30 janvier 2010

[Abbé de Tanouarn - IBP Roma] Servir et non pas se servir

SOURCE - abbé Guillaume de Tanoüarn - 30 janvier 2010

C’est l’écrivain juif André Suarès, qui dans une de ces mémorables envolées dont il avait le secret, s’était écrié, non sans clairvoyance : « Le service est le méridien de l’Occident ». Alors qu’à Rome les séminaristes vaquent à leurs révisions et subissent les examens de rigueur en ce milieu d’année, alors que l’abbé René Sébastien Fournié, absorbé par son double cursus en droit et en théologie, m’a demandé de le remplacer pour cet éditorial, je crois que parler du service, c’est donner le sens de ce travail, auquel les uns et les autres sont assujettis en ce moment, travail qui n’est pas un travail stérile, comme si pour chaque séminariste, il s’agissait seulement de se servir, de prendre le meilleur pour lui, de se perdre dans l’érudition ou dans le calcul de carrière, en oubliant que très bientôt l’Eglise l’enverra dans le monde… En réalité, ce travail universitaire d’aujourd’hui, il doit servir à l’Eglise.

Etudier pour construire le Royaume de Dieu

Comme disait saint Bernard dans le De consideratione – je le cite en latin parce que la brièveté impérieuse de son style est intraduisible : alii sciunt ut sciant et est curiositas (les uns savent pour savoir et c’est de la curiosité), alii sciunt ut sciantur et est vanitas (d’autres savent pour être reconnus et c’est de la vanité), alii sciunt ut aedificent et est caritas (d’autres savent pour construire et c’est de la charité).
Construire ! Dans l’esprit de saint Bernard, il ne s’agit pas seulement d’édifier le prochain par quelques phrases bien tournées, mais de construire le Royaume de Dieu sur la terre, parce que ce Royaume signifie toujours l’avènement d’une science nouvelle dans les cœurs. Si l’on réfléchit à ce qu’est le Royaume de Dieu dans l’histoire, ainsi que nous y invite le concile Vatican II, on est obligé de constater que toujours il signifie la découverte d’une vérité sur Dieu qui implique un certain nombre de vérités auxquelles l’homme doit se plier. Saint Paul avait compris cela puisque c’est très souvent le plan de ses épîtres : la doctrine d’abord, la contemplation du mystère du Christ, Dieu et homme, la méditation sur le mystère de l’Eglise corps mystique du Christ et ensuite – ce que nous appelons dans notre jargon la parénèse : qu’est-ce que ces vérités spirituelles changent dans la vie des hommes ? Quelle anthropologie on peut tirer de cette théologie christique ?
Ces séminaristes qui travaillent, au point de ne plus trouver le temps d’alimenter ce site, ils ne perdent pas leur temps en contemplant les mystères divins tels qu’ils nous sont livrés dans l’Ecriture, ils ne cèdent ni à la curiosité ni à la vanité, selon la vigoureuse mise en garde de saint Bernard, ils ne se dispersent pas (curiosité) et ils ne perdent pas leur temps à se regarder le nombril (vanité), ils cherchent à maîtriser ce savoir de la vérité sans lequel il n’y a pas de révolution chrétienne, sans lequel le christianisme, simple affaire de bons sentiments, devient une sorte de farce que l’on joue parfois pour se donner bonne conscience.
Ils cherchent à servir l’Eglise, et donc – toujours saint Bernard – à la construire, à la reconstruire.

Nova et vetera : Des réponses nouvelles à trouver dans la Tradition

La Tradition catholique n’est pas un ensemble de réflexes conditionnés que l’on pourrait cultiver dans un ordre purement extérieur, comme celui que subit le chien de Pavlov – ordre qu’il suffirait de répéter à l’identique pour que se reproduisent sans cesse les mêmes effets. Mais qu’est-ce que la Tradition alors ? Notre trésor ? Oui, elle est le trésor du scribe dont parle l’Evangile (Matth. 13, 52). Ce trésor, notez-le, contient à la fois les « vetera », les vieilles choses, les recettes éprouvées, les formules liturgiques, les dogmes théologiques qui donnent une forme à notre croyance, une colonne vertébrale à notre vie intérieure. Mais ce trésor, qui nous aide à construire ou à reconstruire, contient aussi « nova », les choses nouvelles, le dynamisme et l’élan qui jamais ne contredisent un attachement vrai. Dans le trésor de la tradition, on trouve aussi les réponses nouvelles aux questions nouvelles qui se posent aujourd’hui et ne se posaient pas hier. Voilà le travail du scribe instruit dans le Royaume des cieux, voilà le labeur et le discernement du séminariste. En s’y livrant de toute son âme, pleinement présent à l’instant dans lequel il se trouve, totalement dans le moment de sa vie qu’il traverse, il contribue silencieusement à construire l’Eglise, c’est-à-dire à la servir.

Ne pas passer à côté des âmes à cause d’un savoir théologique trop superficiel

Le Père Labourdette, savant thomiste du Couvent de Toulouse disait paraît-il : « A 70 ans, je prêche ma première année de noviciat ». Dans leur travail d’aujourd’hui, nos séminaristes préparent leur prédication de demain. Un savoir théologique trop superficiel ? C’est l’assurance de passer à côté de beaucoup d’âmes, qui ont besoin d’être édifiées, au sens le plus littéral de ce terme, d’être reconstruites par la Parole de Dieu, mais qui n’accepteront ce savoir qui édifie que s’il s’agit d’un vrai savoir.

Pas question, dans cette perspective, de céder à la tentation du psittacisme, la fameuse maladie du perroquet, qui répète toutes sortes de choses sans les comprendre. Moi qui vient de temps en temps donner des cours à la Casa de la Via Giorgio Bolognetti, je suis impressionné par l’exigence des séminaristes vis-à-vis de l’enseignement qu’ils reçoivent, par leur manière sérieuse de poser des questions et même de pousser (respectueusement) le professeur dans ses retranchements. Je sens que ces questions ne proviennent ni de la curiosité ni de la vanité et que quand elles se posent vraiment, c’est au nom des âmes dont on leur confiera la charge qu’elles se posent à eux.

Abbé Guillaume de Tanoüarn
Assistant de l’Institut du Bon Pasteur

[IBP Roma] Entretien avec Mons. Guido Marini

SOURCE - IBP Roma - 30 janvier 2010

Monseigneur, que vous apporte votre sacerdoce chaque jour ? Peut-on on vivre du sacerdoce aujourd’hui ?

Certainement encore aujourd’hui, dans notre temps, il est possible d’offrir sa vie dans le sacerdoce ministériel, en y trouvant le sens plein de sa propre existence. Et plus encore, j’ajoute que cela est vraiment très beau et fascinant. On peut l’affirmer sans aucun doute, à partir d’une considération de foi : il ne peut pas y avoir de vie de l’Eglise sans le sacerdoce ministériel, et dès lors il ne pourra jamais perdre sa capacité d’attraction. Mais je peux l’affirmer aussi à partir de l’expérience personnelle : être appelé par le Seigneur à vivre « in persona Christi » est un don inestimable que l’on ne pourra vraiment comprendre qu’au Ciel, comme l’affirmait le saint Curé d’Ars.

Vous arrive-t-il, vous-même, d’être fier de votre sacerdoce ? En quelles occasions éprouvez-vous particulièrement cette fierté ou cette joie d’être prêtre ?

La vocation sacerdotale que j’ai reçue du Seigneur et que j’ai commencé à percevoir de l’âge de seize ans, est ma joie quotidienne. Il me semble important d’affirmer qu’être prêtre en soi, indépendamment de la façon concrète et du lieu dans lequel le ministère est exercé, est une source de joie et de plénitude du cœur. Il est vrai, d’ailleurs, que la Célébration Eucharistique est le moment le plus haut de la vie d’un prêtre. Comme le disait Saint François de Sales, il faudrait que tout, dans la journée d’un prêtre, soit une préparation à la Messe et une action de grâce. C’est dire que la Messe est le cœur et le centre de la vie sacerdotale. Avec la Messe, il me semble que la célébration du sacrement de Pénitence et l’annonce de La Parole du Seigneur sont les deux autres moments décisifs de l’expérience ministérielle, capables de remplir de joie et de gratitude un cœur sacerdotal.

Le prêtre apparaît de plus en plus comme ce qu’il est : un homme seul. Quels soutiens concrets peut-il ou devra-t-il trouver autour de lui pour remplir sa mission ?

Il y a en effet une dimension de solitude dans la vie du prêtre. Et c’est bien qu’il en soit ainsi. Le prêtre est l’homme de Dieu qui, dans un rapport d’amour personnel et exclusif avec le Seigneur Jésus, vit sa propre expérience spirituelle et humaine. D’autre part, il est vrai aussi que personne d’autre que le prêtre n’est inséré dans un contexte de rapports aussi intenses et significatifs, parce que cela se fonde sur l’amitié vraie et sur ce qu’il y a de plus profond dans la vie des hommes et des femmes : l’expérience de la foi.

Que signifie le fait que le Saint Curé d’Ars ait été nommé patron de tous les prêtres du monde par le pape Benoît XVI ? S’agit-il de privilégier un certain type de prêtre ? (Si oui lequel ?)

Avoir montré du doigt le saint Curé d’Ars comme exemple pour tous les prêtres du monde, me semble être de la part du Saint Père une orientation précieuse pour la vie de chaque prêtre. Il est clair qu’on ne se peut pas aujourd’hui, reproposer dans le détail, la vie de saint Jean-Marie Vianney. Il a d’ailleurs été dit que saint Vianney, en quelques aspects de sa vie, est à admirer mais pas à imiter. Mais sans doute faut-il revivre les grands enseignements qui proviennent de l’exercice de son sacerdoce, selon les fondements de la spiritualité sacerdotale qui sont toujours valides dans la vie de l’Église. Je me réfère par exemple, à la centralité de la Sainte Messe et de l’adoration eucharistique, à la prière continue, à la dévotion à la Sainte Vierge et aux saints, au dévouement généreux à la confession et à la direction spirituelle, à la prédication quotidienne bien préparée et expressive d’un cœur amoureux envers le Seigneur, à la charité pastorale qui se penche sur les nécessités des frères avec le Cœur du Christ, à la dimension pénitentielle de la vie comme participation au sacrifice de Jésus.

Après Vatican II, l’apparence extérieure et la vie des prêtres ont beaucoup changé, qu’est-ce qui, dans leur quotidien, doit demeurer intangible?

Il n’y a pas doute : le fait que le prêtre soit la représentation sacramentelle du Christ dans la vie de l’Église. Tout ce qui, même extérieurement, aide à rendre manifeste une telle représentation, doit être recherché, gardé et valorisé. À ce propos, il me semble important de rappeler la valeur de l’habit sacerdotal. Au-delà des multiples significations spirituels dont il est porteur, on ne doit pas oublier que l’habit du prêtre a la capacité de lui rappeler à lui-même et aux fidèles que le ministre du Christ n’est pas une personne privée, qu’il ne vit pour lui-même pas, pas même à un instant de sa journée, qu’il est toujours témoin du Seigneur face au monde, un signe d’espoir et de salut.

En quoi la formule « sacerdos alter Christus » est-elle plus qu’une métaphore ?

L’expression « alter Christus » est très belle. La tradition théologique et spirituelle l’a employée pour indiquer que dans le prêtre, et à toutes les époques, est présent le Christ Prêtre, Chef et Pasteur. Certains préfèrent employer l’expression « in persona Christi » qui, peut-être, est plus exacte. Mais ce qui importe, c’est qu’on ne perde pas de vue la dimension sacrée du sacerdoce, c’est-à-dire que la présence du prêtre vit du Christ en vertu du sacrement de l’Ordre.

Que conseilleriez-vous à un séminariste de première année ? Sur quoi d’après vous doit-il faire porter son effort et son discernement ?

Je pense qu’au début du chemin de discernement, comme d’ailleurs toujours dans la vie spirituelle, il est important de mettre le Seigneur à la première place. C’est d’une importance vitale donc, de rester fidèles au primat de la prière et de s’engager dans cette école de vie intérieure qui découle de l’accompagnement d’un prêtre sage et prudent. De cette manière le discernement sera une œuvre quotidienne de clarification progressive et sereine de la voix de Dieu. Dans la mesure où croît l’intimité avec le Seigneur, croît aussi la capacité de « voir » Sa face et de connaître Sa volonté.

