28 avril 2010

[Abbé Guillaume de Tanoüarn] Je n'ai pas la télé...

SOURCE - abbé Guillaume de Tanoüarn - 28 avril 2010
... mais j'ai fait mon possible pour regarder l'émission par quoi le scandale a éclaté à l'écran. Je n'ai malheureusement pas vu le premier quart d'heure : problème de clé. Eh oui... Il y a des gens qui éprouvent le besoin de s'enfermer... Finalement j'ai atterri chez un ami copte qui tient une petite pizzéria sympathique. Et j'ai vu.

Les propos antisémites des gamins : même chauffés par un professionnel de la provocation, c'est affligeant et inadmissible. Comme irréel. Le prof d'histoire ? apparemment pas révisionniste (heureusement) mais disant que l'on "parle trop de la shoah pour qu'il en parle": inconscient. Ses élèves ont manifestement particulièrement besoin qu'il leur en parle ! Quant à son "De Gaulle est un déserteur": stupide. Il était sous ministre de la guerre et conseiller de Paul Reynaud. Pendant que d'autres à bord du Massilia larguaient les amarres vers Alger, lui se dirigeait vers Londres, l'Angleterre étant notre allié. Où est la désertion? Quand on se permet de ne pas avoir les idées de tout le monde, il faut être exact, même - et surtout - pour des gamins de 3ème. Quant à DI ou plutôt aux jeunes qui s'en réclament... Des pieds nickelés comme dit Caroline Fourest à deux reprises. Ces jeunes vivent dans le rêve éveillé. Le réveil sera rude.

Je pense que cette émission permettra à chacun de se démarquer clairement des dérives inadmissibles, des approximations fausses et tendancieuses et de la gonflette.

Reste le problème de faire parler des enfants pour condamner des parents et des institutions. Là clairement il y a abus mental sur ces jeunes et désinformation consciente vis à vis du télespectateur. Bref il y a un problème de droit. Que David Pujadas prête son image de grand Impartial du 20 H à un tel reportage, cela a vraiment quelque chose d'inquiétant pour la santé du débat public.

Le débat, après le reportage, dans l'ensemble était faible, comme si les participants abasourdis par ce qu'ils avaient entendu ne trouvaient rien à dire - qu'une dénégation clairement affichée d'ailleurs par Daniel Hamiche et par l'abbé Aulagnier. Caroline Fourest tirant de "J'aime la chrétienté" un "Je déteste la République" était semblable à elle-même, laïcarde jusqu'à l'os, idéologue. Mais elle n'a pas forcé son jeu. Elle ne pouvait pas mettre sur le dos des deux traditionalistes du plateau la grossièreté énorme des propos tenus : "Tout ce qui est excessif est insignifiant". L'abbé de La Morandais n'avait rien à dire et le montrait.

Frédéric Lenoir, après avoir excusé quelques grenouilles de bénitier de préférer encore la messe en latin, est venu dire, en revanche, que les traditionalistes en général (qu'il appelait les intégristes) avaient toujours un double discours. C'est du reste très clairement le message fort du reportage faisant parler de le gérant de l'Ecole : inutile de juger les gens sur leur dire, il faut les juger sur les intentions qu'on leur prête... De tels tics mentaux (je n'ose pas dire : intellectuels) font froid dans le dos. Comme disait Fouquier Tinville : "Donnez moi une phrase de n'importe qui et je le fais monter à la guillotine", parce qu'à partir des mots je vais lui prêter des intentions et en tirer un complot etc.

Complot et complotisme, c'était le deuxième aspect très sombre du reportage, qui tentait de faire croire que les pieds nickelés que filmait l'Infiltré était un simple maillon d'une chaîne qui étendrait son emprise sur la France entière etc. On sait que c'est le complotisme révolutionnaire qui a entraîné la Terreur et le populicide vendéen. Cela m'inquiète toujours quand des Républicains autoproclamés reviennent aux vieux démons de la Première République, qui a été terroriste. La tendance complotiste du Reportage est indigne du Service public et faite, comme tous les complotismes pour susciter la haine envers les présumés comploteurs.

Personnellement je crois qu'une telle émission doit susciter dabord la clarté, et de la part de ceux qui attaquent, parce que leur attaque pue la haine personnelle, et de la part de ceux qui sont attaqués et qui, vue la violence de l'attaque, n'auront pas grand mal à se défendre : je parle ici des catholiques attachés à la Tradition de l'Eglise et qui, en tant que catholiques ne peuvent cautionner aucune forme d'antisémitisme.