardinal Vingt Trois n’ait un coup de sang sur une radio chrétienne, dans une conférence de carême qui tourne au vinaigre, au cours d’un entretien où les journalistes l’embêtent. Il y a beaucoup d’électricité dans l’air épiscopal français. Et à Paris, on vous laisse imaginer…
C’est dans ce contexte qu’a paru un article très récent de Golias (30 mars 2010). Selon les bonnes règles d’herméneutique, il faut bien sûr rechercher la part d’information juste – souvent de valeur, en raison des réseaux ecclésiastiques de gauche dont dispose cette revue – derrière la visée partisane de la revue, hostile pour bien des raisons au cardinal de Paris, mais bien plus hostile encore au monde du Motu Proprio. En termes empruntés à la bonne vieille CGT et au bon vieux PC, Golias et le Cardinal sont pour une part des « alliés objectifs » et il leur arrive de faire « un bout de chemin ensemble ». Et que « révèle » donc Golias ? Pour dire vrai, ce que nous savions déjà. Mais nous n’aurions pas osé présenter ainsi cette torve manœuvre, qui n’est pas jolie du tout. Mais puisque c’est Golias qui le dit…

Voici la conclusion de l’article de Golias :
« C’est désormais la guerre ouverte et sans concession, définitive et féroce, entre le cardinal Vingt-Trois et les tradis. Une guerre à haut risque. Pour les deux protagonistes.
Vingt-Trois pourrait bien obtenu
(ndlr : obtenir ?) une victoire en faire (ndlr : faisant ?) casser à Rome le recours du curé Michel contre l’évêque d’Evreux. En tout cas, la crise de crédit moral qui frappe aujourd’hui Benoît XVI à cause des abus sexuels et l’affaiblit notablement pourrait favoriser d’autres actions en coulisses du cardinal de Paris contre les tradis les plus violents. A commencer par un possible « monitum » (avertissement) de Rome même qui rappellerait l’autorité épiscopale. Par exemple signée par le cardinal préfet de la congrégation des évêques, Giovanni Battista Re, dont on sait combien il est en colère à cause de la complaisance du Pape envers les intégristes. »


Nos commentaires, dont on pardonnera l’humeur, mais trop c'est trop :

1/ Cette histoire de « condamnation » par un « monitum » est en fait une interprétation transformée de ce qu’avait déjà révélé le blog Summorum Pontificum, du 5 février dernier (http://www.summorum-pontificum.fr/: « Mgr Vingt-Trois demande la condamnation des demandeurs du Motu proprio ». En raison de la fuite (organisée par Rome ?) sur la démarche du cardinal de Paris, flanqué de Mgr Simon, auprès du cardinal Levada (et non du cardinal Re, qui boucle ses valises), le Président de la CEF en a été pour sa courte honte et sa rouge colère.

2/ Golias qui se définit comme « l’empêcheur de croire en rond » exprime la pensée de la partie dite « soixante-huitarde » du clergé français actuel (évaluable à un quart des effectifs, mais très active et bien incrustée dans les rouages directeurs diocésains) et globalement celle de l’aile gauche correspondant à ce clergé dans la Conférence des Évêques de France, autrement dit celle de Mgr Simon, de Mgr Rouet, de Mgr Dagens. Lesquels passent leur temps à faire sentir au cardinal-président qu’il a besoin de leur appui. Quant on sait qu’on parle beaucoup dans les milieux ecclésiastiques, et que sur le mode de l’humour rogue qui est le sien, le cardinal de Paris « lâche » beaucoup d’informations, qui ne tombent pas dans l’oreille de sourds, on comprend comment elles arrivent dans les officines lyonnaises de Golias. Lequel Golias « informe » à sa manière. Mais derrière cette fumée d’info/désinfo, il y a une part de feu, comme dit le proverbe.