Que diriez-vous à un jeune qui se pose la question du sacerdoce, pour l’encourager à persévérer dans sa vocation ?

Je lui dirais que le « oui » dit au Seigneur, quand on est appelé, est le secret de la vraie joie. Il n’y a rien de plus beau et de plus exaltant dans la vie d’un homme que de suivre Jésus qui, avec un amour impensable, l’appelle à Lui dans le sacerdoce ministériel.

Quelle est la qualité dont aucun prêtre ne peut faire l’économie selon vous ?
L’amour passionné pour le Christ et pour l’Église. Le prêtre en effet, trouve sa propre identité dans l’amour du Seigneur qui est toute sa vie. Mais le prêtre trouve aussi son identité dans l’amour fidèle à l’Église, dont il est l’époux amoureux et pour laquelle, à l’exemple de Christ, il est appelé à s’offrir sans réserves jusqu’à son dernier soupir. J’ajouterais parmi les qualités, l’amour filial et confiant en la Sainte Vierge. Jésus sur la croix avait confié Marie à l’apôtre Jean, c’est un acte à rénover dans la vie de chaque prêtre. Et c’est là la garantie d’une persévérance fidèle et joyeuse.

Que répondez-vous à ceux qui vous disent que le célibat est trop difficile aujourd’hui ?

Le célibat n’est pas facile aujourd’hui comme hier, puisqu’il demande au prêtre d’aller à contre-courant. Mais aujourd’hui comme hier, le Seigneur ne manque pas de donner sa grâce à celui qu’Il appelle. Et dans le célibat Il le rend heureux. On ne doit pas oublier que la vocation sacerdotale, selon l’enseignement de l’Église – en ce qui concerne l’Église latine -, est lié au don de la chasteté dans le célibat, qui est bien plus qu’une simple règle disciplinaire. En imitant la forme de vie demandée par le Seigneur aux Apôtres, le prêtre, au moyen du célibat, participe à l’offrande totale de lui-même par laquelle le Christ a racheté l’humanité. Lorsque le Seigneur appelle au sacerdoce ministériel par conséquent, il donne aussi les grâces nécessaires pour vivre dans une plénitude d’amour et avec joie le célibat. Il est clair que chaque prêtre est appelé à garder le don reçu. La fidélité dans le célibat, qui est une fidélité d’amour au Seigneur et à l’Église, elle n’est pas donnée une fois pour toutes, mais elle est à conquérir de jour en jour par une intense vie spirituelle, faite d’intimité avec Dieu et d’ascèse.

Propos recueillis par l’abbé Edouard Le Conte

[Mgr Williamson] Commentaire Eleison - Erreur papale (1)

SOURCE - Mgr Williamson - Commentaire Eleison CXXXIII - 30 janvier 2010
Il y a deux semaines, le Pape Benoît XVI, en parlant des relations entre la Rome de Vatican II et la Fraternité Saint-Pie X (FSSPX), a une nouvelle fois montré combien l'erreur Conciliaire est puissante et subtile. C'était dans une allocution prononcée devant la session plénière du 15 janvier dernier de la Congrégation Romaine de la Doctrine de la Foi (autrefois le Saint-Office). Les trois premiers paragraphes de son discours (long de 12 paragraphes) devraient être cités en entier, mais, faute de place ici, voici un résumé le plus fidèle possible.

1. Votre Congrégation partage le ministère spécial du Pape pour conserver l'unité de l'Eglise en gardant la doctrine Catholique. Cette unité dépend de l'unité de la Foi dont le Pape est le plus éminent défenseur. Sa tâche première est de confirmer dans la Foi le troupeau qui lui est confié et de le maintenir dans l'unité. 2. Votre autorité enseignante, comme celle du Pape, implique l'obéissance à la Foi de sorte qu'il n'y ait qu'un seul troupeau et un seul Pasteur. 3. A tout instant, l'Eglise doit rassembler tous les Chrétiens pour qu'ils soient ensemble des témoins de la Foi : « J'accorde une confiance toute particulière à votre engagement pour que, dans cet esprit, vous puissiez résoudre tous les problèmes doctrinaux qui restent en suspens de sorte que la FSSPX puisse atteindre la pleine communion avec l'Eglise. »

Le problème ici est bien plus que de savoir si, oui ou non, la FSSPX est « dans la pleine communion avec l'Eglise ». Il y va plutôt de toute la relation qu'il y a entre l'unité et la Foi. En réalité, l'unité Catholique dépend essentiellement de la Foi Catholique. Un Catholique est d'abord défini par ce en quoi il croit. D'où il découle que dans tout endroit où il n'y a pas de Foi Catholique, il n'y aura pas de catholiques à unir, tandis que là où il y a par contre la Foi Catholique, il y aura tout ce qu'il faut pour fonder l'unité Catholique. En fait, le Pape le dit (1) : « l'Unité est principalement l'unité dans la Foi », mais ensuite (1, 2, 3), il relie l'unité et la Foi comme si elles sont d'une importance égale, au point même de les rendre presque interdépendantes, alors que la vraie unité est totalement dépendante de la vraie Foi. S'il ne pensait pas ainsi,  comment pourrait-il arriver à sa conclusion, citée en entier ci-dessus (3), où il donne l'impression de pousser sa Congrégation à résoudre les problèmes doctrinaux afin d'établir l'unité entre Rome et la FSSPX?

Or le devoir du Vicaire du Christ n'est pas d'unir Rome et la FSSPX à tout prix, pour ainsi dire, mais de les unir dans la Foi Catholique telle qu'elle nous a été donnée par le Christ. Si donc il y a une différence doctrinale entre Rome et la Fraternité Saint-Pie X (il y en une, et elle est de taille !), alors son premier souci devrait être de déterminer laquelle des deux a la Foi Catholique et laquelle ne l'a pas. Puis, il devrait unir toute l'Eglise autour de celle des deux qui a la Foi Catholique, même s'il se trouve que c'est la pauvre p'tiote FSSPX ! « P'tiote », ou petite, tellement elle est insignifiante sauf par sa Foi !

Hélas, Benoît XVI est plus Conciliaire qu'il n'est Catholique. Or ce Concile, en plaçant l'homme avant Dieu, a constamment miné la doctrine Révélée par Dieu, à savoir la Foi, au nom de l'unité œcuménique des hommes. Voilà pourquoi, à moins d'un miracle, Benoît XVI est incapable de saisir la véritable signification de la prise de position doctrinale de la FSSPX. En même temps, combien de Catholiques ne seront pas facilement trompés par la transition en douceur par laquelle il passe de beaucoup de Vérité explicite (1et 2) à sa subversion implicite (3) ? Peu ! L'erreur est d'autant plus puissante qu'elle est conçue et exprimée de façon subtile ! Nous devons prier pour ce miracle.

Kyrie eleison.

[summorum-pontificum.fr] Le cardinal Castrillon Hoyos, personnalité catholique n° 1 de 2009

SOURCE - summorum-pontificum.fr - 30 janvier 2010

Fondé en avril 1993, le magazine mensuel de langue anglaise Inside the Vatican a sa rédaction à Rome, mais son directeur est l’américain Robert Moynihan. Malgré sa diffusion modeste (15 000 exemplaires), essentiellement aux États-Unis et au Canada, Inside the Vatican est lu avec beaucoup d’attention à la Curie et dans l’épiscopat américain. Publication « papiste » et orthodoxe, Inside the Vatican n’a jamais caché son attachement à la forme extraordinaire.

Depuis une dizaine d’années, le magazine fait son classement des dix personnalités catholiques, hommes ou femmes, qui par leur courage, leur côté visionnaire ou leur foi, ont le plus marqué l’année écoulée.

Pour l’année 2009, le choix d’Inside the Vatican a placé en première place la cardinal Dario Castrillon Hoyos, préfet émérite de la Congrégation du clergé, et président émérite de la Commission pontificale Ecclesia Dei.

Justifiant ce choix, le collaborateur d’Inside the Vatican, Alberto Carosa, souligne le rôle du cardinal dans la préparation, la promulgation et la volonté d’application de Summorum Pontificum, qui justifierait à soi seul cette désignation. Rappelant que l’attachement à la liturgie traditionnelle du cardinal ne remonte pas au 7 juillet 2007, mais qu’il célébra pontificalement la « forme » désormais « extraordinaire » dès 2003, Carosa rappelle que le cardinal a estimé que l’intention du Saint Père était que la Messe traditionnelle soit accessible dans toutes les paroisses… Le journaliste crédite aussi le cardinal pour ses efforts à maintenir le contact avec la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, lesquels ont permis, selon lui, l’ouverture des discussions qui se déroulent actuellement.

28 janvier 2010

[summorum-pontificum.fr] Lettre ouverte à Mgr Vingt-Trois

SOURCE - summorum-pontificum.fr - 28 janvier 2010

Un groupe de demandeurs de la forme extraordinaire dans le cadre paroissial de Notre-Dame à Versailles vient d'adresser une lettre ouverte à l'archevêque de Paris, par ailleurs Président de la Conférence des évêques de France. C'est avec plaisir que je publie ce document. C'est, en effet, la première fois que ce groupe de demandeurs communique publiquement sur ce dossier. Mais, à ce fait, je me permets d'ajouter un commentaire tout à fait personnel. Nos évêques dénoncent, à Rome et en France, les méthodes d'action de Paix liturgique, sans même s'interroger sur leurs propres responsabilités. Ils renvoient à coup de forces de police des demandeurs qui ont pris une manière d'expression un peu plus forte que celle de Paix liturgique, en priant devant les églises réfractaires à la mise en application du Motu Proprio (DALE). Pour autant, ils ne répondent pas à des courriers comme celui que je publie ci-dessous. Comme Diogène, je cherche, non pas l'homme, mais n'importe qui, du moment qu'il soit capable de m'expliquer la bonne manière de dialoguer avec nos évêques. Je lance la recherche ! C'est un « Wanted » et j'espère que les chasseurs de prime se mettront en chasse. Et je précise que je le veux vivant. Pour comprendre. Réellement comprendre !

A son Excellence Monseigneur André Vingt-Trois
Archevêque de Paris
Président de la Conférence des Evêques de France
Maison de la Conférence des évêques de France
58 avenue de Breteuil
75007 Paris.

Versailles, le 25 janvier 2009

Lettre ouverte au Président de la Conférence des Evêques de France,
Monseigneur Vingt-Trois

Monsieur l’Archevêque,

Le journal La Croix du 20 janvier s’est fait l’écho de vos discussions avec le Pape Benoit XVI relatives aux difficultés d’application du Motu Proprio à Versailles. Le journaliste Frédéric Mounier, vous citant, précise : « S’il ne s’agit que de petits groupes isolés à ramener au bercail, il faut les traiter avec respect, (...). Mais s’ils cherchent à faire du prosélytisme au détriment du rite de Paul VI, c’est différent. ». Les diocèses de Versailles et de Strasbourg sont cités comme étant le foyer de « groupes de militants utilisant le Motu proprio » et pratiquant « la surenchère systématique ».

Jusqu’à présent, et afin de faciliter le travail de nos clercs, nous n’avons jamais communiqué sur notre démarche même si malheureusement elle a été médiatisée malgré nous dans des lettres dont ni le ton ni les arguments ne sont nôtres. Mais l’article recèle trop de contre-vérités et les propos que l’on vous prête ont si profondément blessé les demandeurs de Notre-Dame de la Paroisse de Versailles que nous ne pouvons rester silencieux.

En septembre 2007, 125 familles soit 600 paroissiens habitant le ressort territorial de la Paroisse Notre Dame ont souhaité pouvoir bénéficier dans leur paroisse de la messe sous la forme extraordinaire. Il s’agit de familles de la génération Jean Paul II qui ne sont pas nécessairement nés dans un milieu dit « traditionnel » et certains ont été baptisés ou mariés sous la forme ordinaire. Appelés par le Saint Père au nécessaire enrichissement mutuel des deux formes du rit, ils croient fortement à la nécessaire réconciliation entre tous les catholiques. Cette demande constitue l’ une des plus importantes demandes d’application du Motu Proprio en France.

Depuis le début, nous entretenons de bonnes relations avec le Curé de la paroisse et notre évêque Monseigneur Eric Aumonier avec qui les échanges sont courtois. Le 20 novembre 2007, Monseigneur Aumonier a considéré que notre demande était « forte, originale, conséquente et entendue ». Nous sommes persuadés que la prière et le dialogue permettront de trouver la meilleure solution pour répondre à l’appel du Saint Père. Nous avons patiemment oeuvré depuis deux années dans ce but. Le groupe des demandeurs de Notre-Dame assiste régulièrement aux offices, participe activement aux activités de la paroisse, s’est joint à l’organisation pratique de la kermesse de la paroisse en y tenant des stands.

