13 février 2006

[Isabelle de Gaulmyn - La Croix] Le pape consulte au sujet des intégristes

La Croix - Isabelle de Gaulmyn, à Rome - 12 février 2006

Benoît XVI doit convoquer lundi 13 février au matin les responsables des dicastères romains pour les consulter sur le dossier sensible des intégristes

Une première pour Benoît XVI. Lundi 13 février, le pape doit réunir les chefs des dicastères formant la curie, pour une sorte de « conseil des ministres » chargé de débattre de certains dossiers, notamment celui des intégristes et leur retour éventuel au sein du giron romain.

Jean-Paul II, au début de son pontificat, réunissait ainsi les responsables des congrégations et conseils, comme le prévoit la constitution Regimini Ecclesiæ universæ tous les deux ou trois mois. L’habitude s’étant ensuite perdue, la convocation de ce jour pourrait manifester la volonté de Benoît XVI de rétablir un espace de coordination entre les différents services de la curie.

Sur le dossier extrêmement sensible des intégristes, notamment la levée de l’excommunication des quatre évêques ordonnés illicitement en 1988 par Mgr Lefebvre, on sent de part et d’autre une volonté d’avancer. Dans le communiqué de presse publié fin août après l’entrevue du pape avec Mgr Bernard Fellay, supérieur général de la Fraternité Saint-Pie-X, le Saint-Siège exprimait la volonté de procéder « par étapes » et « dans un délai suffisamment raisonnable ». Depuis, Mgr Fellay a rencontré le 15 décembre le cardinal Dario Castrillon Hoyos, président de la commission Ecclesia Dei en charge du dossier intégriste (lire La Croix du 16 janvier).
Rien d’irrémédiable contre la levée de l'excommunication
La Fraternité lefebvriste pose trois conditions pour son retour dans l’Église catholique. D’abord, une possibilité plus large pour célébrer la messe selon le rite tridentin, dit de saint Pie V. Le Synode sur l’Eucharistie, en octobre dernier, a amplement montré qu’il n’était pas question d’accepter une réhabilitation solennelle de la messe dans ce rite. Il est vrai, observe-t-on à Rome, que la possibilité actuelle de célébrer selon ce rite (reconnue par le motu proprio Ecclesia Dei adflicta) n’est pas toujours reconnue par les évêques et que « les conditions mises en avant pourraient être assouplies ».

Seconde exigence des intégristes : la critique de certains aspects du Concile. Le 13 janvier, Mgr Fellay s’est déclaré satisfait du discours sur Vatican II prononcé le 22 décembre devant la curie par Benoît XVI. Notamment lorsque le pape a déclaré que la liberté religieuse, reconnue par le Concile, n’était en rien « une canonisation du relativisme » mais une nécessité relevant de « la convivialité humaine » et une « conséquence intrinsèque de la Vérité », qui ne peut être imposée de l’extérieur.

Quant à une levée de l’excommunication, elle dépend de l’attitude de la Fraternité Saint-Pie-X. Comme l’excommunication explicitement formulée en 1988 s’est limitée aux quatre évêques, sans déclaration de la Congrégation pour la doctrine de la foi, certains sont aujourd’hui conduits à énoncer qu’il n’y a pas eu schisme, mais plutôt – comme l’a affirmé le cardinal Hoyos – une « attitude schismatique ».

Rien d’irrémédiable ne s’opposerait donc à la levée de cette peine, même s’il est peu probable qu’une telle décision soit prise lundi matin. On observe à Rome que les intégristes « ont surtout besoin de se rapprivoiser avec la vie de l’Église universelle ».

Isabelle de GAULMYN, à Rome

La CROIX