3/ Ces méchants « guerriers » visés par Golias et par le cardinal ne sont que ces pauvres familles qui depuis quarante-cinq ans ont dû faire le parcours du combattant pour que soit délivré un catéchisme catholique à leurs enfants, qui ont avalé dix mille couleuvres pour se faire concéder une messe à l’ancienne dans une chapelle retirée des bords de la ville, qui dépensent une immense peine et beaucoup d’argent à organiser des écoles catholiques (que les écoles catholiques « officielles » commencent d’ailleurs à imiter), qui engendrent encore autant de vocations sacerdotales et religieuses qu’avant le Concile, lesquelles sont obligées d’aller se réfugier presque honteusement dans des communautés « parallèles ».
Sans l’Emmanuel et les tradis (dont 80% au moins ne sont pas des tradis d’origine), vous savez bien Messeigneurs, que la France serait dans la même sécheresse de vocations que la Belgique, l’Allemagne, la Suisse. Et quand, s’appuyant sur un texte du Pape, ces abominables « guerriers » demandent respectueusement la concession d’une messe, vous les méprisez, vous les ignorez, et même il arrive que vous leur envoyiez des cars de policiers – qui sont très ennuyés, d’ailleurs –, lorsque après avoir tout essayé pour se faire entendre, ces malheureux osent … venir dire le chapelet dans vos églises.

4/ La question de fond est : comment quarante-cinq ans après le Concile, et alors que l’on n’a que le « Peuple de Dieu », la « place des laïcs dans l’Église » à la bouche, peut-on encore ainsi dédaigner une part des fidèles qui ne demande qu’à vivre dans l’Église et à la faire vivre, et les traiter comme des opposants à mâter, des personnes indignes de participer des communautés chrétiennes ? C’est qu’en fait, quarante-cinq ans après le Concile, pour le Cardinal Archevêque de Paris, le cléricalisme est plus vivant que jamais : les condamnations romaines pourraient encore avoir du bon. Et Golias, tout Golias qu’il est, est prêt à donner un coup de pouce à ce retour de l’Inquisition.

5/ Ce qui horripile au maximum Golias comme le cardinal de Paris, la gauche comme le centre de l’épiscopat, c’est que ceux qu’on avait défenestrés sont rentrés par une porte puis par une autre, et puis encore par une autre (et certains n’étaient jamais sortis). Exclus, ré-exclus, re-ré-exclus, ils sont toujours là ! Et même, ils sont plus nombreux que jamais. La preuve ? Tous les sondages réalisés ces dix dernières années, à travers le temps et l’espace, concordent pour dire qu’au moins 1/3 des fidèles pratiquant dans les paroisses – vous entendez bien M Terras ? vous entendez bien Éminence ? 1/3 des pratiquants qui restent dans les églises ! –, le feraient dans la forme extraordinaire si elle y était célébrée (voir site de Paix Liturgique). Et demain, sachez-le bien, ils seront la moitié, avec les prêtres ordonnés aujourd’hui. Oui, c’est bien dommage pour vous, mais vous avez tout faux !

6/ Alors, il reste bien sûr le coup classique du silence. Tout le monde sait que le téléphone fonctionne beaucoup entre évêques de France : « Allo, André, j’ai un groupe qui demande une messe dans une paroisse du centre du diocèse ? Qu’est-ce qu’il faut faire ? » – « Surtout, tu ne réponds rien : tu les ignores ! » Comme le note l’excellent site Summorum Pontificum Observatus déjà cité, à propos de la dernière Assemblée plénière des Évêques de France réunie à Lourdes en mars dernier « Dans ce constat de renouveau (ndlr : le constat du Cardinal Vingt Trois), deux absents de marque : les groupes des communautés nouvelles et les traditionalistes. Or, il s’agit aujourd’hui, avec les milieux du scoutisme traditionnel, qui sont intergroupes, si l’on peut dire, des deux parties du catholicisme français qui donnent le plus de vocations et de conversions. (…)
Et, puisque le cardinal-président de la Conférence des évêques de France se déclare « interrogé par de nouvelles façons de vivre la foi qui se développent dans les nouvelles générations, et les communautés », nous pouvons avec respect et fort humblement lui conseiller de visiter les lieux de culte traditionnel, les monastères et abbayes traditionnels, les groupes de jeunes traditionnels, etc. Il verra des façons de vivre la foi, à la fois nouvelles – au regard de ce qui se pratique aujourd’hui – et anciennes – puisque fidèles à la Tradition catholique
. »

Le Cardinal-Président et la majorité des évêques ignorent les demandeurs de la forme extraordinaire.
Ils les ignorent officiellement. Car dans les couloirs (et même dans les discussions sur l’enquête de Mgr Planet : voir notre lettre 221 du 14 mars 2010) ils n’ont parlé (presque) que de ça.

Et quand ils iront faire leur visite ad limina à Rome, en fin d’année, ils ne penseront (presque) qu’à ça.