Aussi, nous sommes donc très surpris du contenu de cet article. Tout d’abord, dans la mesure où nous sommes des catholiques pratiquants comme les autres et non des « militants », et il nous paraît surprenant de nous considérer comme en dehors de l’église, ceci alors même que des membres de notre communauté stable ont été élus au conseil pastoral pour l’évangélisation de la paroisse.

Le Motu Proprio a énoncé un modus operandi clair pour les personnes souhaitant bénéficier dans leur paroisse de la messe selon la forme extraordinaire. Nul prosélytisme ne saurait nous être reproché de ce fait. L’un des apports essentiels du concile Vatican II est d’affirmer le rôle du laïc dans l’Eglise, tout en respectant dans sa Constitution sur la Liturgie, la Tradition vivante de l’Eglise. C’est dans ce droit fil que nous menons notre action.

En effet, la jeunesse des demandeurs de Notre-Dame les met, Dieu merci, à l’abri des querelles du passé : nous sommes des catholiques d’aujourd’hui, laïcs profondément engagés dans la vie de l’Eglise et qui avons à coeur la ré-évangélisation d’un pays déchristianisé.

Tout cela peut vous être confirmé par Monseigneur Aumonier et le curé de la paroisse. Nous tenons à votre disposition le dossier complet de nos actions et de nos courriers afin que vous puissiez vérifier de visu nos assertions.

Dans l’unique objectif de faire progresser l’unité de l’Eglise de France, nous serions très honorés si nous pouvions vous expliquer de vive voix nos motivations qui ne doivent rien à l’idéologie du passé ni à l’agitation liturgique stérile, mais tout à notre Foi.

Confiants dans votre charité, votre discernement et votre ouverture, nous vous confions humblement notre requête, et avons l’honneur de présenter à votre Excellence l’expression de notre respectueuse considération,

Les demandeurs de Versailles Notre Dame

27 janvier 2010

[APIC - RadioVM] L’ultimatum du grand rabbin de Rome : l’Église devra décider entre les juifs et les lefrebvristes

SOURCE - APIC - Radio Ville Marie - 27 janvier 2010
“Si la paix avec les Lefebvristes signifie renoncer aux ouvertures du Concile (Vatican II, ndlr), l’Eglise devra décider: eux ou nous !“, a lancé le grand rabbin de Rome le 26 janvier, quelques jours après la visite de Benoît XVI à la synagogue de Rome, et à la veille de la Journée de la Mémoire dédiée aux victimes de la Shoah. Interviewé par le mensuel italien catholique en ligne Il Consulente Re, Riccardo Di Segni a par ailleurs ajouté que l’expression utilisée par Jean Paul II lors de sa visite à la synagogue de Rome, en 1986, pour décrire les juifs comme des “frères aînés“, était “très ambiguë du point de vue théologique parce que les frères aînés dans la Bible sont les méchants“. Aux yeux du grand rabbin, parler des “frères aînés" signifie: “Vous y étiez, maintenant vous ne comptez plus du tout!“. Enfin, Riccardo Di Segni a estimé que la Communauté de Sant’Egidio était “un bel exemple de collaboration“ entre juifs et catholiques.

apic/imedia

[Aymeric] "On a parfois des surprises avec des journalistes de la presse confessionnelle..."

SOURCE - Aymeric - commentaire sur le blog "MetaBlog" - 27 janvier 2010

On a parfois des surprises avec des journalistes de la presse confessionnelle, effectivement, et pas avec les seuls journalistes polyvalents que Bernard Lecomte met en cause comme "incapables de distinguer un luthérien d’un anglican" ou "un synode d’un conclave".

Prenez Nicolas Senèze par exemple, il est journaliste à La Croix. Dans un article du 25 janvier 2010 («Internet au service de la liturgie»), Nicolas Sénèze écrit qu’«en matière de liturgie, il faut constater la très large place de la forme extraordinaire du rite romain sur Internet. Même l’encyclopédie participative en ligne Wikipédia consacre presque entièrement son article ‘Messe’ à la liturgie dite ‘traditionnelle’, plutôt qu’à sa forme rénovée après Vatican II en vigueur dans la plupart des paroisses».

Sur le Forum Traditionaliste, PTK réagit: «Nicolas Senèze se trompe. L'article de Wikipedia n'est pas consacré à la Messe traditionnelle. Il déroule simplement la Sainte Messe et précise lorsqu'il y lieu les différences entre les deux formes du rite romain. Mais bien évidemment, si Nicolas Senèze ne connaît que la ‘forme rénovée après Vatican II en vigueur dans la plupart des paroisses’ françaises, on peut comprendre qu'il n'y reconnaisse rien.»

De fait, ce que le texte de Wikipédia dit de la messe s’applique aussi bien au missel de Paul VI. Nicolas Sénèze lit cette description, et peut-être habitué à ce que PTK nomme «le franc et grotesque désordre», il ne comprend seulement pas que c’est y compris de la messe de Paul VI qu’il s’agit. C’est… énorme!

Le texte de Nicolas Sénèze - http://www.la-croix.com/Internet-au-service-de-la-liturgie/article/2411952/4078
Le texte de Wikipedia - http://fr.wikipedia.org/wiki/Messe
Le texte de PTK sur le forum - http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=530614

[Paix Liturgique] Vingt-Trois v'là les flics! A Paris, Monseigneur Vingt-Trois dialogue avec des matraques

SOURCE - Lettre 215 de Paix Liturgique - 27 janvier 2010

Il faut le dire et le répéter : à Paris, le Motu Proprio de 2007 n’est pas appliqué.

Depuis l’entrée en vigueur du Motu Proprio le 14 septembre 2007, seules deux célébrations dominicales dans la forme extraordinaire du rite romain ont été mises en place à Paris et encore à des horaires non familiaux, marginaux et marginalisants ! (12 h 15 à Ste Jeanne de Chantal dans le 16ème et 18 h 30 seulement 3 dimanches par mois à Notre-Dame du Travail dans le 14ème et cela après plus d'un an de pressions peu dignes et de brimades du curé de Saint Pierre de Montrouge pour tenter de faire cesser la demande et de briser - sans succès - la dynamique du groupe naissant). Et malgré cela, ces petits confettis concédés montrent que le public intéressé est largement local et paroissial, qui montre macroscopiquement ce que pourrait être l’application du Motu Proprio à Paris.

Deux ans et demi après l’entrée en vigueur du Motu Proprio de Benoît XVI, malgré des dizaines de demandes respectueuses, solides et légitimes dans les paroisses parisiennes, voilà le bilan éloquent du Cardinal archevêque de Paris, Président de la Conférence épiscopale de France. Voir notamment lettres de Paix Liturgique n° 208 et 204.

Le responsable de cet apartheid liturgique et de cette opposition au Pape, le Cardinal Vingt Trois, ne se prive d’ailleurs pas de dire en privé qu’il a donné des instructions à ses curés pour empêcher l’application du Motu Proprio de Benoît XVI (voir dans notre lettre 208 les confidences du Cardinal Vingt-trois au Père Chauvet).

Samedi dernier, 23 janvier 2010, un pas supplémentaire a été franchi par le Cardinal archevêque de Paris dans sa politique de négation de la demande et d’opposition au Motu Proprio de Benoît XVI. En effet, Monseigneur Vingt Trois a choisi la violence de la force policière pour bâillonner l’expression d’une demande d’application du Motu Proprio superbement ignorée et méprisée depuis plusieurs années par le curé, couvert par son archevêque.

Que s’est il donc passé ?

Du point de vue de l’événement, pratiquement rien. Samedi soir, à l’issue de la messe anticipée de 18 heures de la paroisse de l'Immaculée Conception dans le 12ème arrondissement de Paris, plus d'une trentaine de catholiques, faute de pouvoir dialoguer avec leur curé et faute d’avoir des réponses à leurs demandes anciennes et ancrées d’application du Motu Proprio (voir la note à la fin de cette lettre) ont décidé - à l'occasion de la semaine de l'Unité - de rester dans l’église le temps d'une prière de supplique et d'appel à l'unité. C’est tout : 32 catholiques disent ensemble un chapelet, après la messe, dans une église de Paris. C’est tout.

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Comme le ridicule, paraît-il, ne tue pas, cette « intolérable agression » a été réprimée par l’envoi de trois équipages de police ! Car la réaction du curé, le Père Géniteau, du Père Chauvet puis du Cardinal Vingt-Trois ne s’est pas fait attendre : Aucun dialogue mais… recours immédiat à la force policière. Il est vrai que la « violence » aurait pu perdurer et que ces malheureux fidèles auraient pu tenter d’aller… jusqu’à réciter un rosaire. On comprend qu’il fallait sévir au plus vite !

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Ce sont en effet les policiers qui ont déclaré : "Le curé ne veut pas vous parler "!
A la demande écrite du clergé (la demande d’expulsion signée du Père Géniteau avec confirmation du Père Chauvet, curé de Saint François Xavier et celle du Cardinal archevêque de Paris Mgr Vingt-Trois a été montrée par la police aux fidèles), trois équipages de police sont intervenus pour chasser de l’église 32 fidèles âgés de 18 à 91 ans qui… priaient la Vierge Marie dans une église.

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La Police, forte de l’ordre de Monseigneur Vingt Trois les a même menacés « de lancer les lacrymogènes dans l'église en cas d'opposition ! » Le don des larmes, en somme.
Notons que, gardant son calme et usant d'une louable retenue, le Maire du XIIème arrondissement, sollicité sur la question de savoir ce qu’il convenait de faire, n'a pas souhaité cette intervention policière, brutale et immédiate, sans un dialogue préalable.

Comme dans l’Eure, à Thiberville, ce sont les élus de la République qui donnent des leçons de modération et de dialogue aux membres de la hiérarchie catholique, de plus en plus décalés et incapables d’appréhender une situation d’insatisfaction de leurs ouailles. Le plus étrange est qu’il s’agit d’ecclésiastiques conciliaires, qui ont voulu et promu de manière incantatoire la prise de parole des laïcs. N’étaient-ils pas sincères ? En tout cas, elle leur revient à la figure comme un boomerang, cette prise de parole. Et vraiment pas de manière violente : pour être entendus, ils disent le chapelet, ces pauvres laïcs. Et cela semble intolérable à leur clergé !

Oui, vous avez bien lu, en 2010, un évêque choisit froidement la force et la violence physique contre des catholiques qui récitent pacifiquement le rosaire dans une église alors qu'a aucun moment ces fidèles en prière n'ont menacé de perturber la paroisse ou de continuer à occuper celle-ci après leurs dévotions et alors même qu'ils avaient déclaré explicitement qu'ils partiraient dans la tranquillité à l'issue de celles-ci.

« Voilà des gens que je n’aurai pas voulu connaître pendant la guerre » disait à propos du curé et du Cardinal une paroissienne expulsée qui, compte tenu de son âge avancé, savait de quoi elle parlait quant aux heures les plus sombres de notre histoire.

A Paris, quoi qu’en dise le Père Chauvet – qui déclarait publiquement en juin 2008 (voir lettre de Paix liturgique n°116) : « on peut raisonnablement penser qu’à moyen terme, la forme extraordinaire du rite romain pourrait être célébrée dans toutes les grandes églises de Paris » - on ne dialogue pas avec les groupes de demandeurs … et s’ils insistent, s’ils arrivent jusqu’aux mystères douloureux, on les matraque !

Dans l’Église d’aujourd’hui, c’est bien connu, on préfère dialoguer avec ceux qui ne demandent rien, avec les marionnettes nommées pour cela, avec ces consommateurs du culte que sont souvent devenus un certain nombre de catholiques, ou ceux que l’on se choisit pour pouvoir dire sereinement « je dialogue, tout va très bien ».

Franchement, après ça, on a du mal à écouter des sermons sur la charité et des incantations sur l’« écoute », l’« unité du peuple de Dieu », etc. C’est même tellement gros qu’il vaut mieux en rire. Mais c’est à pleurer. De honte.

En tout cas, pour le Cardinal Vingt Trois, les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle de l’Eglise ne sont ni 34 % (comme le révèle pourtant le sondage réalisé en septembre 2008 – lettre 146) ni 20 % ni 10 % … ni même seulement 1 %.

