2 août 2009

[Paix Liturgique] Apartheid liturgique dans le diocèse de Langres : Le cas de Saint-Dizier

SOURCE - 2 août 2009 - Lettre n°189 de paix Liturgique
Apartheid liturgique dans le diocèse de Langres : Le cas de Saint-Dizier

Lettre 189 - 2 août 2009

Nous publions aujourd’hui le témoignage d’un fidèle de Saint-Dizier (Haute-Marne) ayant initié une demande d’application du Motu Proprio de Benoît XVI dans le diocèse de Langres. Nous publions ce témoignage tel quel.


Aujourd’hui, nous sommes le 21 juillet 2009. Le Pape faisait paraître le 7 juillet 2007 Summorum Pontificum libéralisant la messe de forme extraordinaire pour toutes les paroisses du monde. Saisissant l’occasion, et parce que cette forme liturgique pour sa sacralité nous plaisait davantage, nous commencions à nous ouvrir de nos aspirations auprès de nos frères et sœurs de l’église catholique qui est en Haute-Marne. Jusqu’à présent, nous n’avons essuyé que rebuffades, mépris et haine pour ce que nous sommes.

Mais avant toute chose, désireux de faire connaître à nos frères le triste destin qu’est le nôtre, nous avons choisi de révéler au grand jour l’ensemble des démarches qui ont été les nôtres, de manière à montrer à quel point l’honnêteté et la bonne foi peuvent être bafouées en toute impunité dans notre beau diocèse de Langres.

7 juillet 2007 : Le Saint Père fait publier le Motu Proprio Summorum Pontificum. Celui-ci doit entrer en vigueur le 14 septembre 2007, jour de l’exaltation de la Ste Croix. Profitant de l’opportunité, désireux de manifester notre désir d’unité avec Benoît XVI et l’ensemble de l’Eglise catholique, également heureux de voir que le Pape manifeste son amour de pasteur envers ses brebis attachées à la sacralité de la forme extraordinaire, nous estimons que le temps est désormais mûr pour faire une demande officielle. Nous souhaitons et voulons bénéficier de notre droit à avoir les sacrements dans la forme extraordinaire, en latin, grégorien et tournés ensemble vers le Seigneur.

Nous décidons de monter un groupe. Advienne ce que pourra, notre noyau originel est de 7 personnes. Grâce à Dieu, il avoisine à ce jour du 21 juillet le nombre de 40 personnes inscrites sur les listes et d’une cinquantaine de sympathisants. Nous avançons désormais en eau profonde. Par le passé, de semblables demandes avaient été effectuées, mais ce n’était jamais le bon moment pour nos pasteurs. Maintenant, le Pape le dit, le temps est venu d’effectuer la nécessaire réconciliation des esprits dans l’Eglise catholique. Les blessures encore ouvertes doivent se refermer pour préserver la tunique du Christ. Oui, il est temps de demander inlassablement et d’ouvrir la paix qui nous vient du Christ. Même si autrefois, les demandes avaient été accueillies avec mépris et indifférence, désormais, parce que les temps changent, parce que des signes nombreux nous sont donnés, le Pape nous appelle à la paix, la charité dans la vérité et à la liberté des enfants de Dieu.

Tout commence donc en cet été 2007. Toutes les démarches que le Saint Père nous demande comme seuls et uniques préalables sont effectuées. En premier lieu, il s’agit de consulter les prêtres du doyenné de St Dizier. Ceux-ci sont consultés. Ils refusent, arguant avec raison de leur inexpérience ou de leur grand âge. Le curé est à son tour consulté. Si nous nous souvenons bien, le Motu Proprio demande au curé de permettre aux fidèles d’avoir les sacrements dans la Forme Extraordinaire du Rite Romain. Celui-ci refuse, arguant de son incapacité à la célébrer. Il nous dirige alors sur notre évêque, Monseigneur Philippe Gueneley.

Le 16 septembre 2007, soit deux jours après la promulgation du Motu Proprio, nous envoyons notre demande officielle par écrit à notre évêque. Nous nous attendons à une réponse rapide. Nous attendrons longtemps, puisque celle-ci ne viendra pas. Étonnés, nous décidons de poursuivre le dialogue avec les pasteurs de notre paroisse. Dans la paix, l’amour, la tolérance et la charité réciproque, nous dialoguons paisiblement, effectuons ce travail de réconciliation demandé par notre Saint Père. Nous assistons aux messes de forme ordinaire même si cela ne correspond pas à notre sensibilité, mais nous ne voyons toujours rien venir.

Nous apprenons alors indirectement que pour Monseigneur Gueneley, nous n’existons pas.
Profondément émus et indignés de ce que nous percevons comme du mépris, nous décidons d’en appeler à Rome, comme le précise le Motu Proprio. Rome est mise au courant de la situation. Par souci de transparence, notre lettre est envoyée en copie à Monseigneur Gueneley. Celui-ci, contrairement à Rome qui répond rapidement, ne nous renvoie que le silence.