Pour le Cardinal Vingt Trois, les fidèles attachés à la forme extraordinaire du rite romain n’existent pas, il n’y a pas de demande d’application du Motu Proprio ni d’ailleurs de problème liturgique en France. Ainsi pouvait-il tranquillement déclarer dans un article de LA CROIX du 17 septembre 2009, après la libéralisation de la messe en rite ancien : contrairement à ce que certains avaient craint, « il n’y a pas eu de “tsunami” de la pratique religieuse en France : çà et là, des arrangements ont été trouvés, mais globalement la pratique des catholiques français n’a pas été profondément modifiée ». « Mais cependant, Eminence… » « Trois équipages de police ! » « Pourtant, Eminence, le Pape a dit... » « Trois équipages de police ! »

Notre Conclusion :

Le pire est que cette manière de « dialoguer » a été mise en œuvre au cours de la semaine de prière pour l'unité des chrétiens contre des femmes et des hommes qui veulent la paix dans l’Eglise et qui s’expriment… en priant la Sainte Vierge dans une église.

Nier la demande d’une partie du Peuple de Dieu, la mépriser, la faire taire : qu’on le veuille ou non, c’est objectivement très grave.

ANNEXE I : CE QU'IL FAUT SAVOIR À PROPOS DE LA DEMANDE DES FAMILLES DU XIIÈME ARRONDISSEMENT QUI SOUHAITENT BÉNÉFICIER DE MESSES "EXTRAORDINAIRES" CHAQUE DIMANCHE ET FÊTES DANS LEUR DOYENNÉ :

Le groupe des demandeurs du doyenné du 12ème arrondissement de Paris se compose de plus de 90 familles.
Après bien des contacts personnels, une première démarche structurée est mise en œuvre en avril 2008. Il s'agissait, à l'occasion de la remise d'une lettre, de la rencontre de plusieurs demandeurs avec M. l'abbé Géniteau, curé de l'Immaculée Conception. L'entretien fut courtois, sans plus. Au mois de septembre 2008, n'ayant aucune réponse du doyen, d'autres fidèles sont allés remettre en mains propres une lettre au cardinal Vingt-Trois à l'occasion de sa venue dans l'arrondissement pour l'installation du curé de Saint Eloi. A l'issue de cet épisode, Mgr Chauvet, curé de Saint-François Xavier, chargé par le cardinal d'être le « monsieur Bons offices » dans ses relations avec les demandeurs de liturgie « Extraordinaire » contacta le groupe des demandeurs et leur proposa une rencontre en son presbytère. A l'issue de ce rendez vous, qui se déroula au mois d'octobre 2008, on arrêta la décision d'organiser une réunion élargie.
Cette réunion se déroula en présence d'une dizaine de familles de demandeurs de différentes paroisses du doyenné. Lors de cette réunion, Mgr Chauvet limogea Mr Emmanuel Delhoume, l'initiateur historique, pour se choisir comme interlocuteur un ami de l'abbé Géniteau, M Guillaume de Chabot, paroissien de l'Immaculée Conception… Le Père Chauvet prit également l’engagement de poursuivre ces réunions.
Ce qui devait arriver arriva… c'est-à-dire qu’il ne se passa plus rien.
Le Père Chauvet, comme à son habitude, venait ainsi d’enterrer la demande de l’Immaculée Conception en faisant des promesses qui, un an et demi après, n’ont pas vu le début d’un commencement de mise en œuvre...
Plusieurs fidèles demandèrent alors à M. de Chabot comment la situation avait évolué durant l'année 2009. La réalité était bien simple : il ne s’était rien passé. Une fois de plus, on a menti aux fidèles, on les a manipulé et on a mis en œuvre la feuille de route du Cardinal Vingt Trois : Pas d’application du Motu Proprio à Paris !!!
Pourtant, des idées avaient été évoquées lors de la réunion d'octobre 2008.
Par exemple, il avait été envisagé d'accorder la célébration "extraordinaire" dans la même chapelle annexe que celle où se réunissent chaque semaine pour la messe célébrée en polonais, une trentaine de polonais, alors que Paris a son église polonaise. Nous donnons cette information sans malice car nous ne doutons pas du caractère indispensable de cette messe accordé à 30 catholiques polonais dans ce doyenné…. mais nous considérons comme tout aussi indispensable que l'on accorde aux 90 familles qui le demandent un privilège semblable.
Cependant à l'aube de 2010, les fidèles du 12ème arrondissement de Paris attendent toujours une application du motu proprio dans leur doyenné.

Pour en savoir plus :
- M. Emmanuel Delhoume : edelhoume@voila.fr - 06 67 28 33 38
- M. et Mme Guillaume de Chabot : gdechabot@yahoo.fr - 06 16 66 02 43

ANNEXE II:
L'ARTICLE DE L'EXPRESS DU 25 JANVIER AU SUJET DE L'ACTION DU DALE


Église: les traditionalistes passent à l'offensive

A Paris, les catholiques traditionalistes espèrent bien se faire entendre pour un retour du rite tridentin, la messe en latin. Récit sur l'occupation d'une église.

Métro Picpus, samedi 23 janvier, dans le XIIe arrondissement parisien. C'est ici que se sont donnés rendez-vous les sympathisants du DALE (Droit A la Liturgie Extraordinaire), un groupuscule fondé en décembre dernier par de jeunes traditionalistes décidés à mener des opérations coup de poing afin d'exiger la célébration de messes en latin. Le choix de la date n'est pas anodin, elle tombe pendant la semaine d'unité des chrétiens (du 18 au 25 janvier). Une façon de mettre l'accent sur l'exclusion que subiraient, selon ces militants catholiques, une partie des fidèles attachés à la liturgie traditionnelle.

Mais que veulent-ils ? Pour comprendre, retournons en arrière. Juillet 2007, le pape Benoît XVI publie un Motu Proprio qui libéralise la messe de Saint Pie V selon le rite tridentin. En clair, la messe en latin où le prêtre fait face à l'autel et non à ses ouailles. Les fidèles ont dès lors la possibilité de demander la célébration d'une messe tridentine au curé d'une paroisse sans pour autant avoir à remonter jusqu'à l'évêque. C'est un retour sur un acquis du concile de Vatican II (1962-1965).

Les fidèles veulent que l'Église célèbre les messes en latin

Des paroissiens de l'église de l'immaculée conception (XIIe) font cette demande en avril 2008. S'ensuivent des rencontres avec le curé, le vicaire général et même le cardinal. Peine perdue. Malgré certaines promesses, ils ne parviennent à obtenir gain de cause. Certes, la messe selon le rite tridentin est déjà célébrée dans d'autres paroisses parisiennes. Mais pour ces "tradi", l'Église de France montre une mauvaise volonté manifeste à appliquer la décision papale.

A la suite d'une pétition rassemblant près de 90 familles de la paroisse, qui réclament une messe tridentine hebdomadaire et face au silence que lui opposerait, selon eux, la hiérarchie ecclésiastique, les membres du DALE ont donc débarqué ce samedi dans l'édifice religieux à la fin de la messe pour avoir une conversation "franche" avec le curé.

"C'est une démarche spirituelle vitale"

"C'est une démarche spirituelle vitale", confie une mère de famille. Ils sont une vingtaine, de tous âges. Le prêtre, le père Hervé Géniteau, fait prévenir le vicaire général mais s'abstient de tout commentaire. Dans l'attente, une prière s'organise devant la crèche pendant qu'une banderole est déroulée à l'entrée du lieu de culte avec l'inscription "Droit A la Liturgie Extraordinaire". Un sacristain arrive pour informer que l'église va fermer. Réponse laconique d'Emmanuel, qui dirige le chapelet: "Nous prions".

A 20h10, ce n'est pas le vicaire général qui arrive, mais une voiture de fonctionnaires de police, sirènes hurlantes. Puis deux. Puis trois. "Le prêtre a requit l'aide des forces de l'ordre pour expulser le groupe" les informe un agent. Stupéfaction chez les militants qui occupent désormais l'église. "Le prêtre refuse toute discussion" poursuit-il. L'ordre viendrait semble t-il de son supérieur, Monseigneur Chauvet, vicaire général du diocèse de Paris.

Pas démontés pour autant, les sympathisants du DALE se résignent à lever l'occupation après de nouvelles prières. Pacifiques, ils ne veulent pas résister mais seulement être entendu. Objectif atteint puisque qu'à 21h10, lorsqu'ils sortent enfin, une information tombe de la bouche d'un policier: "nous avons une autorisation express de Monseigneur XXIII, archevêque de Paris, pour vous mettre dehors". La revendication des traditionnalistes semble perturber les autorités ecclésiastiques en plus haut lieu.

26 janvier 2010

[Le Mascaret] Philippiques - Enigne

SOURCE - Le Mascaret - 26 Janvier 2010

Je pose des questions que je me garderai bien de résoudre, n'en ayant pas les moyens. Mais il me semble qu'elles méritent d'être posées. En toute ingénuité, croyez le bien, pour ceux qui me connaissent.

En 2006 la Fraternité, en la personne de son supérieur général, lance une croisade de rosaires pour obtenir la libéralisation de la messe grégorienne... Le Motu-Proprio arrive par après, exauçant manifestement (...) la première salve des millions de chapelets.

Rebelote en 2008. Nouvelle croisade, intentionnée cette fois-ci à la levée des excommunications des quatre évêques consacrés par monseigneur Lefebvre en 1988. Même succès, foudroyant pour des observateurs impartiaux... Le pape lève ces excommunications début 2009.

Et là, dix de der ; au moment décisif où le pape invite les représentants de la Fraternité à des discussions doctrinales, dont chacun sait qu'elles mériteraient au moins autant de chapelets que les précédentes causes : rien.  Monseigneur Fellay lance une croisade plus considérable encore pour... la consécration de la Russie au Cœur Immaculée de Marie.

Sur le moment vous n'avez rien compris et, je vous l'avoue, moi non plus. J'ai même souris, je le confesse, comme la femme d'Abraham. Il y a tant de causes de prières, utiles, saintes, salutaires et, partant, fort agréables à Dieu !  Pourquoi celle-là, donc, si anachronique, au moment où l'on célèbre les vingt ans de la chute du mûr de Berlin et où l'on chuchote un retour des orthodoxes (russes précisément) à l'unité catholique?
 
Mais attention. Monseigneur Fellay sait toujours ce qu'il fait. Quoi qu'il en soit du caractère télécommandé (ou non) des croisades qu'il lance, nul ne peut le soupçonner de n'en choisir pas avec un soin particulier les diverses intentions.

C'est en ce moment de perplexité que nous apprenons du gouvernement portugais que le pape a décidé de se rendre à Fatima le 13 mai 2010. On ne sait pas encore très bien les motifs de sa décision, surtout à vouloir les déchiffrer à partir de la réaction lénifiante et craintive des évêques portugais. Mais le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il tient une véritable baraqua, ce monseigneur Fellay ! Sans préjudice des arcanes divines devant lesquelles je m'incline à l'avance en bon chrétien que je m'efforce d'être, tout se passe comme si le pape se proposait à chaque fois d'aller au devant de ses prières ou si la Très Sainte Vierge les exauçait à tous coups.

Comme si. Une troisième hypothèse demande réflexion et il nous faut, pour l'émettre, faire un peu d'histoire.

Pour tous les experts de Fatima, la révélation du troisième secret n'a pas eu lieu et reste à faire. Du parallélisme des révélations de la Vierge en 1917, deux visions explicitées par deux secrets, il est certain que nous tenons les deux visions et seulement un secret. La première vision est celle de l'enfer et le premier secret est la dévotion au Cœur Immaculé de Marie et la consécration de la Russie (On parle de trois secrets lorsqu'on distingue la vision et le message. En vérité ces "deux secrets" sont une vision et son message). En mai 2000, le "texte" proposé par le futur Cal Bertonne, actuel secrétaire d'Etat mais sous les ordres, à l'époque, du Cal Ratzinger, alors Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, est la deuxième vision qu'eut sœur Lucie (consignée dans son cahier personnel) et non point le secret (consigné sous pli spécial) et remis en 1947 par l'Archevêque de Lisbonne au pape Pie XII, et conservé à part depuis lors. Il devait être révélé en 1961 et ne le fut point. Pour toutes ces questions difficiles, quoique parfaitement certaines, on pourra se référer aux bons articles du Sel de la terre de l'époque, citant les spécialistes américains.

La vision saisissante de sœur Lucie en dit long sur la nature du troisième secret qui nous reste caché. Souvenez-vous: une croix de chêne liège qui n'a plus de crucifié, ruisselle pourtant d'un sang dont les ministres ne sont plus les prêtres (!) mais les anges. Ce cortège misérable emmené par un pape et son clergé exsangue, tous assassinés sauvagement... Bref, un désarroi dans l'Eglise, une crise telle qu'on se demande sa visibilité, sa consistance, sa survie...

On sait que le Cardinal Ratzinger fut vivement contristé, à l'époque, de la prétendue révélation du 3ème secret par son délégué auprès de sœur Lucie, l'actuel Cardinal Bertonne. Il n'avait pas, alors,  la responsabilité ultime de cette décision et, comme tous dans l'Eglise mais surtout un Cardinal, il obéissait au pape. Veut-il à présent rectifier les choses ? Remettre quelques points sur les i ? Profiter de la révélation du troisième secret de Fatima pour corroborer et soutenir son œuvre de restauration en dénonçant le vent de folie théologique des années 60 ? Et, qui sait, consacrer la Russie au Cœur Immaculé de Marie, mais cette fois-ci dans les formes requises, c'est à dire en communion active avec les évêques du monde entier ? C'est son secret, pour l'heure...Mais ce pape nous a déjà suffisamment surpris pour qu'une nouvelle surprise...ne nous surprenne plus!

Reste que la justesse des choix de monseigneur Fellay se confirme. Un peu trop, d'ailleurs, à mon goût. Non que je doute de l'efficacité du chapelet. Mais, dit le proverbe, jamais deux sans trois. Le succès des deux premières croisades était prévisible puisque connu. Le succès de la troisième, que nous souhaitons tous (va sans dire) puisqu'il conjugue les intérêts de l'Église et de la Fraternité, pourrait être semblablement télécommandé. Des américains en sont déjà à dire (je suis contre) que monseigneur Fellay connaîtrait le fameux troisième secret...

Ca me chiffonnerait quelque peu pour l'honneur de la Vierge Marie, voilà tout.

25 janvier 2010

[Novopress] Bordeaux : Un évêque chez les «tradis»

SOURCE - Novopress - 25 janvier 2010
BORDEAUX (NOVOPress) : Mgr Aillet, évêque du diocèse de Bayonne, était à Bordeaux ce week-end. Il célébrait des ordinations en l’église Saint-Eloi, paroisse personnelle de l’Institut du Bon Pasteur. Cette venue constitue une première pour l’ancienne paroisse de l’abbé Philippe Laguérie, supérieur de cet institut et ancien curé de Saint-Nicolas du Chardonnet à Paris lorsqu’il était membre de la Fraternité Saint Pie X.

Pour la première fois un évêque français en exercice venait célébrer à Saint-Eloi la messe dans sa forme extraordinaire (en latin et dos au peuple) et par la même occasion rencontrer les membres de cet institut érigé en « société de vie apostolique » par le Vatican en 2006. Cette venue de Mgr Aillet, connu pour ses positions fermes sur les valeurs familiales, constitue la première étape du dialogue qui s’instaure entre ce dernier et l’Institut du Bon Pasteur.

En effet, Mgr Aillet souhaite multiplier les messes tridentines dans son diocèse – il a d’ailleurs institué une messe en latin à Bayonne tous les dimanches – et compte sur l’implantation de communautés religieuses dédiées à la messe en latin pour parvenir à cette fin. L’Institut du Bon Pasteur bénéficiera-t-il de ce projet pour obtenir une paroisse sur la côte basque ? Le processus semble bien engagé.

[Francis Serra - Golias] La face cachée de Thiberville (Eure): la théologie politique de l’Abbé Michel

SOURCE - Francis Serra - Golias - 25 janvier 2010

La résistance du curé et des fidèles de Thiberville (dans le diocèse d’Evreux) à la mutation du premier, l’abbé Francis Michel, a largement défrayé la chronique. En fait l’abbé Michel a imposé à un secteur paroissial du diocèse ses vues traditionnelles faisant fuir nombre de catholiques, à l’évidence incommodés par ce type de catholicisme.

Force est de reconnaître qu’il était nécessaire de faire le ménage. L’évêque du lieu, Mgr Nourrichard s’y est donc résolu. Au prix d’une tension et d’un conflit instrumentalisés par les réseaux traditionalistes. Cependant tout n’a pas été forcément dit dans cette affaire. En particulier ses arrières plans politiques. Nous en livrons quelques aperçus !

Petit rappel

Le 21 janvier n’est pas un jour comme les autres pour les intégristes et les traditionalistes. C’est en effet la commémoration de la mort de Louis XVI en 1793. D’ailleurs, cette année, comme nous l’apprend le bulletin « Pro liturgia », un évêque, Mgr Renaud de Dinechin, auxiliaire de Paris, a célébré une messe en mémoire du roi en latin (mais selon la forme « ordinaire » et non l’ancienne liturgie !).

Le sermon du curé de Thiberville ou l’hommage à Louis XVI, roi très chrétien

Quant à l’abbé Michel de la paroisse de Thiberville on lui doit un sermon tonitruant pour cette même occasion. Pêchée sur le site royaliste (traditionaliste) « La Question ». Tout un programme en vérité. Qui éclaire sous son vrai jour l’affaire de Thiberville. Citons-en un extrait :
« Voilà donc mes frères la raison fondamentale de notre rassemblement : nous souvenir que Louis XVI est mort avant toute chose parce qu’il était un Roi chrétien. C’est encore le même Pie VI qui le dit très clairement : « Et qui pourra jamais douter que ce monarque n’ait été principalement immolé en haine de la Foi et par un esprit de fureur contre les dogmes catholiques ». Je crois mes frères qu’il convient aussi d’y associer tous les béatifiés, les canonisés mais aussi la foule des sans nom, sans-grade qui ont été fusillés, guillotinées, massacrés, brûlés, noyés pour la Foi catholique. Alors mes frères souvenons nous que si la France catholique et royale est née dans l’eau sainte du baptême à Reims, la France républicaine et laïque est née dans un bain de sang impur, dans la haine et la terreur de la révolution (...) Il est aujourd’hui de bon ton de parler du « devoir de mémoire », de « repentance », et de rappeler images à l’appui grâce à la télévision, les rafles, les camps, les exterminations… Ah ! mes frères ! comme je regrette que la télévision n’ait été inventée dès 1789 pour que nous puissions voir aujourd’hui tous ces martyrs de Compiègne, de Valenciennes, d’Arras, d’Orange, d’Angers, d’Avrillé, de Vannes, de Laval, des Petits et Grands Ducs, de Paris, toute cette cohorte d’évêques, de prêtres, de religieuses, d’hommes et de femmes et même d’enfants massacrés pour la Foi… Cet immense cortège de manants en sabots, cet immense cortège de « Manants du Roi » pour parler comme La Varende. Comme je regrette que nous puissions ni voir ni entendre notre Roi aimé Louis XVI montant à l’échafaud s’avancer vers la foule et s’écrier : « Je meurs innocent de tous les crimes qu’on m’impute. Je pardonne aux auteurs de ma mort et je prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne retombe jamais sur la France ». Ne croirait-on pas entendre Notre Seigneur lui-même dire à son Père : « Père, pardonnez leur, ils ne savent pas ce qu’ils font… ». Oh ! mes frères, devant les sublimes paroles de Louis XVI face à la mort comment ne pas crier de bouche et de coeur : « Vive le Roi ! ». Hélas les bourreaux ont fait leur besogne… la tête de Louis XVI est tombée, le sang dit-on a giclé très loin et, depuis, c’est toute l’histoire de la France qui en est marquée ».
Restons-en là ! Cela parle déjà assez. Faut-il ajouter encore un commentaire ? La théologie politique de l’abbé Francis Michel et de ses affidés n’est pas la nôtre. Pas plus que sa relecture de l’Histoire.

Nous sommes très loin de l’Évangile et de la véritable tradition chrétienne.

[Valentin Legris - L'Express] Église: les traditionalistes passent à l'offensive

SOURCE - Valentin Legris - L'Express - 25 janvier 2010

A Paris, les catholiques traditionalistes espèrent bien se faire entendre pour un retour du rite tridentin, la messe en latin. Récit sur l'occupation d'une église.

Métro Picpus, samedi 23 janvier, dans le XIIe arrondissement parisien. C'est ici que se sont donnés rendez-vous les sympathisants du DALE (Droit A la Liturgie Extraordinaire), un groupuscule fondé en décembre dernier par de jeunes traditionalistes décidés à mener des opérations coup de poing afin d'exiger la célébration de messes en latin. Le choix de la date n'est pas anodin, elle tombe pendant la semaine d'unité des chrétiens (du 18 au 25 janvier). Une façon de mettre l'accent sur l'exclusion que subiraient, selon ces militants catholiques, une partie des fidèles attachés à la liturgie traditionnelle.

Mais que veulent-ils ? Pour comprendre, retournons en arrière. Juillet 2007, le pape Benoît XVI publie un Motu Proprio qui libéralise la messe de Saint Pie V selon le rite tridentin. En clair, la messe en latin où le prêtre fait face à l'autel et non à ses ouailles. Les fidèles ont dès lors la possibilité de demander la célébration d'une messe tridentine au curé d'une paroisse sans pour autant avoir à remonter jusqu'à l'évêque. C'est un retour sur un acquis du concile de Vatican II (1962-1965).

Les fidèles veulent que l'Eglise célèbre les messes en latin

Des paroissiens de l'église de l'immaculée conception (XIIe) font cette demande en avril 2008. S'ensuivent des rencontres avec le curé, le vicaire général et même le cardinal. Peine perdue.  Malgré certaines promesses, ils ne parviennent à obtenir  gain de cause. Certes, la messe selon le rite tridentin est déjà célébrée dans d'autres paroisses parisiennes. Mais pour ces "tradi", l'Eglise de France montre une mauvaise volonté manifeste à appliquer la décision papale.

A la suite d'une pétition rassemblant près de 90 familles de la paroisse, qui réclament une messe tridentine hebdomadaire et face au silence que lui opposerait, selon eux, la hiérarchie ecclésiastique, les membres du DALE ont donc débarqué ce samedi dans l'édifice religieux à la fin de la messe pour avoir une conversation "franche" avec le curé.

"C'est une démarche spirituelle vitale"

"C'est une démarche spirituelle vitale", confie une mère de famille. Ils sont une vingtaine, de tous âges. Le prêtre, le père Hervé Géniteau, fait prévenir le vicaire général mais s'abstient de tout commentaire. Dans l'attente, une prière s'organise devant la crèche pendant qu'une banderole est déroulée à l'entrée du lieu de culte avec l'inscription "Droit A la Liturgie Extraordinaire". Un sacristain arrive pour informer que l'église va fermer. Réponse laconique d'Emmanuel, qui dirige le chapelet: "Nous prions".

A 20h10, ce n'est pas le vicaire général qui arrive, mais une voiture de fonctionnaires de police, sirènes hurlantes. Puis deux. Puis trois. "Le prêtre a requit l'aide des forces de l'ordre pour expulser le groupe" les informe un agent. Stupéfaction chez les militants qui occupent désormais l'église. "Le prêtre refuse toute discussion" poursuit-il. L'ordre viendrait semble t-il de son supérieur, Monseigneur Chauvet, vicaire général du diocèse de Paris.

Pas démontés pour autant, les sympathisants du DALE se résignent à lever l'occupation après de nouvelles prières. Pacifiques, ils ne veulent pas résister mais seulement être entendu. Objectif atteint puisque qu'à 21h10, lorsqu'ils sortent enfin, une information tombe de la bouche d'un policier: "nous avons une autorisation express de Monseigneur XXIII, archevêque de Paris, pour vous mettre dehors".  La revendication des traditionnalistes semble perturber les autorités ecclésiastiques en plus haut lieu.

24 janvier 2010

[FSSP - summorum-pontificum.fr] Consécration de la chapelle du séminaire FSSP-Communiqué officiel

SOURCE - FSSP - summorum-pontificum.fr - 24 janvier 2010

« Denton, Nebraska – 22 janvier 2010.

La Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre a la joie d’annoncer la consécration pontificale de la nouvelle chapelle dont la construction vient de d’achever, de son séminaire Our Lady of Guadalupe, le mercredi 3 mars à 10 h (CST note 1). Mgr Fabian Bruskewitz ( note 2 et photo lors d'une tonsure) célébrera pontificalement la consécration et la Messe selon la forme extraordinaire du rite romain.