Peinés et gênés de cette attitude de silence, nous décidons à l’occasion d’une messe où nous rencontrons notre évêque de prendre rendez vous avec celui-ci. Nous le verrons en janvier 2008. Nous espérons beaucoup de cette rencontre. Peut-être sera-t-il mieux disposé ?

Début janvier. Nous venons de rencontrer notre évêque. Pendant plus de trois heures, nous avons discuté. Ces palabres n’ont abouti à rien. A toutes les sorties de crise, à toutes les offres de réconciliation et de paix que nous faisions, nous n’avons rencontré que fermeture à l’autre et mépris de nos personnes. Apparemment, dans le diocèse de Langres, notre évêque et les prêtres ne veulent pas refermer l’abcès ouvert depuis tant d’années. Plus grave, ils ne veulent pas de notre paix et refusent de nous donner la nourriture spirituelle dont nous avons besoin.

A la haine, nous décidons de répondre par l’amour. A la fermeture, nous offrons l’ouverture. Au silence, nous répondons par notre prière pour la paix et la réconciliation dans le diocèse.

Nous décidons de ne pas en rester là. Le Christ nous invite à avancer en eau profonde, obéissons-lui, même si nous ne comprenons pas cette fermeture de la part de nos pasteurs qui ont juré obéissance au Christ et à l’Eglise catholique.

Sur le terrain, nous poursuivons nos efforts de discussion. La paix se fera, car le Pape la demande au nom du Christ.

Pendant l’été 2008, nous nous mettons en contact avec un groupe qui rassemble des fidèles catholiques sur le sud de la Haute-Marne et le Nord de la Côte d’Or. Sur Chaumont, la ville du centre du département, nous sommes heureux d’apprendre que des fidèles désirent également bénéficier des sacrements selon la forme extraordinaire du rite romain. Ainsi, il faut le savoir, nous ne sommes pas seuls en Haute-Marne, notre groupe n’est pas isolé. Nous ne perdons pas espoir. Nous existons.

Au mois de septembre 2008, nous décidons de recommencer les démarches. Par souci de paix, nous décidons d’aller à nouveau visiter notre curé, le Père M… A nouveau, nous sommes renvoyés à notre évêque. Entre temps, notre évêque est tombé malade. Nous prions donc pour sa guérison. Pour ne pas trop le fatiguer par une longue conversation, nous décidons de reporter le moment où nous lui téléphonerons.

Octobre 2008. Monseigneur vient d’être contacté. Résultat de plus d’une heure de conversation, refus catégorique, paroles méprisantes à l’égard des membres du groupe. Nous n’existons toujours pas. Nous ne comprenons pas. Pourquoi Monseigneur refuse-t-il d’accepter la paix et la réconciliation ? Nous poursuivons notre démarche. Nous sommes patients.

Le 12 novembre 2008, nous envoyons une lettre rappelant que nous désirons bénéficier de la messe selon la forme extraordinaire sur St Dizier. Dans cette lettre, nous renouvelons notre offre de paix. Nous lui proposons d’oublier et de pardonner le mal qui nous a été fait. Nous obtenons enfin une réponse.

Le 25 novembre 2008, Monseigneur nous écrit pour la première fois. Sa réponse est non. Pour lui, notre groupe n’a pas d’existence car il s’est créé après la promulgation du Motu Proprio. Il poursuit. Même si notre groupe était antérieur, il ne pourrait de toute façon pas nous donner satisfaction car il ne dispose pas de prêtres. Puis, même si nous lui proposions un prêtre d’un institut Ecclesia Dei, il refuserait car ces prêtres viennent de l’extérieur du diocèse. Ainsi, Monseigneur ne souhaite pas refermer l’abcès qui défigure son diocèse depuis tant d’années. Il refuse la paix. Pire, dans sa lettre, il refuse de comprendre notre démarche spirituelle. Nous sommes profondément choqués et scandalisés. Monseigneur refuse la diversité des rites et le métissage liturgique dans notre diocèse.

Janvier 2009 : Des membres du groupe envoient leurs vœux à Monseigneur. Ils le bénissent et lui souhaitent la vision béatifique à la fin de sa vie.

Printemps 2009 : Nous réfléchissons et prions. Notre colère ne doit pas nous amener à des actions qui causeraient encore plus de scandale. Quelques membres du groupe décident d’adhérer à un mouvement pacifique de laïcs, Motu Proprio France, qui effectuent un sondage sur l’ensemble de la France sur la volonté des fidèles de bénéficier de la forme extraordinaire dans leur paroisse.