À cette cérémonie d’une durée de cinq heures, sera présent un invité exceptionnel venant du Vatican : le cardinal William Levada, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi. La Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre est enchantée de la présence d’une personnalité officielle de haut rang de l’Église catholique. La présence du cardinal Levada est liée au fait qu’il est le président de la Commission pontificale Ecclesia Dei constituée par le pape Jean-Paul II et récemment amplifiée par le pape Benoît XVI pour faciliter le plein accueil dans la vie de l’Église des communautés et des personnes attachées à la forme extraordinaire.

Grâce à son architecte, Thomas Gordon, la chapelle du séminaire reflète la renaissance contemporaine de la riche tradition de l’architecture classique catholique. Quand il aura franchi les portes en acajou, le visiteur se trouvera plongé dans la beauté et la grandeur de cette chapelle qui dispose d’un maître-autel surélevé et accentué par baldaquin en marbre d’une hauteur de 9,5 m, de sept autels latéraux, de stalles pour le chœur liturgique où peuvent prendre place 92 séminaristes et prêtres. Voilà quelques-unes des qualités fondamentales de cette chapelle qui, le 3 mars prochain, sera remplie de ceux pour qui elle a été édifiée.

La consécration et la Messe sont ouvertes au public. Tous les fidèles sont cordialement invités et seront les bienvenus à ce joyeux événement et au rafraîchissement qui suivra.

En raison du nombre d’invités et de l’espace réduit, des salles disposant d’écrans de télévision seront mises à la disposition de ceux qui souhaitent prendre part à cet événement mais qui ne pourront pas entrer dans la chapelle.

La consécration et la Messe pontificale seront retransmises en direct sur Eternal World Television Network (EWTN) à partir de 11 h (heure de la côte Est). Regardez en direct [sur vos téléviseurs ou vos ordinateurs] la consécration et la Messe pontificales ! »

1. CST = Central Standard Time. Utilisé aux États-Unis pour la zone géographique centrale couverte par le sixième fuseau horaire à l’ouest de Greenwich.

2. Évêque de Lincoln (Nebraska).

[Paix Liturgique] La Croix au Pays de Pinocchio

SOURCE - Lettre 214 de Paix Liturgique - 23 janvier 2010

Le compte rendu publié par La Croix, ce 20 janvier, de la visite que Mgr Vingt-Trois et les représentants de l'épiscopat français ont faite au Saint-Père le lundi 18 janvier a retenu toute notre attention. En effet, dans un des articles, Frédéric Mounier, envoyé spécial permanent de La Croix à Rome nous a offert un véritable chef d’œuvre de désinformation. Pas étonnant de la part de celui qui, le 10 février 2009, déclarait publiquement dans l’émission « Le Grand Débat » de la chaîne Histoire à propos de ceux qu’il appelait les traditionalistes : « ILS NE SONT RIEN ! »

Il faut dire que le journal La Croix et plus généralement le groupe Bayard auquel appartient ce quotidien, forment en France la machine médiatique de guerre la plus têtue et la plus redoutable, hier contre la Rome de Jean-Paul II, aujourd’hui contre celle de Benoît XVI. Se donnant, par comparaison avec des « extrémistes » comme les animateurs de la revue Golias, comme des « modérés », les journalistes du groupe Bayard, avec ce ton insidieux qui les caractérise sont toujours au premier rang des batailles contre le Saint-Siège.

Cette négation des personnes, pleine de respect et d’amour, qui émane d'un chroniqueur de La Croix (organe proche de « l'aile gauche » de la Conférence épiscopale - NNSS Simon, Dagens, Rouet - mais qui vise à exprimer ou à inspirer une opinion majoritaire dans la Conférence [1]) a eu au moins le mérite de résumer parfaitement une pensée encore fortement représentée dans l’épiscopat français et de rappeler – s’il en était besoin – que le sectarisme et l’idéologie sont toujours de rigueur dans de larges secteurs de l’Eglise de France où certains semblent ne pas vouloir voir la réalité comme elle est et continuent de se rassurer avec des clichés répétés de manière incantatoire…

Le 20 janvier dernier donc, Frédéric Mounier écrivait notamment

"Benoît XVI l’a redit aux évêques : il n’existe qu’un seul rite, celui de Paul VI, avec deux formes, ordinaire et extraordinaire. Son motu proprio ne concerne a priori qu’un petit nombre de personnes, familières du latin, troublées par le passage rapide au rite de Paul VI. Pour Benoît XVI, l’unité de l’Eglise passe par la reconnaissance de la richesse de son patrimoine liturgique, avant et après Vatican II, dans une continuité à laquelle il est très attaché. Mais, avec ces groupes militants, les évêques français se trouvent face à la revendication d’une nouvelle liturgie. Ils rappellent que le pape célèbre lui-même tous les jours, en communion avec les évêques du monde entier, selon le rite de Paul VI. Le motu proprio rappelant le rôle des évêques comme gardiens de la liturgie, c’est donc l’autorité épiscopale qui se trouve défiée."

Ce n’est certes pas la première fois que La Croix est prise la main dans le pot de confiture de la désinformation mais si nous nous y arrêtons, c'est parce qu'en un seul paragraphe, Frédéric Mounier énonce plus de contre-vérités que Pinocchio à son retour du pays des marionnettes.

À vous de juger...

1 - "Son motu proprio ne concerne a priori qu’un petit nombre de personnes, familières du latin, troublées par le passage rapide au rite de Paul VI."

Frédéric Mounier ne semble pas réaliser que nous ne sommes plus en 1970 mais… en 2010. Il faut le lire pour le croire : en 2010, il existe encore un « journaliste » qui 40 ans après l’entrée en vigueur du nouveau rite, ose écrire une telle énormité.

L’écrasante majorité des fidèles qui pratiquent aujourd’hui leur foi dans la forme extraordinaire du rite romain n’était pas née lors du « passage rapide » (pour ne pas dire violent) au nouveau rite ou était si jeune qu’elle n’en a aucun souvenir.

Que dire aussi des 34 % de catholiques pratiquants actuels qui assistent aujourd’hui à la messe célébrée dans la forme ordinaire du rite romain mais qui – s’ils avaient le choix et qu’une messe traditionnelle était célébrée dans leur paroisse – préféreraient assister à la forme extraordinaire du rite romain. Ont-ils tous l’âge des lecteurs de La Croix ?

Cette affirmation a le mérite de confirmer que pour La Croix l'indult de 1984, Quattuor abhinc annos ou le motu proprio de Jean Paul II de 1988 Ecclesia Dei n’ont jamais eu droit de cité dans l’Eglise de France puisque ces textes balaient depuis plus de 20 ans la fausse raison d’être que La Croix entend encore donner aujourd'hui au motu proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI.

N’en déplaise à Frédéric Mounier la réalité est toute autre.

D’années en années, le nombre de fidèles qui font le choix de la forme extraordinaire du rite romain ne fait que croître. Ces fidèles viennent pour la plupart du nouveau rite et n’ont pas eu à faire de choix en 1970 tout simplement parce qu’ils n’étaient pas nés. Venus du nouveau rite et ayant découvert la messe traditionnelle, ils font le choix libre et adulte de préférer aujourd’hui une liturgie qui les nourrit plus. C’est un fait et cela se passe aujourd’hui. Le rite de Paul VI, ils le connaissent et si passage d’un rite à l’autre il y a aujourd’hui, force est de constater que c’est bien du rite de Paul VI à celui de Jean XXIII. Cela ne concerne pas seulement les fidèles mais aussi des communautés religieuses (franciscains de l’Immaculée, cisterciens de Mariawald, bénédictins de Nursie). Merci Monsieur Mounier, mais dans ces circonstances concrètes et réelles, pas besoin d’un texte pour ceux qui seraient « troublés par le passage au rite de Paul VI».

Enfin, plus de 14% des ordinations « séculières » sont pour la forme extraordinaire (Paix liturgique, n. 183, 22 juin 2009), près de 20% des séminaristes se destinent à la forme extraordinaire (Paix liturgique, n. 176, 4 mai 2009), et 25% des vocations françaises se destinent actuellement à la forme extraordinaire (Paix liturgique, n.199, 12 octobre 2009). Nous reviendrons bientôt sur ce sujet. Disons simplement que cet indicateur illustre bien que l’attachement au rite traditionnel est résolument un choix d’avenir qui se passe dans l’Eglise d’aujourd’hui et non quelque chose qui appartient au passé. Au total, un séminariste français sur quatre se destinera – se destine déjà – à la forme extraordinaire ou au bi-formalisme. Etant rappelé que dans une dizaine d’année le nombre des 9.000 prêtres diocésains actuellement en activité en France (sur 15.000 prêtres) se réduira selon les projections les plus optimistes à 5.000 prêtres, et le nombre des prêtres « extraordinaires », dans les perspectives les plus pessimistes pour eux tendra vers 10%. Et Frédéric Mounier continue, impavide, comme en 1970, à dire que le : « motu proprio ne concerne a priori qu’un petit nombre de personnes, familières du latin, troublées par le passage rapide au rite de Paul VI »…

2 - "les évêques français se trouvent face à la revendication d’une nouvelle liturgie"

QUOI ?! La forme extraordinaire du rite romain, la messe de SaintGrégoire le Grand, la Messe du Saint Curé d’Ars, le Missel de Jean XXIII, la messe célébrée chaque matin dans Saint-Pierre de Rome, devant les Pères conciliaires, durant tout le concile Vatican II... une "nouvelle" liturgie ?!

Quel formidable exemple de mauvaise foi journalistique !

 « Dans les paroisses où il existe un groupe stable de fidèles attachés à la tradition liturgique antérieure, le curé accueillera volontiers leur demande de célébrer la Messe selon le rite du Missel romain édité en 1962 » nous dit pourtant l’article 5 paragraphe 1 du Motu Proprio Summorum Pontificum.

En réalité, les évêques ne se trouvent pas face à la revendication d’une nouvelle liturgie mais après quarante années d’exclusion des fidèles, d’apartheid liturgique et de refus de dialogue, les évêques se retrouvent face à leurs responsabilités et à leur propre bilan.

Qu’ont-ils fait depuis quarante ans pour les 34 % de catholiques pratiquants qui assisteraient à la messe traditionnelle si elle était célébrée dans LEUR paroisse ? Qu’ont-ils fait des innombrables demandes respectueuses de célébration de la liturgie traditionnelle faites depuis le motu proprio de 1988 ?

Le réveil est peut être brutal mais le problème n’est pas nouveau. Avoir répété – et continuer de le faire aujourd’hui – qu’il n’y a pas de problème liturgique en France ou que la question ne concerne qu’un « petit nombre de personnes » ne change rien à la réalité.

Ce n’est pas revendiquer que de dire aux évêques : rendez accessible à toute l’Eglise universelle le trésor de la messe latine et grégorienne du Bienheureux Jean XXIII. Une très grande partie des catholiques vous le demandent. Il n’est pas trop tard. Les fidèles du Christ – on nous le répète sur tous les tons au service de revendications déviantes – ont DROIT AUX SACREMENTS. Or ce droit existe en effet, à condition de l’entendre comme la traduction moderne de l’adage : « Le salut des fidèles est la suprême loi ». Et d’ailleurs, certains fidèles (une poignée) demandent en France à pratiquer selon tel rite oriental : on le leur accorde avec raison. D’autres (la communauté portugaise notamment) demandent des messes dans leur langue natale : on les organise pour répondre à leurs besoins spirituels. Or un fidèle du Christ sur trois vous demande partout et en tout lieux, à vous, Pères de leurs âmes, la célébration de la messe selon l’usus antiquior, et vous ne voulez pas accéder à leur demande.

3 - "Le pape célèbre lui-même tous les jours, en communion avec les évêques du monde entier, selon le rite de Paul VI."

Comme l’écrit fort justement le site Summorum Pontificum Observatus : "Avec ce classique appel néo-gallican… à l’usage romain : les évêques «rappellent que le pape célèbre lui-même tous les jours, en communion avec les évêques du monde entier, selon le rite de Paul VI.» C’est désormais le pape qui est en communion avec les évêques…"

Cet argument n’est pas nouveau mais est-il convaincant ?

Une fois encore, nous laissons la parole à Denis Crouan, militant de l’option grégorienne et classique du nouveau rite : [LIEN] "Sur la question liturgique, les évêques ont aussi rappelé que le pape célèbre lui-même tous les jours, en communion avec les évêques du monde entier, selon le rite de Paul VI. Décidément, nos évêques de France sont d'une mauvaise foi désarmante: ils osent prétendre qu'ils célèbrent la liturgie de Paul VI comme le pape, alors que chacun peut constater que les églises qui sont sous leur responsabilité sont devenues les plus grands terrains d'expériences liturgiques !"

Combien d'évêques, de France en particulier, célèbrent pour leur part comme le Saint-Père ? Crucifix central, chandeliers sur l'autel, encensement, ornements liturgiques dignes, temps de silence, chant grégorien, consécration selon le Canon romain (le seul qui rapproche les missels de Paul VI et de Jean XXIII), communion sur les lèvres et à genoux (quand Mgr Nourrichard et d’autres de ses confrères interdisent de telles pratiques pour soi-disant cause de grippe H1N1)... Voici quelques traits distinctifs des messes célébrées par Benoît XVI. Dans combien de cathédrales les observe-t-on chaque dimanche ?

Si le Saint-Père célèbre la forme ordinaire du rite romain d'une manière exemplaire, qui peut en dire autant ?

En France, une poignée d'évêques, pas plus. Et certainement pas ceux qui se plaignent des "revendications" des fidèles attachés à la forme extraordinaire !

4 - "Le motu proprio rappelant le rôle des évêques comme gardiens de la liturgie, c’est donc l’autorité épiscopale qui se trouve défiée."

Là, c'est vraiment la CERISE SUR LE GÂTEAU ! La désinformation est complète avec cette dernière phrase qui affirme une vérité "le motu proprio rappelant le rôle des évêques comme gardiens de la liturgie" pour aboutir à une conclusion en contradiction totale avec la réalité.

Car si les évêques sont bien les "gardiens de la liturgie", ils le sont de toute la liturgie, y compris de la forme extraordinaire. Ils devraient avant tout avoir à l'esprit, par souci d'unité de l'Église, d'obéissance au Pape, de charité et de bon sens, d'appliquer la volonté pontificale ! Ils devraient avoir à cœur de faciliter la mise en œuvre concrète et généreuse des dispositions contenues dans le motu proprio Summorum Pontificum.

Leur autorité épiscopale n'est en aucun cas "défiée" sauf à prétendre que c’est le pape qui serait l’auteur de cette défiance. Ce que demandent les fidèles à leurs évêques, c'est précisément d'user de leur autorité pour suivre les prescriptions romaines et le répercuter au niveau diocésain.

Malheureusement, dans bien des cas, l'autorité épiscopale ne s'exerce pas dans ce sens-ci mais fait bien souvent pression sur les curés pour les dissuader de célébrer la forme extraordinaire. Nous reviendrons prochainement sur des dossiers précis qui de Versailles à Paris, de Langres à Reims et de Metz à Angoulême illustrent la défiance que de nombreuses administrations diocésaines de France ont vis-à-vis d’une pastorale ouverte aux besoins spirituels de leurs troupeaux.

Notre Conclusion :

Aujourd'hui, 40 ans après la promulgation de la nouvelle messe, il existe une forte demande de réconciliation des fidèles et de leurs pasteurs au sein de l'unique et sainte Église catholique, apostolique et romaine.

Les temps sont mûrs pourrait-on dire. Mais à condition d'œuvrer tous ensemble à cette entreprise. Dans la clarté et la sincérité en permettant enfin aux baptisés de donner leur avis dans les domaines cruciaux de la liturgie et du catéchisme.

Un jour viendra, et il est proche, où nous nous retrouverons tous dans nos diocèses et nos paroisses dans les diversités légitimes, rassemblés autour de pasteurs qui auront à cœur de recoudre la Tunique du Christ. C’est l’ordre évangélique, et c’est en outre, aujourd’hui, le sens de l’histoire. Il est vain et destructeur, comme le fait La Croix, de creuser encore les vieux fossés. Faisons plutôt en sorte de cicatriser les funestes déchirures que tant de déviations ont générées.

[1]. Les rapports entre le groupe Bayard et le Cardinal Vingt-Trois sont assez complexes, alliance objective (comme dans l’article dont nous parlons ?), avec parfois des frottements (en février 2007, La Croix avait volontairement durci un communiqué de l’archevêque de Paris à propos du 30ème anniversaire de l’occupation de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, ce qui avait beaucoup déplu au cardinal).

23 janvier 2010

[DICI] Benoît XVI parle des entretiens théologiques entre la Congrégation de la foi et la Fraternité Saint-Pie X

SOURCE - DICI - 23 janvier 2010

Le 15 janvier, en recevant les membres de la Congrégation pour la doctrine de la foi réunis au Vatican en assemblée plénière, Benoît XVI a justifié ses récents gestes d’ouverture en direction de la Fraternité Saint-Pie X et de certains groupes de fidèles anglicans. Le pape a également réaffirmé les prises de position de l’Eglise en matière de bioéthique, indiquant qu´elle entendait former les consciences des croyants comme celles des incroyants.

Dans son allocution, Benoît XVI a souligné combien, par la promotion de la fidélité doctrinale, la Congrégation de la foi collabore au ministère d’unité de l’Eglise, confié en premier lieu au pape. Cette unité, qui est avant tout unité de foi, « est d’abord soutenue par le dépôt sacré dont le Successeur de Pierre est le premier défenseur (…). Il s’agit d’un service incontournable, dont dépend l’efficacité de l’action évangélisatrice de l’Eglise jusqu’à la fin des temps. L’Evêque de Rome… doit sans cesse proclamer que Jésus est le Seigneur. Sa Potestas docendi (pouvoir d’enseigner) implique l’obéissance à la foi pour que la vérité, qui est le Christ, continue de briller dans toute sa grandeur (…), et qu’il n’y ait qu’un seul troupeau groupé autour du Pasteur unique ». L’objectif du témoignage commun de la foi des chrétiens « est donc prioritaire pour l’Eglise de toujours. (…) Dans cet esprit je compte tout particulièrement sur ce dicastère pour surmonter les questions doctrinales qui freinent encore la pleine communion de la Fraternité Saint-Pie X avec l’Eglise ».

Puis le Pape a remercié la Congrégation de la foi pour son action en faveur « de l’intégration de groupes et de fidèles anglicans à la vie de l’Eglise catholique », telle que prévue par la constitution apostolique Anglicanorum Coetibus. [...]

Benoît XVI a ensuite évoqué l’instruction bioéthique Dignitas Personae de 2008, qui représente « une nouvelle étape de l’annonce évangélique », dans le sillage de Donum Vitae de 1987. « Sur des sujets délicats que sont la procréation et les nouvelles propositions thérapeutiques impliquant la manipulation de l’embryon et du patrimoine génétique (…) le magistère de l’Eglise entend contribuer à la formation des consciences, et pas seulement de la conscience des croyants, mais aussi de qui cherche la vérité et accepte d’écouter les arguments découlant de la foi comme de la raison. (…) La foi chrétienne offre une contribution de vérité également en matière philosophique et morale, sans fournir de solutions préfabriquées à des problèmes concrets. Elle propose des perspectives morales sûres dans lesquelles la raison peut puiser des solutions justes.

« Certains aspects de la révélation chrétienne, inscrits dans le cœur de l’homme, éclairent certaines questions bioéthiques… Ils sont compréhensibles par la raison également en tant qu’éléments de la loi morale naturelle, et peuvent être admis par qui ne se reconnaît pas dans la foi chrétienne. (…) La loi morale naturelle, inscrite dans la nature humaine et accessible à toute créature rationnelle, est une clef d’accès au dialogue entre tous ceux qui cherchent la vérité. (…) Elle regarde aussi l’un des nœuds essentiels de la réflexion sur le droit et interpelle la conscience et la responsabilité du législateur ». (DICI n°208 du 23/01/10 – Source : VIS)

[summorum-pontificum.fr] Bravo à Notre-Dame des Armées

SOURCE - summorum-pontificum.fr - 23 janvier 2010
J’ai déjà exprimé ici mon désaccord avec une vision que je pense un peu idyllique qui est celle des chapelains de Notre-Dame des Armées. Je voudrais saluer aujourd’hui l’effort pastoral qu’ils mènent en se rendant en « mission », accompagnés de laïcs dans la ville nouvelle de Saint-Quentin (78), peuplée notamment d’une forte population d’immigrés. En mission, parce qu’ils vont annoncer le Christ en faisant du porte-à-porte, en étant ce qu’ils sont et en subissant parfois un accueil pas très agréable. Selon mes informations, ils ont parfois de belles surprises quand une personne accepte la médaille miraculeuse qu’ils proposent ou témoigne de l’admiration en découvrant un prêtre en soutane. Ils trouvent aussi des détresses sans nom, des souvenirs d’enfance croyante qui remontent à la surface.

Ces « missions » ne se font pas au hasard. Le curé du lieu est d’accord et il est là pour assurer le service après-vente, si nécessaire. Une formation est assurée à Notre-Dame des Armées pour savoir comment se présenter, parler, écouter, répondre aux personnes visitées. La prochaine mission d’évangélisation de Notre-Dame des Armées aura lieu le 6 février prochain. Les renseignements sont sur le site de la chapelle. Mais encore une fois, bravo à l’abbé Guimon et aux chapelains de Notre-Dame des Armées pour cette initiative. À quand les autres chapelles traditionalistes ?

[Claire Thomas - Monde&Vie] Benoît XVI et la Paix de l’Eglise

SOURCE - Claire Thomas - Monde-et-Vie - 23 janvier 2010
Alors que les experts de la FSSPX ont été reçu pour la deuxième fois au Palais du saint Office, il importe de comprendre le sens de la démarche de Benoît XVI, pour ne pas tomber de la lune le jour où… « ce qui est (encore) caché apparaîtra… » Il ne s’agit pas seulement pour lui de quelques dissidents à ramener au Bercail mais d’une politique volontariste qui engage toute l’Eglise

On n’a pas assez remarqué, me semble-t-il, que ce magistral cours d’histoire de la liturgie qu’administre le pape à l’occasion du Motu proprio Summorum pontificum (7 juillet 2009) est une sorte d’application concrète au cas de la liturgie de ce que Benoît XVI a dit du concile Vatican II dans son discours du 22 décembre 2009. Nous restons à cette idée d’une nécessaire réconciliation de l’Eglise avec son passé. Plus question d’admettre un discours qui opposerait rite contre rite comme on a souvent, à l’époque de Vatican II, opposé le passé et le présent de l’Eglise. Cette attitude ne convient pas. Elle est officiellement condamnée. On ne peut pas dire que dans l’histoire de l’Eglise, une époque ait eu raison et une autre ait eu tort. De ce point de vue très général, qui est déjà celui du discours du 22 décembre 2009, le Motu proprio libéralisant la liturgie ancienne en en faisant officiellement « la forme extraordinaire du rite romain », s’adresse non seulement à la Fraternité Saint Pie X mais à toute l’Eglise.

De la même façon, le dialogue instauré avec les membres de la FSSPX sur diverses questions doctrinales intéresse tous les catholiques, qui doivent – c’est urgent – se réconcilier avec eux-mêmes. On peut lire de cette manière la levée de l’excommunication des quatre évêques, intervenue le 21 janvier 2009. Il s’agit d’une mesure symbolique destinée à penser les plaies de l’Eglise. Nous avons vu ce que déclarent officiellement les autorités de la FSSPX. Leur raideur n’a pas échappé au pape. Mais, comme il l’a expliqué dans sa lettre du 12 mars 2009, derrière les autorités, ils vise chaque prêtre, il vise les fidèles, « une communauté dans laquelle se trouve 491 prêtres, 215 séminaristes, 6 séminaires, 88 écoles, 2 Instituts universitaires, 117 frères, 164 sœurs et des milliers de fidèles peut-il nous laisser indifférents ». Le pape sait bien que comme dans tout iceberg, la partie immergé est beaucoup plus importante encore que la partie visible et mesurable. Derrière la discussion avec les quatre ecclésiastiques qu’il a fait venir dans le magnifique « Palazzo » du Saint Office, où il a lui-même régné tant d’années, il tente de guérir les stigmates de la crise qui a secoué l’Eglise en opposant les catholiques entre eux. « J’espère contribuer ainsi à la paix de l’Eglise » a-t-il écrit dans sa Lettre du 12 mars 2009.