18 et 19 juillet 2009 : Nous lançons une enquête à St Dizier. 6 personnes du groupe sont mobilisées. 5 églises sont tractées. 250 tracts sont distribués.

Le 20 juillet : Nous avons les premiers échos négatifs. Venant après la fin de la messe du lundi saluer les prêtres célébrants, deux membres du groupe se font agresser verbalement. Désireux de poursuivre le dialogue nous restons et écoutons. On nous reproche de ne pas avoir demandé l’autorisation de tracter dans les églises. Nous la demandons pour le 15 août, jour de la Sainte Vierge, Mère de l’Eglise. On nous la refuse. Voici la situation. D’un côté, on refuse de nous donner satisfaction malgré tous les gestes d’ouverture que nous faisons, et lorsque nous manifestons notre bonne volonté, on nous rejette.

Nous avons 6000 tracts à distribuer en Haute-Marne, avis aux amateurs ! Pour toute demande de renseignements, contactez-nous au 06 74 25 11 55 ou par mél à louisviii@hotmail.fr


Les Commentaires de Paix Liturgique

1/ Nous recevons de plus en plus de témoignages de demandeurs d’application du Motu Proprio qui après une année ou deux de dialogue – ou de tentative de dialogue – avec leurs curés et évêques se retrouvent jetés à la rue. Les témoignages s’accumulent et se ressemblent : demande respectueuse, silence radio de l’évêché ou bavardages inutiles… puis réponse définitive : Non, non et non. Les motifs varient plus ou moins selon les diocèses mais la réponse est invariable : « Rome c’est Rome, je suis le chef dans mon diocèse, pas de Motu Proprio chez moi »…

2/ Le cas de Saint-Dizier est un magnifique exemple de demande ancrée sur le terrain, patiente et respectueuse. Des familles s’arment de patience, mettent toutes les formes et plus encore à leurs demandes, tâchent de ménager les susceptibilités et demandent respectueusement ce que le Pape propose.
A priori, voilà qui devrait suffire – à lire le Motu Proprio et tous ses commentaires autorisés depuis sa promulgation – à tenter l’expérience de la paix dans le diocèse de Langres.
Pourtant, par décision de l’évêque, Monseigneur Philippe Gueneley, tel n’est pas le cas et l’apartheid liturgique continue d’être le modèle pastoral du diocèse.

3/ Il est patent de remarquer une énième fois que dans le diocèse de Langres, « on » prétend qu’il n’y a pas de demande. Une demande regroupe plusieurs dizaines de personnes, sans compter les « demandeurs silencieux » encore plus nombreux qui n’ont jamais formalisé leur souhait mais qui se joindraient à l’expérience si elle était mise en place ? Peu importe ! Monseigneur Philippe Gueneley a décidé qu’il n’y avait pas de demande. Abject négationnisme et refus incompréhensible de la réalité au nom d’une idéologie dépassée…

4/ La mauvaise volonté de Monseigneur Philippe Gueneley est symptomatique de la politique d’opposition systématique au Pape de bon nombre d’évêques.
Certes, Monseigneur Philippe Gueneley, à bientôt 71 ans, ne peut peut-être pas comprendre les aspirations de la génération Jean-Paul II / Benoît XVI. Toutefois, pourquoi ne pas tenter l’expérience ? Pourquoi refuser systématiquement ce que le Pape propose ?
Puisque selon Monseigneur Philippe Gueneley il n’y a pas de demande dans son diocèse, pourquoi ne pas le prouver en instaurant ad experimentum une telle célébration dans son diocèse ? Si son jugement est bon et qu’il n’y a effectivement pas de demande dans le diocèse de Langres, alors l’expérience mourra d’elle-même et il n’y aura pas lieu de porter crédit au groupe de l’auteur de la lettre ci-dessus. A moins que Monseigneur Philippe Gueneley sache au fond de lui qu’il ne dit pas la vérité ?

5/ Le refus de l’évêque de faire appel à des prêtres issus de communautés Ecclesia Dei est révélateur de l’idéologie qui règne dans le diocèse et de la profonde méconnaissance de la réalité de terrain. En effet, les ordinations pour la forme extraordinaire représentent cette année plus de 14% des ordinations de prêtres séculiers en France, avec pratiquement 20% des séminaristes (voir lettre de Paix Liturgique n° 183). Cette proportion ne cesse de croître et il est temps d’incorporer ce clergé aux presbyterium locaux et de cesser de nier son existence, sa vitalité et sa fécondité pour l’Eglise.

6/ Prions pour que la nouvelle commission Ecclesia Dei prenne conscience de la véritable situation des fidèles français attachés à la forme extraordinaire… et que cette question soit loyalement évoquée lors de la prochaine visite de nos pasteurs qui viendront l'hiver prochain à Rome en visite ad limina .