Historiquement – Benoît XVI ne peut l’ignorer - « la paix de l’Eglise » est ce moment où un pape, Clément IX, est parvenu à contenir l’hostilité des jésuites pour les jansénistes et des jansénistes pour les jésuites. Elle a duré 10 ans de 1669 à 1680 environ. Elle ne repose sur aucun compromis doctrinal mais seulement sur une reconnaissance de la bonne foi des deux adversaires, déclarant les uns et les autres adhérer aux condamnations de l’Eglise et aux actes de son Magistère. Il me semble que c’est la ligne de Benoît XVI, une ligne « clémentine », qui correspond à la mystérieuse devise qui lui est attribuée dans les Prophéties de Saint Malachie : « De gloria olivae ». La gloire de l’olivier. Au temps très lointain du Déluge, c’est une colombe portant en son bec un rameau d’olivier qui annonça à Noë la baisse des eaux et le retour à la normal. De même aujourd’hui, la gloire de l’olivier est de tracer un chemin de paix et de force que puissent emprunter tous les catholiques fidèles au Magistère de l’Eglise.

Claire Thomas

22 janvier 2010

[Bruno Dubreucq - Patati-Patata] Ils sont trognons les tradis

SOURCE - Bruno Dubreucq - Patati-Patata - 22 janvier 2010
Ils opposent les évêques de France et Le pape Benoît XVI, comme s’ils étaient de mauvais élèves, de mauvais préfets romains et lorsque ceux-ci rencontrent le pape c’est pour se faire remonter les bretelles, parce qu’ils ne seraient pas assez gentils avec les bons chrétiens respectueux du sacré que soutient le pape. Heureusement l’évêque de Rome veille au grain, il va bientôt remettre de l’ordre dans les rangs ? Vous allez voir ce que vous allez voir, qui qu’il va nommer sur le siège de Bruxelles-Malines, ce ne peut être que l’évêque de Namur le bien-aimé André-Mutien Léonard et voilà que le bien nommé fait dés son arrivée une intervention on ne peu plus conciliaire : Déception, on le croyait lefevriste et le voilà lustigérien, arrêt de la pétition de soutien !

Revenons à Rome où tous les espoirs sont permis, vous allez voir ce que vous allez voir, nous allons revenir sur les erreurs du concile. Et voilà que notre bon pape nous dit que le chemin de l’œcuménisme est irrévocable que l’on ne peut revenir en arrière, qu’il nous faut poursuivre le chemin de rencontre avec nos frères séparés jusqu’au jour de l’unité ; plus fort encore Benoît XVI parle du dialogue interreligieux, il visite la synagogue de Rome… c’en est trop !

Et voilà que nous découvrons, ce que nous savions depuis le début, qu’il ne s’agit en rien d’une question de rite liturgique et de messe en latin, notre différent remonte au minimum à la révolution française, à l’acceptation de regarder le monde comme autonome, mais aussi comme le lieu de la révélation… c’est la manière de recevoir l’Evangile qui nous sépare…

Evidemment il y a ceux qui savent depuis toujours que 2 et 2 font 4, ils sont depuis toujours dans la vérité et ils y resteront et puis il y a les autres qui depuis le concile, depuis Jean XXIII et Jean-Paul II se sont mis à inventer que 2 et 2 font 5, ils sont dans l’erreur, on ne peut que souhaiter qu’un jour ils reviennent dans la vérité.

Finalement ce qui sépare les tradis des fidèles conciliaires ce n’est pas le latin mais ce sont les mathématiques.

[Paris-Normandie] Thiberville. La position d'élus du canton après la révocation de l'abbé Michel fait réagir la Libre pensée

SOURCE -  Paris-Normandie - 22 janvier 2010

«Ce n'est pas leur rôle»

Thiberville. La position d'élus du canton après la révocation de l'abbé Michel fait réagir la Libre pensée.

«Le maire dans sa mairie, le curé dans son église et les vaches seront bien gardées..» A la suite de ce que tous désormais nomme «l'affaire du curé de Thiberville», les membres de la Libre pensée montent à leur tour au créneau. Ce collectif de défenseurs des principes de la laïcité juge inappropriée la position de certains élus du canton dans cette affaire, dont ils dénoncent «l'attitude partisane».

«Nous respectons autant les croyants que les non croyants. Nous sommes pour la défense de la laïcité. Or la révocation de l'abbé Michel ne regarde que l'Eglise et ses fidèles. Il est normal que ces derniers s'organisent pour défendre ce qu'ils veulent, mais cela ne regarde pas les élus», explique Jean Jayer, le secrétaire de la fédération de l'Eure Libre pensée.

«C'est l'affaire de l'évêché»

L'association met en cause principalement Guy Paris, maire et conseiller général de Thiberville «qui n'est pas dans son rôle en faisant des déclarations solennelles pour défendre la présence de l'abbé Michel ». Même dérive selon eux de la part des élus du canton qui regrettaient de ne pas avoir été informés par l'évêché de la dissolution du groupement interparoissial. «Mais c'est l'affaire de l'évêché! Leur position devient même ostentatoire puisque certains apparemment assistaient à la messe du 3 janvier», estime Jean Jayer, brandissant l'article 2 de la loi 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat qui : «La république ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte.»

Entre les mains des juristes de l'association

Hors la loi les élus qui soutiennent leur curé? En tout cas, la Libre pensée n'exclut pas « de recourir au tribunal administratif, comme à chaque fois que nous nous constatons de tels manquements graves », appuie Michel Joly, le président de la fédération de l'Eure, qui confirme que l'affaire est désormais entre les mains des juristes de l'association.

21 janvier 2010

[Jean Mercier - La Vie] Williamson l’homme invisible

SOURCE - Jean Mercier - La Vie - 21 janvier 2010
On le dit très malade et hors jeu dans le cadre des négociations entre Rome et Écône. Bernard Fellay, son supérieur, confine Richard Williamson en Angleterre, sa patrie, qu’il ne quittera pas pour assister en Allemagne à son procès pour négationnisme, où il sera représenté par son avocat. Sa capacité de nuire a été réduite par ses supérieurs, qui ont fermé son blog pour le remplacer par une newsletter contrôlée par un tiers, mais pas annihilée. Dans sa dernière livraison, Richard Williamson explique que, si un homme sans épouse est un zéro, une femme sans époux est « moins qu’un zéro ». À cette rhétorique misogyne, il ajoute l’antijudaïsme, en évoquant la « Jérusalem déicide », allusion claire aux juifs, qui, selon lui, ont tué Jésus. L’antisémite persiste et signe.

[Jean Mercier - La Vie] Entre Rome et Écône, un tango périlleux

SOURCE - Jean Mercier - La Vie - 21 janvier 2010

Malgré l’engagement de discussions à huis clos, la réconciliation entre les lefebvristes et l’Église est tout sauf acquise.

Moins de deux mois après la levée des excommunications frappant les quatre évêques ordonnés par Mgr Lefebvre en 1988, Benoît XVI dut publier une lettre pour s’expliquer et, surtout, dessiner l’avenir : « Les problèmes qui doivent être traités à présent sont de nature essentiellement doctrinale et regardent surtout l’acceptation du concile Vatican II et du magistère post-conciliaire des papes. On ne peut geler l’autorité magistérielle de l’Église à l’année 1962 – ceci doit être bien clair pour la Fraternité (Saint-Pie-X). »

Sur ce principe, les discussions doctrinales ont débuté, officiellement dans la courtoisie, le 26 octobre dernier, par trois heures de huis clos réunissant des représentants des deux parties. Au menu : le concept de tradition, le ­missel de Paul VI, l’interprétation de Vatican II, l’œcuménisme, l’interreligieux et la liberté religieuse. Du côté romain, le secrétaire de la commission Ecclesia Dei, Guido Pozzo, est assisté du dominicain suisse Charles Morerod, du jésuite allemand Karl Becker, et du vicaire général de l’Opus Dei, Fernando Ocáriz Braña. Tous réputés bons théologiens, ils sont connus pour leur approche critique de certains développements issus de Vatican II. Du côté lefebvriste, la délégation est composée de l’un des quatre évêques ordonnés en 1988, Alfonso de Galarreta, et de trois abbés : Benoît de Jorna, supérieur du séminaire d’Écône, Jean-Michel Gleize et Patrick de la Rocque. « Quatre éléments très durs », commente un observateur. Le fait que les entretiens soient filmés dans leur intégralité témoigne de la défiance importante du côté lefebvriste.

Sur le fond, le blocage reste réel. Bernard Fellay, supérieur de la Fraternité Saint-Pie-X, récuse le critère imposé par Rome en février 2009, qui est « l’acceptation du Concile et de tous les papes », car, selon ce qu’il a déclaré le 10 janvier, Vatican II « dit tout et son contraire ». Il ne suit donc pas l’interprétation qu’a faite Benoît XVI du Concile, celle de la réforme dans la continuité. « Rome a été surpris de constater à quel point ses interlocuteurs sont obtus, irrédentistes », explique un bon connaisseur du circuit. Par ailleurs, un autre prélat sur place constate que l’opacité est totale : « L’affaire est gérée au sommet par quelques hommes, et beaucoup d’entre nous sont dans une attitude fataliste. Officiellement, tout le monde dit que le pape a raison de tendre la main aux intégristes. Officieusement, nous pensons qu’il se trompe, qu’il s’embarque sur une route dangereuse alors que le reste de l’Église regarde massivement dans la direction opposée. »

Ce flottement est aussi, en quelque sorte, ce dont témoigne Bernard Fellay.
Lors d’un colloque organisé à Paris en janvier sur Vatican II, le patron de la Fraternité Saint-Pie-X a tiré son bilan de la situation. « Nous avons un manque d’unité devant nous. Tout le monde n’a pas la même perception de nous. Certains sont tout heureux, d’autres veulent nous étrangler, nous couper la tête. » Bernard Fellay déplore « l’unité de pensée » qui a existé « jusqu’à Pie XII », semblant oublier que, depuis 2 000 ans, les chrétiens ont été traversés par des options théologiques différentes. Sur le fond, le chef de file des lefebvristes récuse l’idée de négociations. « Il n’y a rien à négocier. Il s’agit d’une occasion de la divine providence pour pouvoir présenter aux plus hautes autorités de l’Église ce que l’Église a toujours dit et que, grâce à Dieu, nous avons gardé. C’est une grande grâce ! » Bernard Fellay continue sur une lancée sectaire, à savoir que la Fraternité est l’ultime reste du troupeau où l’on témoigne de la vraie foi.

D’un point de vue tactique, la ligne lefebvriste apparaît désormais affaiblie. D’abord parce qu’ils ont eu de Rome tout ce qu’ils ont demandé : la libéralisation de la messe traditionnelle avec le Motu proprio, la levée des excommunications, les discussions doctrinales. Devant tant de bonne volonté, il est plus difficile de jouer les martyrs que dans les années 1975. Et, surtout, les lefebvristes ont perdu leur argument massue, celui de la « messe » de toujours, jadis cause de leur popularité, mais qui se trouve totalement réhabilitée depuis 2007. Ils doivent donc se rabattre, comme ils l’ont fait lors du colloque à Paris sur Vatican II, sur des débats moins porteurs à partir de mots piochés dans les textes de Vatican II ou de Benoît XVI, afin de démontrer la « fausseté » du Concile. Le pape semble donc avoir réussi un coup tactique. Mais à quel prix ? Il a suscité déstabilisation et polarisation dans son Église.

Quel est l’avenir ? De son côté, Benoît XVI a tendu quelques perches symboliques à ses interlocuteurs. En juin, en mettant au centre de l’année sacerdotale la figure de Jean-Marie Vianney, le curé d’Ars. Et en décembre, en déclarant vénérable le dernier pape qui a toutes les faveurs des lefebvristes, Pie XII. Sans doute parce que, s’il avait béatifié seulement Jean Paul II, honni pour la rencontre interreligieuse d’Assise et la repentance de l’an 2000, la Fraternité Saint-Pie-X aurait pu être tentée de quitter la table des négociations. Selon un connaisseur, « Bernard Fellay veut éviter un éclatement avec ses radicaux, qui n’attendent qu’une occasion pour se retirer des pourparlers ». Et le pape, croit-il à la réconciliation ?« Je lui ai posé la question peu de temps après la levée des excommunications », raconte un cardinal, ami intime de Benoît XVI. « Il m’a dit qu’il a voulu tenter une dernière chance pour résoudre le schisme, mais qu’il ne se faisait guère d’illusion. »